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L'entraînement de l'esprit
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25 mars 2020

07 - Ileana


Lorsque Aranthiel revint dans la Grande salle du bal, il vit alors une fille... et sut que c'était celle-là qu'il voulait.
Une fille splendide. Et ingénue, comme il les aimait. De longs cheveux châtain qui lui descendaient jusqu'à la taille, de grands yeux verts, en amande, qui exprimaient encore toute l'innocence de l'enfance, des lèvres aussi fraîches que le coquelicot qui vient de s'ouvrir, des traits fins et réguliers, elle était l'incarnation de la Beauté, d'autant plus belle qu'elle n'était pas vraiment consciente de l'être. Bien sûr elle s'était présentée au concours de Miss Eldara - elle portait avec grâce la couronne de la dauphine -, mais avec toute l'ingénuité d'une fille de province qui ne connaît rien au grand monde. Il n'y avait en elle nulle malice, et pas davantage de jalousie. La Beauté lui était naturelle, et elle l'aimait autant chez les autres que chez elle.
Pour ce Bal d'Automne, toutes les participantes du concours de Miss Eldara, chacune lauréate de sa province, avaient été grâcieusement invitées. La dauphine était peut-être un peu moins élégante que la gagnante, mais elle était décidément beaucoup plus belle, avec une lumière qu'on trouve rarement chez ces filles. Chez elle, la magie chantait un chant sublime.
Il ne lui restait plus qu'à se la faire présenter. Après avoir fait le tour de la salle, il tomba finalement sur la Duchesse de Mérieux. A deux cents ans, elle était encore belle, mais c'était une intrigante, et en ce qui le concernait, l'intrigue tuait le désir. Il lui avait accordé quelques fois ses faveurs, par le passé, sans y mettre trop de magie, une façon de s'en faire une alliée. Elle en était venue à apprécier suffisamment leur association pour qu'il n'eût plus besoin de recourir à cela. Depuis, elle était devenue la patronne du principal concours de beauté d'Eldara.
- Alors dites-moi, que puis-je pour votre plaisir, mon Prince ?
- Si vous me présentiez la petite dauphine ?
- Elle ne voudra pas de vous, j'aime autant vous le faire savoir. Cette jeune bécasse a une très haute opinion d'elle-même".
Cette pauvre femme n'avait jamais fait la différence entre l'orgueil et la fierté de ceux qui se respectent. C'était pitié.
- Peu importe. Je veux la connaître.


