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L'entraînement de l'esprit
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10 mars 2020

02 - Un nouveau serviteur

- Tu as besoin d'un nouveau serviteur. Engage-le.
Undalyn sursauta.
L'homme n'avait vraiment rien d'un serviteur. Au contraire, il avait tout d'un aristocrate, pour qui savait discerner le caractère des hommes.
Attablé dans l'arrière-salle d'un tripot douteux aux poutres noircies par la fumée, il jouait au poker. Il était environ quatre heures du matin, et il avait accumulé une quantité de jetons assez considérable. Flanqué de deux lascars dont il tolérait la présence comme le lion tolère la présence de quelques hyènes à proximité pour nettoyer les restes de ses repas, il s'occupait à plumer deux pigeons, des fils de bonne famille venus s'encanailler à bon compte.
Undalyn prit sa chope de jus d'orange et s'adossa au bar afin de mieux l'observer. L'homme lui jeta un regard appuyé pour lui signaler qu'il l'avait repéré, mais ne manifesta aucun signe de nervosité, estimant à juste titre qu'il n'était pas l'objet d'une intention hostile.
Il était vêtu d'une cape ample, son capuchon rabattu sur les yeux dissimulait assez bien son visage, mais on pouvait supposer qu'il était beau. Ses fines mains ne portaient aucune bague, mais elles frappaient immédiatement par leur agilité et leur habileté à manier les cartes - des mains d'artiste, sans aucun doute. Il y avait en lui quelque chose de délicat, de presque féminin, pourtant il ne paraissait pas faible loin de là, il était grand et large d'épaules. Undalyn avait déjà vu des combattants redoutables avec ce physique là. Une fine épée dépassait de sous sa cape, une épée d'escrimeur et non de soldat, le genre d'arme légère qui n'inflige pas d'entailles mais qui est tout à fait apte à faire des trous dans les gens, pour peu qu'on sache s'en servir.
Bien que son aura fût invisible, les sens aiguisés d'Undalyn perçurent assez vite que c'était un Asûrim, malgré sont teint bronzé. La magie avait une certaine façon de s'organiser autour de lui, et il avait cette brillance subtile, propre à son espèce, dûe à leur exceptionnelle capacité de régénération. On disait d'eux qu'ils étaient immortels, comme les elfes et les vampires, mais ils ne l'étaient pas plus que ça, et on pouvait parfaitement les tuer avec un peu de persévérance. Cependant, personne ne connaissait le terme de leur longévité.
D'après les livres d'Histoire, les Asûrim étaient une branche mutante des Eldars, apparue vingt cinq mille ans plus tôt, temps universel, par la folie de quelques savants à la recherche de l'immortalité physique. Conséquence de la mutation, ils se nourrissaient de l'énergie vitale des autres êtres, de préférence des humains et des Eldars. Entre ceux qui avaient voulu bénéficier du sérum pour prolonger leur vie, et ceux qui avaient compris le danger, une guerre civile avait éclaté, qui avait abouti à la chute de l'Empire et à la Grande dispersion. Physiquement supérieurs aux Eldars, plus forts, plus rapides, et plus difficiles à tuer, ils n'étaient pas très malins dans l'ensemble, mais il en existait quelques uns d'une très grande intelligence, en sorte qu'il était interdit aux mages de les prendre pour disciples car cela en aurait fait des ennemis trop puissants. En effet, les Eldars les considéraient comme leurs ennemis jurés et tentaient de les éradiquer par tous les moyens. Non par spécisme, mais parce qu'aucun Royaume ne pouvait tolérer des citoyens criminels par nature. Le Roi Galadriel ne faisait pas exception, depuis trois siècles il les pourchassait sans merci, ceux qu'il attrapait étaient enfermés dans des donjons pour y mourir de faim ou brûlés vifs. En sorte qu'il n'y en avait jamais eu beaucoup sur Eldara.
Undalyn en avait croisé quelques uns au hasard de ses pérégrinations, des bandits de grands chemins, des mâles d'une force exceptionnelle et redoutables combattants, ou des femelles perverses... mais des comme lui, il n'en avait jamais vus.
- C'est un Asûrim !
- Celui-là se nourrit de magie, il ne fait de mal à personne.
Comme à chaque fois que Samaël lui parlait, il entendait les mots très distinctement dans sa tête. Une voix suave et cristalline qui résonnait au centre de son coeur et qui lui faisait éprouver un amour si fort qu'il lui donnait envie de pleurer. Elle possédait une autre caractéristique encore plus étrange : même s'il pouvait se rappeler intellectuellement de ses qualités, il était incapable de s'en souvenir, à la façon dont on peut reproduire dans sa tête un morceau de musique avec les différents instruments, ou la voix d'une personne qu'on connaît. Par contre, il la reconnaissait toujours.
- Avec quoi le paierais-je ?
