Alain Durel, la suite
Alain Durel n’est pas content de mon commentaire :
Cher Monsieur,
J’ai lu avec attention la critique que vous faites de mon livre. Je crois que vous commettez un contresens total lorsque vous dites que l’auteur n’a pas su tirer profit des expériences. Tout le livre est volontairement écrit comme l’histoire d’une errance et l’auteur n’est pas dupe des égarements du narrateur. Ecrire ce livre c’est précisément montrer ce que vous dites, et je suis étonné que vous n’ayez pas compris cela alors que l’immensité de mes lecteurs l’a bien compris. le livre a été traduit depuis en italien, en grec, en roumain (bientôt en russe et en anglais). Figurez-vous que ce livre est lu dans les monastères ! C’est donc que les gens ont bien compris le caractère auto-critique du livre. Vous semblez prendre les choses au pied de la lettre. C’est précisément la connaissance de nos égarements qui nous éclaire. La seule véritable connaissance mystique est négative. Vous ne pouvez pas saisir la lumière, vous ne pouvez que voir vos ténèbres. Alors la lumière se fait. Bien cordialement, Alain Durel
Réponse :
Cher Monsieur,
comme vous le savez, il est aujourd’hui de très mauvais ton de critiquer les gens, surtout dans les milieux religieux, où tout le monde essaie de faire croire qu’il est dans l’amour universel. Dès lors qu’un ouvrage est plus ou moins potable, tous les flatteurs s’empressent d’en dire du bien, dans l’espoir qu’on dira du bien d’eux en retour, et surtout, que personne ne les jugera. La loi tacite est : »Je vous juge en bien, jugez-moi en bien ».
Néanmoins il existe encore quelques mauvais coucheurs, comme moi, ou comme un certain Père du Mont Athos qu’un ami a récemment rencontré là-bas et qui lui a dit : »Alain Durel n’est venu ici que pour l’argent et la renommée ». Comme vous vous en doutez, la discrétion m’interdit de vous dire de qui il s’agit.
Quant à s’imaginer que l’admiration du commun soit un gage de la qualité d’un livre, c’est bien un signe de la dégénérescence des temps, qui ronge d’ailleurs l’Eglise depuis quelques siècles déjà. Qu’on lise votre livre dans les monastères ne fait qu’indiquer la profondeur du mal.
Je ne pense pas que vous soyez Orthodoxe, vous n’en avez ni le style ni les manières, vous parlez bien plus de la Nature que de Dieu, et ceux qui vous ont déconseillé d’être ermite ne s’y sont pas trompés. Que la plupart des gens soient dupes, c’est leur problème, mais si on menait une enquête, on verrait que tout le monde ne l’est pas. Un vrai chrétien m’aurait remercié d’avoir froissé son ego, c’est la leçon qu’est venue nous apprendre le Christ dit-on. Suite à quoi j’aurais changé mon commentaire, édifié par une si grande humilité.