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L'entraînement de l'esprit
A lire...
16 mai 2013

Soufi, mon amour

Hier je suis tombé par hasard sur le roman d'Elif Shafak, "Soufi mon amour", dans la bibliothèque de mon meilleur ami, qui ne contient aucun roman. Très étonné de ma découverte, dans la mesure où je suis précisément en train d'écrire une histoire très semblable, je l'ai lu avec intérêt, mais je dois dire qu'au final je suis assez déçu. En effet, le livre voile plus son sujet qu'il ne le dévoile. Il ne fait pas la différence entre l'amour mystique et l'amour mondain, sans doute parce que son auteur n'a pas assez prié pour être éclairée au sujet de l'amour mystique. De fait, l'histoire entre Ella et Aziz est contée de façon très ordinaire - une pauvre américaine perdue tombe amoureuse d'un soufi qui est la promesse d'un Eldorado qu'elle n'est pas capable de concevoir et qu'elle ne conçoit donc jamais. Son "amour" n'est que l'expression d'une souffrance provoquée par le vide d'être, car malheureusement son néant ne peut pas se hisser plus haut que lui-même faute de réelle ouverture. Les deux histoires qu'elle voudrait mettre en parallèle n'ont au final rien en commun. En effet, après la disparition de Shams, Rûmi écrit une oeuvre immortelle, tandis qu'après la mort d'Aziz, Ella retourne à une existence dénuée de sens, où elle apprendra peut-être à mieux faire du vélo. Si elle avait reçu la transmission d'un véritable pouvoir spirituel, elle serait entrée dans une communauté soufie et aurait consacré sa vie au service de Dieu et des autres.


De fait, l'auteur ne semble pas avoir pratiqué ce qu'elle prêche, sauf de façon très superficielle. Les discours qu'elle prête à Shams et Rûmi n'ont d'intéressant que ce qu'elle a copié ailleurs, pour le reste il s'agit de sermons sur la médisance, la non-violence et l'amour du prochain, mais d'un point de vue purement mental. Elle a certainement dû faire part de son projet à des amis soufis, mais personne ne s'est donné la peine de lui signaler que pour emprunter de façon convaincante la plume d'un mystique, il fallait passer plus d'une nuit en prière, et lire un grand nombre de livres à défaut de vivre l'expérience de première main. En conséquence de quoi, Shams et Rûmi sont décrits comme des êtres purement ordinaires, et on ne comprend rien à l'histoire. On ne comprend pas pourquoi Baba Zaman voudrait garder Shams dans sa confrérie alors qu'il a toute l'apparence d'un malotru mal intégré et sauvage, ensuite on ne comprend pas ce que Rûmi lui trouve, et inversement, on ne comprend pas ce qu'il trouve à Rûmi. Tels qu'ils sont décrits, ceux deux êtres ne semblent pas très différents de n'importe quel aventurier et de n'importe quel érudit, quant à ce qui les unit, on n'en a pas la moindre idée. Il en va d'ailleurs de même avec Aziz et Ella. On ne comprend pas du tout comment Aziz peut tomber amoureux d'Ella, qui n'a vraiment aucune qualité spirituelle sinon celle d'être une pauvre malheureuse (elle a bien sûr de nombreuses qualités mondaines).

Ecrire un roman sur un sujet spirituel, c'est l'oeuvre de toute une vie, car la véritable difficulté, c'est de parvenir à concevoir son sujet. "L'amour parfait", c'est ce que je m'emploie moi-même à écrire depuis ma prime jeunesse, et c'est quelque chose qui n'a pas de fin. La première chose que l'on découvre, c'est qu'il nous est impossible de concevoir cet amour à la base, et que donc, soit l'on en fait une description vide (comme l'auteur de ce livre) qui donne une fausse idée de la chose, soit on essaie de se rendre plus conforme à son sujet.
Pour donner un exemple précis, l'auteur soutient la thèse de l'assassinat de Shams, mais ce qu'elle décrit ne ressemble nullement à l'assassinat d'un saint. En effet, de multiples lectures nous montrent que si un saint est victime d'une tentative d'assassinat, soit ce n'est pas son heure et Dieu ne le permet pas, soit c'est son heure et il va se laisser faire, et devenir un martyr au sens noble du terme. De plus, il en profitera pour sauver l'âme de son assassin, comme Jésus (qui s'est sacrifié pour le salut des autres, ainsi qu'il l'a maintes fois répété), comme Santa Maria Goretti (une "petite" sainte italienne assassinée à l'âge de 12 ans), ou comme Krishna. Pour les hindous, le chasseur qui a tué Krishna a été sauvé, du simple fait d'entrer en contact de façon si proche avec une si grande âme.
Un saint ne peut pas être une victime, il prend naissance pour le bien de tous les êtres, sa raison d'être est de se sacrifier, y compris pour ceux qui lui font du "tort". Il devrait en être de même pour l'assassin de Shams, mais c'est une chose que l'auteur ne peut pas concevoir, car elle raisonne d'une façon ordinaire. Pour elle, une grande âme, c'est quelqu'un qui est un peu plus gentil que les autres et qui n'a pas peur de dire ce qu'il pense, mais qui se défend pour sauver sa vie, bien loin de l'offrir en sacrifice pour l'amour de Dieu et du prochain.

Au final, le livre nous laisse avec un problème difficile, l'auteur n'ayant pas la moindre idée de la façon dont il pourrait se résoudre : comment Rûmi passe-t-il du deuil de son ami spirituel au véritable amour de Dieu ? (un problème universel en réalité, puisqu'il s'est posé à de nombreux saints, et qu'il se posera à nous si nous empruntons cette voie de l'amour). Il est impossible de trouver des éléments de réponse dans le livre, car tout le processus censé se dérouler pendant leur vie commune est totalement passé sous silence, ainsi que tout ce qui suit, on ignore donc de quels "outils" et de quelles transmissions Rûmi a pu bénéficier, qui lui ont permis de surmonter cette épreuve.  
Il ne nous reste donc plus qu'à compléter cette lecture avec la vie des saints relatée par leurs disciples, avec des écrits de mystiques divers et variés, et avec des textes d'enseignements, de tous les horizons si possible. En effet, chaque religion met l'accent sur un aspect du divin, pour avoir un tableau général il est nécessaire soit de les connaître toutes, soit d'être le disciple d'un très grand maître qui nous confiera tous ses secrets.

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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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