Tuperware, perroks et souris
Je m'aperçois que j'ai des voiles émotionnels bizarres et inattendus. Ils ont toujours été là, bien sûr, mais ils sont tellement ridicules que je ne pouvais pas me douter qu'ils étaient là... Bon, si, il y a celui classique du cinéma. Hier, je suis allé voir "mon meilleur ami", et j'ai eu honte pour Daniel Auteuil, le pauvre... Sinon, il y a un tas de trucs qui ressortent à l'occasion de tel ou tel mail, en fait c'est tellement nul que j'ai même pas envie de détailler. Et cette nuit j'ai rêvé d'un gros ara rouge qui me reprochait d'avoir 2 perroks en cage, et sûrement qu'il a raison, je vais passer toute ma vie future en prison, entre les lapins en cage, les serpents en coffre, et maintenant les perroks... D'un autre côté je ne me vois pas du tout m'en séparer. Je me suis foutu dans une merde pas possible avec ces pauvres bestioles, d'autant qu'elles aussi sont certainement attachées de leur côté. Il y a des perroks qui se laissent crever à la mort de leur maître. Si je les abandonnais, même dans un endroit plus approprié pour eux, ce serait sûrement affreux. Y en a même un, j'ai l'impression que c'est une partie de moi, en fait je ne le conçois pas en dehors de moi. Tout ce qui me reste à souhaiter, c'est devenir un bouddha et leur apprendre la méditation (Gelek a parlé d'un maître qui avait plein d'animaux pour disciples, un ours, une chèvre, des oiseaux... bref, tout n'est pas perdu).
Bon. Revenons aux voiles émotionnels à la con. L'autre jour, dans un restau, je commande 2 plats et quand le premier arrive, je m'aperçois que je ne pourrai jamais tout manger. Ben du coup j'étais énervé et ça m'a gâché le repas. Vers la fin, je me suis dit que j'allais en embarquer une partie dans une serviette pour donner à un clodo, et voilà que c'est devenu encore pire, parce qu'en plus d'avoir le repas gâché, j'avais peur qu'on me voie en embarquer une partie dans une serviette. C'est comme le restau d'à côté. Mais là, comme je sais à l'avance que je ne finirai pas, je prends le tuperware... et bien sûr, pendant le repas, c'est toujours le même cirque. D'un côté j'ai pas envie que la serveuse me voie embarquer un plat dans une boîte, d'un autre côté qu'est-ce que ça peut bien faire, et d'un troisième côté, elle saura pertinemment que je l'aurai fait en voyant mon assiette, et si je me suis caché, ben j'aurai l'air encore plus ridicule. Du coup, on rigolait avec Alix et on se disait qu'on aurait pu partager ses os pour que j'en mette la moitié dans mon assiette, d'un autre côté si la serveuse s'était aperçue qu'il n'y avait qu'un os dans chaque assiette, elle nous aurait carrément pris pour des fous. Non seulement les mecs ils embarquent un plat dans un tuperware, mais en plus ils partagent leurs os en espérant dissimuler leur forfait...
C'est comme ma concierge, je continue d'y penser. Là, j'ai mis un bol tibétain à coté de mon lit, et j'attends l'occasion d'en jouer quand elle dormira. Je pense que c'est un son qui traverse assez bien les murs, mais dont l'origine n'est pas si facile à déterminer. J'ai aussi une cloche tibétaine, là je pensais donner juste un bon coup dessus et couper le son. Le truc super bruyant mais qui ne dure qu'une seconde ou deux. La pauvre femme sera réveillée en sursaut, mais comme le son aura eu lieu pendant son sommeil, elle ne pourra pas être sûre de n'avoir pas rêvé. Bref, j'hésite encore entre la cloche et le bol... et dans tous les cas, si elle dit quelque chose, je nierai farouchement toute implication. Comme vous le constatez, j'ai une personnalité assez sournoise.
Y a aussi les souris. Mon père a garni un meuble de tapettes à souris - après 2 ans d'intense réflexion, il a fini par prouver qu'il était plus intelligent que les souris. En effet, les souris se passent le mot, quoi que vous fassiez il n'y en a qu'une qui sera prise, les autres seront au courant. Donc il a conçu des pièges plus ingénieux les uns que les autres, mais le nombre de souris n'a jamais diminué car le temps de concevoir un nouveau piège, la morte était remplacée. Bref, il a donc eu une nouvelle idée où il en a déjà chopé cinq : le piège parfait. Cela consiste à mettre une quinzaine de tapettes (sans nourriture) à la sortie de la cage aux perroks, où les souris viennent se ravitailler nuitamment. Bien sûr qu'elles passent au travers. Mais voilà, quand elles font du bruit dans la cage, les perroks prennent peur, et se cassent la gueule par terre. Du coup, panique des souris, qui ressortent en cavalant à toute vitesse, et là, paf ! Bref, l'autre jour, en entrant dans le bureau, je sens une bizarre odeur, quelque chose qui ferait penser à une souris crevée. Le problème, c'est qu'il y a des endroits inaccessibles dans le bureau. Je fais des prières. Rien n'y fait, le lendemain, l'endroit est devenu infréquentable. Je mets du parfum partout, ça ne change rien. J'appelle le père "Y a une souris crevée ! Faut la trouver !". On remue tout, on finit par trouver une souris crevée derrière le coffre. Là, je m'enfuis dans ma chambre. Pas question de toucher à cette chose immonde. C'est Chepa qui avait dit un jour "Vous faites les malins, mais s'il y avait un cadavre dans cette pièce, vous vous enfuiriez comme si c'était un démon". Un cadavre, passe encore, mais en décomposition, ah non... surtout quand je l'ai eu dans le nez toute une journée.