La fille le considérait avec curiosité, se demandant malgré tout ce qu'un aussi grand seigneur pouvait lui vouloir. Sa mère l'avait prévenue bien évidemment contre les gredins, les bandits de grands chemins, les soldats et les ivrognes. Mais ce qu'elle avait en face d'elle, c'était le frère aîné du Roi, un Prince. Un tel homme assurément ne pouvait manquer d'honneur, ni de bonnes manières. En même temps, son apparence était très étrange, et très belle. Il semblait briller d'un éclat surnaturel, en même temps que ses yeux d'un bleu phosphorescent la considéraient avec bienveillance. Son visage était la seule partie de son corps qui fut visible, car il portait un long habit noir et or à col fermé fait d'une matière brillante comme de la soie. On disait que c'était un puissant sorcier, même si elle n'avait pas la moindre idée de ce que cela pouvait signifier. Elle ne connaissait pas beaucoup de sorciers. Seulement le sorcier de son village, un brave type un peu bizarre qui guérissait les membres cassés, les brûlures, les rhumatismes et les refroidissements. Parfois, il concoctait quelque philtre pour un "retour d'affection" à l'usage des ménages qui battaient de l'aile, retrouvait quelque objet perdu... rien de bien méchant. Elle avait également vu de loin l'Archimage de Vilna, la capitale de la province, à l'occasion de quelque cérémonie d'importance, mais il n'avait rien de remarquable.
Lorsqu'il l'invita à danser, elle accepta avec grâce. Elle avait un faible pour les hommes au physique imposant.
Elle dansait souvent, car on l'invitait beaucoup, mais ce qu'elle éprouva avec lui, c'était entièrement nouveau. Ce n'était vraiment pas un homme comme les autres. Ni ceux de son village, le prêtre, l'instituteur, le maire... ni ceux de la ville, comme le notaire, le banquier, et tous ceux qu'elle croisait dans les rues. Il en émanait quelque chose de terriblement attirant, de surhumain - plus qu'un prince, on aurait dit un dieu. Dans ses bras, elle éprouvait de délicieux frissons et une passion qui étaient la promesses d'extases inimaginables. Parfois, de petites étincelles bleues couraient sur sa peau, elle se demandait ce que c'était. En tous cas, elle aurait voulu danser avec lui toute la nuit et au-delà, que cela ne s'arrête jamais.
Il s'assit avec elle un peu à l'écart, sous une tonnelle couverte de roses d'un rouge éclatant, qui répandaient une odeur suave. Elle avait la tête qui lui tournait, pourtant elle n'avait bu que des jus de fruits.
- Quel âge as-tu mon petit ?
- Tout juste vingt ans.
- As-tu déjà un métier ?
- Je suis danseuse de ballet. J'aimerais devenir danseuse étoile. Vous aimez les ballets ?
- Beaucoup.
En fait, il aimait surtout les danseuses. Au lit, elles étaient splendides, et avec des corps de rêve.
- Quelle est cette lumière dans vos yeux ?
- C'est la magie.
- Est-il vrai que vous pouvez vous déplacer instantanément d'un endroit à un autre ? Ou même voler ?
- Bien sûr. Tu veux que je te montre ?
- Oh... cela ne serait pas raisonnable. Cela me mettrait en tête de choses folles, et ensuite... non, ce n'est pas pour les gens de ma condition.
- De ta condition ? Tu sais, si Dieu a fait les femmes si belles, c'est justement pour qu'elles puissent changer de condition, et que chacun ne reste pas éternellement à sa place.
- Avez-vous l'intention de vous marier avec moi, Monsieur ?
Il sourit d'un air amusé.
- Non, bien sûr.
- Alors vous voyez, je dois songer aux devoirs de ma condition.
- Ma mère était une femme du peuple, comme toi. Si elle avait songé aux devoirs de sa condition, je ne serais jamais né.
- Voulez-vous donc me faire un enfant ?
Cette fois, il éclata d'un rire franc. Cette fille était d'une spontanéité rafraîchissante.
- Non, rien de tel.
- Alors je ne puis malheureusement rien accepter de vous, même si je l'aurais voulu.
- Ne voudrais-tu pas connaître, une fois dans ta vie, quelque chose d'extraordinaire ?
- Et ensuite ? Je ne supporterais plus ma vie, qu'y aurai-je gagné ?
- Ici, sur Eldara, toutes sortes de choses sont possibles qui sont impossibles ailleurs. Il n'y a de vie ordinaire que pour celui qui a peur de l'inconnu. Una fait de nous plus que des hommes, si nous le désirons suffisamment...
Il fit disparaître ses gants pour lui montrer ses mains. Elles émanaient une forte chaleur, et semblaient entièrement transparentes, toutes faites de lumière bleue, avec au centre de la paume un petit soleil qui pulsait doucement, comme une méduse phosphorescente. C'était à la fois effrayant et fascinant. A vrai dire, même son visage commençait à s'illuminer d'une lumière bien visible.
- Viens avec moi. Je te montrerai des choses dont tu n'as pas idée. Tu connaîtras un bonheur inconnu des mortelles.
Elle secoua la tête.
- Je ne peux pas...
Soudain, il passa le bras autour de son épaule et se pencha vers elle pour l'embrasser. A force de danser avec elle, aussi légère qu'un papillon, et si douce, un feu violent lui avait embrasé tout le bas du corps. Et plus il la regardait, plus il la désirait.
Par ses caresses et son baiser, il lui insuffla une puissante magie, plus qu'il n'en fallait pour convaincre n'importe quelle femme. Elle poussa un gémissement à fendre les murs, se pâma dans ses bras. Pourtant, elle trouva la force de le repousser.
- Votre Altesse, vous savez bien que ça n'est pas possible... Arrêtez ça je vous en prie, ce n'est pas correct.
Elle aurait tout donné pour être la femme d'un tel homme, mais elle ne pouvait lui faire ainsi don de sa vertu, l'honneur l'interdisait. Elle espérait faire un mariage honorable, élever une famille, qu'aurait pensé son futur mari ? Il avait beau être prince, une femme honnête ne se donne pas plus à un prince qu'à un bandit. C'était du moins sa conviction.
Il n'y en avait pas une sur mille qui était capable de lui résister de cette manière, et cela ne faisait qu'aviver son désir. Il se rendit compte qu'il ne supportait pas l'idée qu'elle partît et ne put se résoudre à la lâcher.
- Je t'en prie" murmura-t-il :"Ne me refuse pas. Pas maintenant.
La fille se débattit entre ses bras, mais il avait laissé la magie l'envahir à un tel point qu'il n'était plus capable de renoncer.
En désespoir de cause, elle le gifla, mais la lumière sur son front brillait d'un éclat terrible. En réalité, on pouvait soupçonner que c'était tout son corps qui rayonnait de ce feu bleuté. Il émanait de lui un chaleur si vive qu'elle fut obligée de détourner la tête, et que même ainsi, c'était difficilement supportable. Elle aurait voulu fuir, mais il la tenait captive.
Elle voulut crier, quelque chose l'en empêcha, lui avait-il jeté un sort ?
Il fit un geste de la main. Elle vit s'ouvrir comme une porte dans le néant, entourée de cette même lumière bleue qu'elle voyait en lui, où il l'entraîna, impuissante, comme le lion entraîne sa proie. Cependant, elle n'émergea pas dans quelque coin de savane oublié de Dieu, mais dans une chambre à coucher avec un grand lit, tout ce qu'il y avait de plus prosaïque. Lorsqu'il la lâcha, elle se précipita vers la fenêtre, espérant certainement découvrir une échappatoire... pour s'apercevoir qu'elle était au sommet d'une haute tour d'où l'on pouvait voir toute la ville, et que le verre était bien trop épais pour qu'elle pût espérer passer au travers. L'aurait-elle fait, d'ailleurs ? Serait-elle morte pour protéger sa vertu, comme les saintes ? Elle n'en savait rien, mais elle avait vraiment très peur.
Lorsqu'elle se retourna, il tendit une main vers elle.
- Mon petit, pourquoi me résistes-tu ? Je ne te veux pas de mal.
Elle se mit à trembler de tous ses membres. C'est alors qu'elle vit son habit se transformer, devenir comme une fine peau qui le recouvrait tout entier, y compris le visage, et la chaleur qui émanait de lui diminua jusqu'à devenir supportable. On aurait dit un homme entièrement nu avec une peau d'un noir de jais, une chevelure blanche un peu folle, des yeux d'un bleu incandescent, et un sexe énorme.
Elle n'était plus en état de raisonner, ni de se raisonner, cria simplement lorsqu'il se saisit d'elle.
Il l'immobilisa avec un sort, et la dévêtit, découvrant avec délices son corps mince aux formes épanouies, doré par le soleil. Elle avait la poitrine généreuse et les hanches larges, les cuisses galbées, avec au centre un triangle de douce petite fourrure... puis il l'attacha sur le lit avec des liens magiques, afin de pouvoir disposer d'elle tout à loisir. Il n'était pas du genre à aimer se battre avec les femmes. Prenant son temps, il la caressa longuement, la couvrant de baisers passionnés, ses lèvres et ses mains laissant sur elle des traînées étincelantes qui à chaque fois lui tiraient un douloureux soupir, pourtant elle ne cessait de demander grâce. Mais lui n'écoutait pas. Il se disait qu'elle finirait par l'accueillir, cela ne pouvait pas être autrement. Fou de désir, il finit par se coucher sur elle et la prit avec une passion qui l'effraya lui-même. Le feu de la magie le brûlait avec une telle intensité qu'il avait bien du mal à se maîtriser. S'il n'avait été bien couvert, il lui aurait fait un gosse.
Le pire de tout cela, c'est qu'elle en ressentit une jouissance inouïe. Cette lumière déferlait en elle, emplissait tout son corps, la submergeait. Il n'y avait aucun moyen de l'en empêcher, et c'était à en devenir folle. Parce qu'elle n'en voulait pas. Elle souhaita mourir pour lui échapper.

