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L'entraînement de l'esprit
A lire...
31 mai 2023

Le refus de la souffrance - et ses conséquences

Depuis quelque temps je réfléchis et je me compte que si nous,  Occidentaux, n'avons pas pu recevoir de réelle transmission de maîtres, c'est parfaitement normal. Premièrement, de telles transmissions exigent une obéissance totale, même quand le maître a "tort". D'ailleurs il a rarement tort. Elder Daniel s'est élevé régulièrement contre S.J. l'Hésychaste, et à chaque fois il a eu tort, en fait. SJH avait toujours raison, même quand il avait tort, soit parce qu'il avait des visions divines qui lui montraient le futur, soit parce que Dieu répondait toujours à sa prière. Il faut lire divers exemples pour savoir à quel point c'était difficile. Par exemple, les disciples allaient cueillir du raisin toute la journée, ils avaient ordre de ne pas manger un seul grain. Ou alors Ephraïm devait descendre au port chercher quelque chose, et il avait ordre de n'adresser la parole à personne. Il se cache derrière un olivier pour ne pas être vu, mais comme de bien entendu un vénérable Evêque commence à lui poser un tas de questions. Il y a aussi l'histoire où Charalampos doit aller se faire arracher une dent, avec l'ordre de revenir pour le soir. Il y a 4h de marche ou quelque chose du genre, le dentiste n'a pas le temps de l'anesthésier tellement il est pressé, il lui dit qu'il ne doit pas trop bouger jusqu'au lendemain, mais lui doit rentrer au pas de course, et bien sûr il est en retard. Quand il frappe à la porte, le P. Joseph lui répond "Qui es-tu ? - C'est moi Charalampos ! - Personne ne viendrait frapper à cette heure. Je ne te connais pas !". Quant à la nourriture, c'est bien étrange. SJH une fois a collectionné du vieux fromage plein de vers dans une vieille chaussette avec des croûtons de pains. Quand il l'a sorti, une odeur méphitique s'est répandue, tout le monde a commencé à avoir envie de vomir, du coup il n'a pas obligé ses disciples. Mais lui-même l'a mangé, avec Daniel. Parfois il obligeait le pauvre Ephraïm a manger des trucs moisis et il vomissait tout. Ceci ne serait pas complet si je ne disais quelle était l'autre face du tableau. SJH ne voulait perdre une miette de quoi que ce soit car il voyait souvent SJ Baptiste leur lancer de la nourriture.Imaginez, de la nourriture qui vient du ciel... Il y a aussi le fait qu'il faisait excellemment la cuisine et que parfois les repas étaient divins. Quoi qu'il en soit, il avait le truc pour donner précisément les ordres qui seraient difficiles à éxécuter. C'est normal. Quand on a une maladie, c'est la plus pénible pour nous. Je me suis dit souvent que j'aurais préféré avoir un cancer, ou me retrouver en chaise roulante, ou devenir aveugle. Mais tout cela ne m'aurait pas aidé, car l'utilité majeure de cette maladie, c'est de me tenir en prison, voire au cachot, pour m'apprendre à pratiquer correctement. Si je pouvais courir les chemins en chaise roulante, ou même avec une canne blanche, à quoi ça servirait ?  
Bref, j'ai réalisé peu à peu que si j'étais détenteur d'une quelconque transmission, je ne la donnerais à personne, car ça serait partout la catastrophe assurée. Il y a encore peu de temps je l'ignorais, mais bizarrement et malgré ma nullité, mon esprit s'éclaircit à certains sujets, et au fait que si la personne n'est pas correctement insérée dans les bons rails, elle va dérailler pas loin d'ici. Je pense que c'est arrivé mille fois à Rudi, c'était son choix en quelque sorte, mais perso je me sentirais trop de responsabilité pour ça. En comparant sa vie avec celle de SJH, ce qui est évidemment incomparable... il m'apparaît qu'il y avait chez SJH quelque chose de plus. Rudi obéissait à Dieu, c'est certain, mais au final, il n'a pas eu de "grand" disciple, il s'est trop dispersé je pense et ne demandait pas assez. Il ne voulait pas demander des choses trop difficiles aux gens car il savait que tout le monde disparaitraît dans la nature. Mais du coup, ça se perdait, en quelque sorte. Et on peut être sûr d'une chose, c'est qu'il n'a pas réussi à inculquer les bons rails à qui que ce soit. John Mann a fini par les trouver quand il est devenu vieux et malade, mais il aura fallu du temps...
Il faut bien voir que non seulement les églises sont désertées, mais notre éducation nous met exactement à l'opposé de l'état d'esprit idoine. Et les églises qui se remplissent sont celles où le prêtre est complètement sorti des rails. Je ne les critique pas en tant que tels, ils bossent toute la journée, ce sont souvent de braves hommes, qui essaient d'être de vrais croyants, mais ils ne peuvent pas. J'ai essayé de parler de l'effondrement du dogme avec un vieux prêtre de 85 ans, il s'est enfui. Carrément. Pourtant, à son âge, la vie ne doit pas être facile.