Cela faisait deux ans qu'il voyageait seul, depuis que son prédédent serviteur, Hendrick, avait été tué par un scorpendre. Il ne supportait plus d'être responsable de la mort d'autres personnes, même s'il s'agissait des gens de basse condition, et même si ça n'était pas lui qui les tuait à proprement parler. Il pouvait prendre toutes les précautions possibles, il arrivait toujours des accidents, soit que le mauvais sort s'acharnât, soit qu'il n'eût pas un sens correct des schémas karmiques. De la même façon qu'il avait renoncé aux compagnons d'armes, il avait renoncé aux serviteurs. Trop de morts. Non qu'il tînt particulièrement à eux, mais enfin, c'était de brave gars, qui ne méritaient pas un tel sort.
Au final, il avait découvert que tout était mieux ainsi. Aussi loin qu'il se souvînt, il avait toujours préféré être seul, cela lui permettait de mieux s'immerger dans la magie, ce qu'il appelait "le chant de Una". Cependant, les Rangers avaient pour principe de voyager par deux ou par trois. Déroger à cette règle eût été pécher par orgueil. En effet, les monstres étaient coriaces et intelligents. Mais comme on dit, nécessité fait loi, d'autant que Samaël l'avait soutenu dans son choix d'une existence solitaire... jusqu'à ce jour. Cela avait été la période la plus heureuse de son existence, et il craignait d'en voir la fin, en retrouvant le commerce des hommes.
Les femmes, c'était autre chose...
A vrai dire, le pire inconvénient de sa condition, c'est que sa tenue en était devenue assez négligée, et qu'il était la plupart du temps d'une propreté douteuse, ce qui était ennuyeux pour les filles. Même s'il savait désormais qu'il ne s'encombrerait plus d'une compagne - il avait déjà essayé -, avoir des amantes lui était aussi aussi nécessaire que de respirer... Ce n'était pas un problème lorsqu'il était lavé de frais, il était de cette catégorie d'hommes forts qui attirent les femmes comme des mouches. En revanche, lorsqu'il avait passé une semaine sans se laver, c'était précisément les mouches qu'il attirait... Ce qui lui arrivait souvent, depuis qu'il avait découvert qu'il n'avait besoin ni de tente ni de couverture, ni d'habits de rechange... c'est-à-dire depuis la mort de Hendrick. Comme beaucoup de célibataires, il cédait à la facilité. Lorsqu'il en ressentait le besoin, il se trempait tout habillé dans un torrent de montagne, et il attendait de sécher. A croire qu'un homme seul finit par retourner à l'état de bête sauvage. La seule chose qui le ramenait à la civilisation, c'était les filles...
La veille, elles lui avaient manqué plus que d'habitude, alors il avait fait un gros effort. Il avait lavé ses habits, pris un bain - non sans avoir tout d'abord tenté sa chance dans une boutique de toilettage pour chien, afin de savoir s'ils n'auraient pas un service spécial pour voyageurs solitaires... parfois ils acceptaient, ils lui faisaient payer le tarif "grands chiens", avec un supplément pour la lessive -, et il était allé s'installer dans un bar. Au bout de quelques minutes, une grande brune s'était approchée de lui. Une prostituée, mais belle, à peine vingt ans, avec un physique avantageux, une magnifique chevelure brune, et de grands yeux noirs. Beaucoup de classe. Du genre qui aurait gagné assez d'argent à trente ans pour s'acheter une petite maison et trouver un mari, si elle était assez intelligente.
- Comment tu t'appelles ?" avait-elle demandé en s'asseyant à côté de lui avec un sourire mutin.
- Tu es très jolie, mais je ne suis pas assez riche.
Elle avait touché le col de sa veste, bien élimé, avec une petite moue.
- Tu es soldat ? Mercenaire ?
Il lui avait montré son insigne de Ranger, sous le revers de son col. Mieux valait les prévenir, il y avait des allergiques. Elle avait hoché la tête.
- Montre-moi tes mains.
Il avait alors ôté ses gants. "Tu as les mains douces.
Il portait toujours des gants, c'était sa seule coquetterie. Histoire d'avoir les mains douces pour caresser les filles.
Elle avait une façon de le regarder et de lui parler en lui soufflant dessus, comme si elle lui promettait d'extraordinaires délices... il avait commencé à avoir vraiment très chaud, même s'il faisait de son mieux pour garder l'air impassible. Mettre le client dans tous ses états pour mieux lui extorquer son argent, c'était son boulot, après tout. Elle lui avait caressé le front.
- On dirait que tu as chaud. Pourquoi ne quittes-tu pas ta veste ?
Il ne bougea pas.
- Je n'ai jamais fait l'amour avec un mutant de ton espèce" avait-elle ajouté en lui caressant le visage. "Il paraît que vous êtes différent des autres hommes. Mieux pourvus..." Elle avait essayé de lui mettre la main entre les jambes, mais il avait décidé d'arrêter là les frais, la retenant d'une main ferme.
- Je crois que ça suffit.
- Oh non, ça ne fait que commencer. Tu me plais. Pour toi ce sera gratuit.
- Est-ce que c'est toi qui décides ? Si ton patron décide de me réclamer le montant de la course après coup, il va y avoir de la casse.
- Ed n'est pas fou, quand il verra que tu es un Ranger, il laissera tomber.
