Encore des histoires de karma
Plus ça va, mieux je vois ce qu'est le karma, et qu'il n'y a rien à faire, à part pratiquer. Mais que la pratique elle-même est conditionnée par ce karma. La liberté, c'est en quelque sorte la place que nous laisse notre karma pour pratiquer. Pas de doute qu'à la base, elle est assez restreinte.
Les karmas sont très variés. Pour ma part, j'ai beaucoup de mal à parler aux lamas, et à leur faire confiance, bien que je prétende d'un autre côté que je les crois omniscients (ou presque). Mais le karma s'en fout. Je peux bien croire ce que je veux à leur sujet, le manque de confiance est une trace karmique qui est là, et qui, indépendamment de toutes les bonnes raisons possibles, fait que je n'ai pas confiance. Et, de même que je le vois, je sais qu'ils le voient, et qu'on est du même avis, à savoir qu'il n'y a rien à y faire, à part pratiquer. Si on prend une analogie, c'est comme un chien qui a été conditionné, par exemple à chaque fois qu'on lui a donné à manger, paf on lui a donné un coup de bâton. Et quand il est grand, même si on ne lui donne plus de coups de bâtons, à chaque fois qu'il voit une main qui lui tend à manger, il recule. Son esprit sait qu'il n'y aura pas de coup de bâton, mais son corps, lui, pense autrement. Il peut toujours essayer de le forcer à avancer, en fait il voit ses pattes courir dans l'autre sens, totalement impuissant. L'intelligence, pour le chien, consistera donc à trouver la bonne distance qui lui permet d'en recevoir le maximum sans déclencher le réflexe de fuite. Comme pour le renard du Petit Prince, la distance diminue un peu tous les jours, mais pas plus.
J'ai un autre karma, qui fait que je ne peux pas voir quelqu'un trop souvent. Donc moi et mon père on habite dans deux pièces séparées, et même si on est à 3m l'un de l'autre, on ne se voit guère, et on ne se parle pas plus. Et si, pour une raison ou pour une autre, il vient plus souvent dans ma pièce, je commence à péter un plomb. A un moment, il avait installé un bureau dans ma pièce et commençait à venir y travailler souvent. Assez vite, je lui ai dit que ça n'était pas possible. Je le voyais devant moi et j'avais envie de l'étrangler. Indépendamment de tout le reste. Je crois que ça me le fait avec tout le monde. Si je vais chez ma grand-mère, au bout de quelques jours, je ne la supporte plus, ni les gens qui sont là. Ce n'est pas intellectuel, c'est physique. D'ailleurs je préférerais crever que dormir dans le même lit que qui que ce soit.
La question que je me pose, c'est comment on peut acquérir un tel réflexe conditionné, qui paraît assez contre-nature, vu que c'est la situation inverse qui est logique, vu notre constitution. L'instinct consistant à vouloir se coller les uns sur les autres (éventuellement de notre choix) est quand même assez fort dans notre espèce, ainsi que dans beaucoup d'autres. Il y a bien sûr quelques solitaires, mais ils arrivent toujours à trouver des exceptions, à se coller avec au moins une personne. En ce qui me concerne, j'ai le sentiment que l'exception est impossible par définition, sauf avec un pot de fleur. Dès que le truc bouge, il m'insupporte assez vite. Même mes perroks que j'adore, j'aime bien les avoir sur l'épaule, mais pas trop longtemps. C'est une couche karmique qui n'a absolument rien à voir avec tous les sentiments ou pensées que je peux avoir, et contre laquelle je ne peux rien du tout. Cela dit, je pense que mon père a la même. Hier il était malade et je lui ai proposé de lui mettre les mains autour, pour voir si ça faisait quelque chose. Il a dit oui, mais je suis sûr qu'il a rétracté son aura au max, parce que je n'ai rien senti, et lui non plus, ce qui n'arrive jamais. C'était comme s'il n'y avait aucun champ énergétique autour de lui. Et du peu que j'ai vu avec ma mère et autres, c'est toujours quelqu'un qui a vécu "à côté" des gens, jamais "avec". Comme moi. (Dans ce cas me dira-t-on pourquoi a-t-il essayé de s'installer dans la même pièce que moi, je pense que c'est une affaire de sensibilité moindre. Lui, il peut vivre "à côté" de quelqu'un dans la même pièce. Mais il ne sent pas les souris crevées et il est capable de dormir au-dessus de 2 ordinateurs en marche. ça lui a d'ailleurs permis de faire illusion avec plusieurs nanas, dont ma mère, qui ont mis un paquet de temps à réaliser que, quoi que dans le même lit, l'interaction énergétique était faible. Pour moi, elle est quasiment du niveau des voisins qui sont dans les apparts d'à côté, si ce n'était pas le cas, je l'aurais foutu à la porte depuis longtemps).
Le pire, avec le karma, c'est qu'on n'a pas spécialement envie de changer. Je pourrais faire des prières à Gourou Rinpoche pour lui demander de pouvoir approcher les lamas, par exemple, mais je n'en fais pas. Et j'ai vu la même chose pour un tas de trucs constatés récemment. Si je suis de mauvaise humeur, je n'ai pas envie d'en changer non plus. En fait, il est très rare qu'on ait envie de changer, ce qui explique qu'on ne change guère. On veut éventuellement obtenir ceci ou cela, mais certainement pas changer.