Au sujet de ce qui nous manque pour tummo (1)
il s’agit de "faire des prières sincères pour pouvoir y arriver", qui est d’un certain point de vue préalable aux 3 autres piliers
En fait les prières ne fonctionnent qu'une fois les chakras ouverts. Donc on peut faire toutes les prières qu'on veut, elles ne sont pas entendues. Et pour cause, elles ne sont pas émises. Quelque chose qui ne passe pas dans notre corps spirituel n'existe pas au plan spirituel.
Hier soir après avoir relu un bout de "l'Ancien Charalampos", un maître de la prière hésychaste, j'ai essayé de faire ce qu'il disait. Mais les obstacles sont immédiatement apparus, dans l'ordre logique. Il dit de se concentrer sur le coeur, et aussi de se concentrer sur le sens de la prière, sans former aucune image. (La prière c'est bien sûr "Seigneur Jésus Christ aie pitié de moi/nous"). Première objection : quand on engendre un sens dans son esprit, on engendre une image, si ténue qu'elle soit. C'est parce que nous ne connaissons pas le sens ultime de la vacuité. Kelsang Gyatso explique que nous engendrons des images jusqu'à ce que nous ayons réalisé la claire lumière de signification (=le sens réel de la vacuité). Même ceux qui ont réalisé la claire lumière d'exemple ultime, et donc le corps illusoire impur (c'est un niveau très élevé, puisqu'il s'agit déjà d'une claire lumière de la mort), sont encore en train de générer des images mentales. Donc déjà il y aurait une première question sur la méthode, que je ne peux hélas lui poser. Je suppose donc qu'il s'agit d'engendrer le moins d'images possibles.
Deuxième problème, en commençant, moi j'ai toujours les canaux fermés. Ce n'est pas en répétant une formule avec le moins d'images possibles que ça va les ouvrir. Ceci parce que je n'ai pas de maître. La directive s'applique pour ceux qui ont un maître, afin que leur esprit ne soit pas un bol plein quand ils essaient d'y déverser la prière. Mais sans maître, notre esprit est comme le bol vide d'un mendiant qui attend assis au milieu de nulle part. Ceci parce que je n'ai pas terminé le stade de génération, qui consiste à engendrer et à habiter un yidam. C'est en fait l'amour qu'on a pour notre yidam qui va emplir le bol avec ses qualités divines. A ce moment-là, les canaux s'ouvrent, l'esprit s'éclaire et l'on peut commencer à faire des prières d'aspiration. Elles sont spontanées, comme toutes les autres d'ailleurs. A ce moment-là si l'on s'adresse au Christ ou à n'importe quel bouddha, on est sûr d'être entendu, parce qu'on se met à exister dans les plans qu'ils perçoivent.
Ceci rejoint ce qui est dit sur le fait de prier son ange gardien par exemple. Les anges (qui sont en fait les émanations des bouddhas) ne perçoivent pas les paroles vocales mais seulement la vibration du désir qui est derrière.
Lorsque les canaux sont fermés on n'éprouve aucun désir et même aucune sensation autre que grossière.
Bref, je n'ai pas donné de clés sur tummo précisément, mais en fait cela revient au même, car une fois que le feu s'allume dans les canaux, on est en train de faire tummo, et ce que j'explique plus haut y conduit.
Ce ne sont pas les instructions de Kelsang Gyasto qui sont défectueuses, c'est nous qui ne sommes pas qualifiés. Il s'adresse à des pratiquants qui ne sont plus déjà tout à fait ordinaires, puisqu'ils sont transformés en permanence en leur yidam. De ce fait ils ont les canaux ouverts. Si on leur enseigne des pranayamas, il va de soi que ces pranayamas seront faits dans un corps qui est déjà ouvert, empli d'amour et de qualités.
Ici je dois préciser un "point-clé". Le yidam n'est pas une divinité quelconque qu'on aura visualisée pendant des heures en s'interrogeant sur la représentation qu'on voit sur les tangkas. Un yidam est une divinité communiquée par un maître lors d'une initiations réelle. A ce moment là, son image et ses qualités sont gravées dans notre esprit. De plus, le maître a choisi ce qui convient en fonction de notre karma et il a fait son travail au sein de notre karma, en quelque sorte. Il n'a pas inséré un élément "étranger" dont nous ne saurons que faire, mais il nous a donné un "ami" spirituel que nous serons capables d'aimer plus que tout. Notre travail consiste ensuite à nettoyer notre karma à la lumière de ce qui nous a été donné et donc faire en sorte que cet ami nous habite en permanence. Souvent, c'est l'image du maître qui sert de yidam. Lorsque le disciple qualifié rencontre le maître, ce dernier imprime en lui la vision de son corps de gloire, c'est comme un ange qu'il lui met dans le corps et dans l'esprit, et qu'il va dorénavant aimer de toutes ses forces.
Si nous ne possédons pas un tel yidam, il est inutile de s'évertuer à faire des yogas et des pranayamas, ça ne sera que du sport. C'est pour cette raison que les Occidentaux n'ont jamais rien réalisé, sauf ceux bien sûr qui ont trouvé et suivi un maître digne de ce nom en étant qualifiés.
A force de descendre le long de l'échelle de tout ce qu'il nous faut, nous en arrivons au préliminaires. En effet, si nous n'avons pas réalisé le sens des préliminaires, il nous est impossible d'acquérir un yidam. Il faut que je fasse un nouveau post pour ne pas tout mélanger.