Science de l'esprit

Je crois que l'entraînement de l'esprit est une véritable science. Pas au sens intellectuel (explication des 12 facteurs interdépendants etc), mais au sens physique. Cet aspect a été totalement éliminé de tous les enseignements actuels, pour cette bonne raison que plus personne n'a les organes, c'est-à-dire les canaux. Donc maintenant on reste dans le vague :"demeurer dans l'état naturel" "se concentrer sur sa respiration", ce qui ne veut absolument rien dire en réalité. Par quel processus la concentration sur un conscience sensorielle produirait-il une quelconque réalisation ? Quant à l'état naturel on se garde bien d'expliquer ce qu'il faudrait à son sujet, ce qui permet à tout le monde de croire qu'il y est.

Mais si on regarde les textes hindous par exemple, certains expliquent que les yogis stockent le prana dans des endroits particuliers pour ensuite en faire des usages particuliers. Premananda expliquait aussi qu'il avait des pranayamas spécifiques. Si on regarde bien, on voit régulièrement des mentions de choses très complexes et extraordinaires, sauf qu'on ne voit jamais la queue de l'ombre d'un explication. Jusqu'à Saint Bonnet qui explique qu'il n'y a jamais eu de miracles, seulement la maîtrise de procédés dont l'homme ordinaire n'a pas la moindre idée.

Bon, je ne prétends pas que l'explication de ces procédés devrait figurer quelque part, mais il devrait quand même y avoir quelques grandes lignes. Quel danger cela présenterait-il ? Au pire l'imbécile ne comprendra rien et fera n'importe quoi, ce qu'il a toujours fait.

Maintenant je ne suis pas en train de dire que demaine je ferai des miracles, mais que l'entraînement de l'esprit est aussi complexe que la chimie organique, par exemple, avec toutes sortes de résultats très variés. Mais que pour commencer, il faudrait déjà avoir quelques éprouvettes, et quelques produits de base. Et quelques idées de ce qui serait possible.

Je vois maintenant très clairement que si je me concentre sur l'essence de telle ou telle situation, cela allume un réseau de canaux très précis. Il y en a un grand nombre, et il me semble que tant qu'on n'est pas en train de nettoyer l'un ou l'autre, on est dans le rien, dans le vague, et que ça ne sert à rien. Il se peut d'ailleurs que la stabilisation de l'état naturel marche comme ça. Un réseau associé à chaque opération de la vie quotidienne. Ils sont difficiles à trouver parce que ces situations ne sont pas très chargées, par nature. D'où l'intérêt du yidam qui charge les situations énergétiquement et permet de nettoyer toutes sortes de canaux. Une fois que la perception est devenue plus subtile, on a une chance de voir ce que se passe dans les zones floues. Bref, les gars espèrent nettoyer leur karma et fabriquer le corps d'arc-en-ciel sans rien identifier de précis. Ensuite on en voit débarquer sur les forums :"Je ne comprends pas, j'ai eu les 4 visions de thögal et rien n'a changé dans ma vie". Ah là là...

Comments

[Alix-007]

C'est bien dit je suis presque d'accord. Car la représentation d'une chose n'étant effectivement pas la chose de toute façon, rien n'est et ne peut être véritablement "rabaissé", puisque chaque domaine à sa légitimité et ses lois, ses propres moyens et forces d'expression. Il y a donc simplement différents canaux d'expression ou d'impossibilité d'expression de certaines significations et réalités.



Le poétovore va se nourrir de poésie ce qui va le combler jusqu'à un certain point parce qu'on ne peut pas demander à un unijambiste de courir un marathon. Toute "poésie" porte sa dose de poison et ne "nourrit" pas totalement son homme car il s'agit bien d'une magie et d'un ensorcellement plus à mon sens qu'un "mensonge" caractérisé (je ne crois pas que ces "poètes" soient des dupes), mais elle a le mérite de faire prendre conscience précisément de cette "faim" d'infini insatiable.



Après bien, sûr chacun se tourne vers ce qu'il peut et ce qu'il trouve pour se remplir véritablement, ou pas, car il est vrai que la poésie ne remplacera jamais le yoga.

[Lars Mank]

Ah, merci Alix-007. Je ne connaissais pas Armel Guerne mais je l'aime déjà. Il y a toutefois quelque chose qui, bien souvent, m'ennuie avec les romantiques, les artistes, disons les poètes. Cette chose, c'est le mensonge. Je les soupçonne de mentir quant à la réalité de ce qu'ils vivent de manière à la "réhausser" à la hauteur de ce qu'ils aimeraient qu'elle soit, par le média de leur art. En fait un artiste véritablement inspiré, à l'instar de Fra Angelico, ne peut que rabaisser la réalité de ce qu'il vit car la représentation d'une pipe n'est pas une pipe (cf. Magritte). Dans un cas, l'inspiration s'envient de la mer (c'est à dire du commun, c'est à dire à l'altitude 0) pour s'élever vers les cimes; dans l'autre cas l'inspiration vient de l'au-delà des cimes pour se jeter dans une source qui parfois n'atteint jamais la mer.

[Alix-007]

C'est ça que j'aime bien dans l'esprit "romantique" (hors de la "pratique" et l'idée de résultat) dans ce qu'il a de meilleur :

« C’est que pour eux, le Romantisme était vraiment une façon d’être. Un combat pour la plénitude. Une bataille désespérée contre l’abdication capitale, contre ce vide désespérant qui laisse l’homme comme une viande douée de réflexes dès qu’il oublie son âme, dès qu’il quitte ses rêves, dès qu’il cesse de reconnaître et de nourrir – pour ne plus faire qu’alimenter l’autre – Cette moitié divine dont il est composé et qui respire au milieu des étoiles. Car on ne devrait jamais l’oublier, la vie n’est pas un état mais un risque, et qui s’ouvre toujours plus. Grandiose. Une conquête qui n’en finit pas. Un « voyage » – au sens où Schubert l’a certainement vécu –mais un voyage incertain et dur, à la mesure de ceux, et de ceux-là seuls, qui sont capables de marcher. Il vaut donc mieux, croyez-moi, ne pas trop se fier aux ruminants intellectuels qui vivent à la ferme, engrangeant le foin et la paille de leur savoir récoltés. Les hommes de cabinet, laissez-moi vous le dire, ne font pas de bons compagnons de route. Vivent les hommes de plein vent ! »http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2013/10/30/armel-guerne-lame-insurgee-lame-du-romantisme-ou-la-veritable-indignation/

[Daniel Christoph]

En fait les gens ont peur de chercher parce que 1) ça leur ferait découvrir qu'ils ne savent rien 2) ça leur montre qu'ils n'ont pas forcément l'intelligence ou les capacités qu'ils croyaient avoir.



Et comme tu dis c'est la démarche qui est intéressante, en elle-même. Mais toute l'aspiration de l'humanité, c'est finalement de se faire un petit nid. Les gens cherchent pour trouver. Mais chercher pour chercher ?

[Alix-007]

Extrait d'une bio de Shardza Rinpoche. "Also he received the Dzogchen initiation of Rigpai Tselwang (rig pa 'i rtsal dbang), as well as the preliminary and essential teachings of Atri (A khrid), besides many other tantric initiations.Altogether Shardza had 24 teachers, from whom he learned different subjects. Usually in those days people were satisfied after learning from one or two masters. But Shardza was special. He continued to seek and learn all the time." Certes c'est Shardza et non une chenillette mais si quelqu'un de ce calibre se sent encore obligé de chercher alors qu'il a "tout" forcément c'est que dans le fait de "chercher" réside

le coeur même de la démarche.