Aranthiel était consterné. Pour l'amour de Dieu, qu'est-ce qu'il avait fait là ?
La pauvre fille lui avait résisté jusqu'au bout, jamais elle ne lui avait cédé. C'était inconcevable. Il pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où il avait dû insister un peu plus que de raison... et s'il lui arrivait de le faire, c'est parce qu'il savait d'expérience que la magie qui passait par son sexe était plus irrésistible que toutes les autres. Elles avaient toutes fini par succomber au bonheur de se laisser aimer.
C'était la première fois qu'une telle mésaventure lui arrivait, mais le malheur de la chose, c'est qu'elle était significative. Sans compter qu'il n'était pas ce genre d'homme. Certes, il n'avait rien d'un romantique. Pour lui les femmes n'étaient pas autre chose que des petits animaux exquis (ou des garces et des intrigantes dont il fallait se méfier comme de la peste). Mais il éprouvait de la tendresse pour les animaux en général, et il ne voulait rien moins que leur faire du mal. Ceux des rivières, ceux des forêts, et ceux des villes qui sentaient si bon, babillaient si gentiment et lui donnaient tant de plaisir... Même s'il était bien incapable de tomber amoureux comme les autres hommes, il n'aimait pas les voir souffrir. Il se sentait aussi malheureux que s'il avait blessé une biche ou un bel oiseau, sauf que là, il était impuissant à réparer le mal qu'il avait fait.
Mais ce n'était pas le pire. Non, ce que cette affaire avait en soi de terrifiant, c'est que ça n'était pas la première fois qu'il s'était trouvé incapable de renoncer. La seule différence, c'est que les autres fois, il avait eu la chance - ou la malchance - que les filles finissent par lui céder. Ce qui lui avait masqué le vrai problème. Depuis combien de temps n'avait-il plus la maîtrise de lui-même ? Six mois ? Six ans ? Et le pire, c'est qu'il avait aimé cela. Cette magnifique créature avait réveillé en lui quelque instinct ancestral et bien primitif qui n'augurait rien de bon. Les textes en parlaient bien sûr. La magie amplifiait tous les karmas, toutes les tendances. C'était la raison pour laquelle il fallait être pur.
Assis au bord de son lit, il se sentait presque aussi défait que cette pauvre fille. Ce dont ce jeune imbécile de Bjarn avait eu connaissance n'était pas la moitié de la chose. Et lui, il avait été fou de croire qu'il pourrait impunément continuer sur ce chemin.
Comme si cela ne suffisait pas, il n'avait pas réussi à pénétrer dans son esprit pour en effacer le souvenir de ce qui s'était passé. Là aussi, elle s'était débattue avec la même efficacité. Il aurait pu la contraindre, bien sûr, mais ça l'aurait réduite à l'état de légume. A ce compte, autant la jeter du sommet de la tour, mais il n'était pas un criminel. Il ne lui avait pas voulu de mal, il avait seulement voulu l'aimer. Sa folie l'avait déjà conduit à lui faire suffisamment de mal sans en rajouter.