Le truc, c'est qu'on fuit et qu'on repousse la souffrance de toutes nos forces. C'est engrammé dans l'inconscient très profondément, et d'ailleurs cela correspond à une conception de la vie qui serait celle du vital. La souffrance est inacceptable, notre corps n'en veut pas, notre esprit n'en veut pas. Mais alors pourquoi dire "seigneur Jésus Christ aie pitié de moi". Pitié de quoi ? Les gens ne souffrent pas, et ceux qui sont dans ses situations souffrantes se blindent pour ne rien sentir (les vieux d'aujourd'hui). Qu'est-ce que Jésus va pouvoir faire pour tous ces gens ? 
La difficulté est physique, il s'agit d'ouvrir ses canaux (Rudi dirait simplement de s'ouvrir) à tout ce qui nous entoure, et qui est par nature très souffrant. Au début, on sent comme un blocage général, mais en se concentrant zone par zone, on arrive à ouvrir les vannes en quelque sorte, et qu'est-ce qui vient ? La souffrance de nos vieux parents, celle du chat et du chien, la souffrance des gens qui ont des boulots de fous, qui prennent le RER, la souffrance des petits chinois, des petits africains, des gens qui vont à la mine... et puis après c'est tout le passé de l'humanité, et aussi le futur. On commence à comprendre la personnalité du Christ, qui est venu pour prendre sur lui toute cette souffrance du samsara, depuis la Chute de la Création - les bouddhistes diraient "depuis l'apparition de la souffrance fondamentale après le brisure du Vase de Jouvence - les Juifs parleraient de la chute de l'Adam Kadmon qui s'est fragmenté en des milliers (millions) de morceaux. C'est intéressant, parce que pour les Juifs, les vases se sont brisés du fait qu'Adam a voulu recevoir plus de lumière divine qu'il n'en pouvait recevoir.
Il faut le dire, la lumière divine, c'est pas rien, c'est pas un spot de concert de Magma. C'est un truc qui fait mal, surtout dans des canaux pas nettoyés. Le seul t(ruc qui peut les nettoyer, c'est en fait la souffrance. On ne la considère plus comme la nôtre. Même si on a mal au ventre, à la tête, au bras, à la jambe, au dos... c'est comme si la souffrance du monde entier était magnétisée par nous, et qu'elle remonte dans le canal central. En bas, ça fait super mal, donc là pas de souci, on peut dire "Seigneur Jésus Christ etc" on sait de quoi on parle. Et puis quand ça dépasse le coeur, ça change en quelque sorte de nature, et quand ça arrive dans la tête, c'est comme si on était en train de contempler le paradis et la prière s'arrête en quelque sorte. Je ne prétends pas avoir des theoria comme SJH, mais la voie est clairement tracée, après c'est clair qu'on recevra la lumière divine en fonction de ce qu'on pourra se manger. De ce point de vue, la vieillesse est une sorte de bénédiction (surtout quand on en a l'avant-goût sans être encore vieux), ça imprime la "mémoire de la mort" (un autre mot pour ça : l'impermanence), on commence à voir toute la souffrance du monde, ça devient un abîme métaphysique. En même temps c'est trop. Je n'ai jamais pu regarder Jésus en face, parce que c'est juste trop. On peut regarder un petit bout de main, un petit bout de pied - comme ce qui m'arrivait avec Chepa Rinpoche, quand j'ai eu un peu progressé, il émanait tellement de je ne sais quoi, une sorte de lumière transparente, que je ne pouvais plus le regarder, juste le contour, ou la frange du vêtement (quoique les tibétains n'ont pas de franges...). On est toujours pris entre le trop et le pas assez. Au début on nage dans le pas assez, et quand on en sort, paf ! c'est trop. Il faut arriver à moduler sans se péter les canaux.
Après la difficulté de ne pas vivre avec un père spirituel, c'est qu'on fait des conneries toute la journée. Il faudra que j'en parle une autre fois.
Une dernière anecdote. Lorsque SJH a eu un prêtre pour dire la Litrurgie et les offices tous les jours, il est devenu tellement heureux qu'il en a perdu sa prière.On pourrait donc se demander si Rudi, en acceptant à un certain moment d'être "heureux", n'a pas perdu quelque chose. Et d'ailleurs il est mort peu après. Quand on regarde des photos de saints chrétiens à la toute fin de leur vie, ils ne sont pas "heureux". Il arrive peut-être un moment où on lâche le samsara, quand on s'évapore en corps d'arc-en-ciel, mais bon, j'en suis pas là. Je me dis donc que ma vie est supposée être un martyre et que si elle cessait de l'être, malheur à moi. Maître Philippse a cru un jour que Dieu l'avait abandonné, parce qu'il n'avait pas eu de souffrances. Il disait qu'il se souhaitait beaucoup de souffrances, ainsi qu'à ses disciples... Et donc moi j'en suis à une partie de mon roman où le héros trouve son premier disciple, et il n'en veut pas. Donc c'est toute la bataille entre la fille (plutôt un garçon manqué professeur d'arts martiaux) qui veut absolument qu'il lui transmette la lumière qu'elle perçoit chez lui, et lui qui vient du Mont Athos, franchement il se demande ce qu'il fout là.
 

 

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L'entraînement de l'esprit
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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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