La pauvrette était en train d'enfiler ses habits d'une main tremblante, les joues baignées de larmes, dévastée, à tous les sens du terme.
- Ecoute, je me suis trompé sur ton compte.
Elle leva vers lui un regard effrayé mais lucide, inquiète de son destin. Elle savait bien qu'avec les puissants, c'est toujours la victime qui fait les frais du malheur qui lui est arrivé.
- Puis-je te demander de ne parler de cela à personne ?
Elle acquiesça, trop heureuse de s'en tirer à si bon compte. Elle avait craint de ne pas en sortir vivante. C'était le frère du Roi, et ces gens pouvaient tout se permettre.
- Pour ce que ça vaut, je ne voulais pas en arriver là. Je suis désolé... Je ne pensais pas que ça se finirait comme ça.
- Comment voulez-vous que cela se termine, lorsqu'une femme n'est pas d'accord ?" demanda-t-elle d'une voix faible.
- Elles finissent toutes par l'être. Toutes.
- Je ne vous crois pas.
- Par Dieu...
- Ne blasphémez pas.
Il marqua un silence.
- Dis-moi ce que tu souhaites en réparation.
- Vous m'avez pris ma vertu et vous ne pouvez pas me la rendre. Il n'y a rien qui puisse être réparé.
- Je comprends..." fit-il en lui ouvrant un portail qui donnait dans les jardins du palais. Elle ne se fit pas prier pour déguerpir.


Il n'en dormit pas de la nuit. Se releva toutes les heures pour aller compulser tel ou tel livre dans sa bibliothèque, vérifier son souvenir. Mais son souvenir ne le trompait pas. Ce qui l'avait trompé, c'était sa compréhension des textes. La pureté, cela ne consistait pas à être plein de bonnes intentions, ni même à aimer faire le bien, parler aux animaux, ou voir à travers tout grâce à la magie, mais à ne plus saisir les apparences ordinaires. Et sans la magie, il était incapable de voir à travers les murs. Et il n'était certainement pas exempt d'émotions négatives, même si l'amour était son état d'esprit le plus courant.
Il n'avait jamais cru que le pouvoir le justifiait, ni l'autorité du Roi. Par exemple, il ne prenait jamais plaisir à obéir à son frère lorsqu'il s'agissait de repousser les barbares du Nord, qui n'étaient en vérité que de pauvres gens affamés qui auraient voulu habiter sur des terres plus hospitalières. D'ailleurs, son but n'était pas de se servir de ses pouvoirs pour changer le monde, car il savait qu'on ne peut pas obliger les gens à être bons ou intelligents, seulement les éduquer...
En tout ceci il avait échappé au piège le plus évident du pouvoir. Mais il lui arrivait d'en vouloir à certains. Fréquenter la Cour ne lui valait rien de bon, toute cette corruption l'avait contaminé. Il lui aurait fallu être ermite, pour ne pas chuter de la sorte. Ou fréquenter des gens meilleurs que lui, comme Uriel.
Il se mit à pleurer.

Au bout d'une demi-heure, il parvint à la conclusion qu'il devait absolument se reprendre. Samaël ne l'enverrait pas sur Unasin pour si peu - sans vouloir manquer de respect à cette pauvre fille -, mais ce dérapage n'était que le prélude à d'autres qui risquaient d'être bien plus terribles s'il ne se remettait pas dans le droit chemin. Il n'était pas comme les anciens sorciers, il ne voulait pas l'être. Et surtout, il ne voulait pas finir caissier de supermarché sur Unasin.
Pour commencer, il décida de jeûner pendant quatre semaines. Pour lui, qui était l'un de ces rares malheureux qui ont tout le temps faim lorsqu'ils jeûnent, vingt huit jours seraient une véritable épreuve. Il compterait les heures, en sorte que ça lui donnerait le temps de réfléchir.
A quatre heures du matin, incapable de trouver le moindre repos, il se leva pour rédiger une lettre, à l'attention de Samaël. Il n'avait comme toujours nulle part où l'envoyer, mais ça n'avait pas d'importance. Samaël était Dieu, il savait tout. Il prit donc sa plus belle plume.
"Très honoré Gardien, j'ai commis une terrible erreur en m'imposant à une gentille fille qui ne le voulait pas, et je le regrette infiniment. La vérité, c'est que je voulais l'aimer. Mais je ne connais rien à l'amour, comme me l'a si bien fait remarquer Uriel, qui doit être de tes proches. Je prends ici l'engagement d'observer quatre semaines de jeûne (à l'eau), et d'aller voir Ileana pour lui demander pardon. Aide-moi à contrôler la magie qui est en moi je t'en prie. Ton enfant, Aranthiel".
Lorsqu'il se fut relu, il réalisa qu'il était fou. Qu'est-ce que c'était que ces sottises ? Samaël devait être en train de se rouler par terre, mort de rire, si ce n'était de consternation. Il roula le parchemin en boule et le jeta dans la corbeille.
"Très honoré Gardien, j'ai été terriblement présomptueux de croire que je pourrais laisser toute cette magie me traverser sans conséquences. Je ne sais pas quoi faire, je suis en vérité convaincu que tout cela va mal finir. En même temps, je ne vois pas à quel moment j'aurais pu agir différemment. Je suppose que c'est ce qu'on appelle le karma. Je prends ici l'engagement d'observer quatre semaines de jeûne (à l'eau), et d'aller voir Ileana pour lui demander pardon. Aide-moi à contrôler la magie qui est en moi je t'en prie. Aranthiel".
Il plia la lettre pour la mettre dans une enveloppe et la glissa dans son coffre-fort avant de se recoucher. Il finit par s'endormir et se réveilla à neuf heures du matin, de plutôt bonne humeur, en se demandant ce qu'il allait manger pour le petit-déjeuner... avant de se rappeler que les petits-déjeuners et tout le reste, c'était terminé pour vingt huit jours. Cette pensée le déprima tellement qu'il se rendormit jusqu'à une heure de l'après-midi. Il aurait bien voulu pouvoir dormir pendant vingt huit jours, mais il ne connaissait aucun sort pour ça. Aucun qui fût bon pour la santé.
Comme il arrivait que Samaël répondît à ses lettres, il alla ouvrir son coffre-fort. Sa lettre avait disparu, remplacée par une autre.
"Mon pauvre Ari, comment veux-tu que je t'aide à contrôler la magie qui est en toi ? Ce serait bien volontiers, mais c'est comme si tu me demandais d'aller pisser à ta place. Samaël". Les Gardiens n'avaient décidément jamais manqué d'humour.
Il retourna se coucher.

 

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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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