Finalement il l'avait suivie. La fille lui faisait terriblement envie, et il ne craignait pas un éventuel conflit avec son souteneur. Quand il y avait des blessés, ça n'était jamais de son côté.

Elle l'avait emmené dans sa chambre, où ils avaient fait l'amour à peu près dans tous les sens. Non pour le plaisir de la performance, mais parce que chaque position donnait des sensations exquises et différentes, quand on pouvait sentir quelque chose. Pour aider les filles à sentir, il leur insufflait un peu de magie. Légèrement. Il n'était pas question de les rendre folle et de les retrouver errant dans la rue, pieds nus, le regard illuminé. L'extase, il se la gardait pour lui, parce que ça pouvait foutre votre vie en l'air. C'était ce qui lui était arrivé, en un sens. Il assumait, mais il ne prendrait pas cette responsabilité pour les autres. Alors la fille avait simplement passé deux heures merveilleuses. Sans doute auraient-ils passé la nuit dans les bras l'un de l'autre si un malotru n'était venu frapper à la porte à toute volée.
- Marina ! Qu'est-ce que tu fous ? Ça fait deux heures que tu es là-dedans ! Le Connétable t'attend depuis une demi-heure !
- Dis-lui que j'arrive !
Elle lui avait jeté un regard désolé avant de se jeter vers sa table de maquillage pour se refaire une beauté. Lui, il s'était rhabillé.
- Tu restes ici quelques jours ?
- Je ne pense pas.
- Reviens quand tu veux. Il n'y en a pas beaucoup des comme toi.
Il lui avait souri un peu tristement. Quelle pitié qu'une aussi belle fille soit obligée de faire ce métier... S'il avait été capable de vivre dans le monde sans perdre sa connexion avait Una, il lui aurait peut-être proposé de se mettre ensemble. Il était certain qu'elle savait tenir une maison, et qu'elle faisait bien la cuisine. Elle semblait avoir bon coeur. Que demander de plus ? Mais il savait qu'il serait malheureux.
Il y a des choses avec lesquelles on ne peut transiger.
Lorsqu'ils étaient redescendus, le patron lui était tombé dessus en lui demandant où elle était passée pendant tout ce temps, elle lui avait simplement rappelé ce qu'elle lui rapportait, et qu'elle pouvait toujours aller travailler ailleurs. Lorsqu'il lui avait demandé combien il l'avait payée, il était devenu vert. Comme Undalyn s'en doutait, il lui avait envoyé l'un de ses sbires, un type mal rasé sauf sur la tête, aussi grand que lui, mais avec pas mal de graisse en plus, et de mauvais réflexes. Le genre de type capable de frapper une femme.
- Mon gars, j'ai le regret de te demander de régler la note. Deux heures, quatre cents florins, prix d'ami.
Il n'avait rien répondu, soulevant juste le revers de son col. L'autre lui avait jeté un regard mauvais.
- Putain de sale mutant" avait-il maugréé dans sa barbe de trois jours, avant d'aller dissuader son patron de persister dans sa démarche. Undalyn se sentait juste un peu honteux pour la fille, il aurait aimé lui donner quelque chose, pas pour la payer, juste pour lui exprimer sa considération, mais il n'avait réellement pas les moyens. L'argent, il s'en fichait, alors il n'en gagnait presque pas.
- Il a besoin de toi.
Undalyn ne voyait pas comment ce type aurait eu besoin de lui, alors qu'il avait tant de facilité à gagner de l'argent.
A ce moment, il vit entrer l'Inquisiteur Lao Wei Ming. Un type redoutable et connu pour l'être, une face en lame de couteau, des yeux froids comme ceux d'un serpent, de taille moyenne mais musclé, c'était un expert dans tous les arts du combat, mais aussi un expert à interroger les prisonniers, d'après une rumeur parfaitement fondée. Undalyn méprisait ce genre d'individu. Les hommes qui profitent de l'autorité de l'Etat pour laisser libre cours à leurs pires instincts ne méritent pas le respect.
Il était là pour une simple visite d'inspection, mais lorsqu'il aperçut son client, il cria "Asûrim !" en le montrant du doigt - histoire d'encourager ses voisins de tablée, ou n'importe qui d'autre, à se saisir de lui, ou du moins à gêner sa fuite -. Plus rapide que l'éclair, l'Asûrim se jeta dans l'escalier qui menait au premier étage, glissant comme une anguille, ou comme un danseur, entre les mains qui auraient eu la moindre velléité de se poser sur lui. Ming se jeta à sa poursuite avec la dernière énergie, et l'aurait peut-être rattrapé si Undalyn ne s'était mis en travers du passage comme un grand benêt, histoire de le retarder d'une ou deux secondes. Il n'était pas facile de le bousculer, et Ming, qui le connaissait de réputation, ne se risqua pas à essayer. Undalyn avait les faveurs du Roi, et si les choses tournaient mal, ce serait Ming qui en ferait les frais. Il le contourna avec un juron - ou une insulte ? -, mais c'était trop tard, l'autre avait filé. Il alla faire un tour à l'étage, pour constater qu'il n'y avait plus trace de l'Asûrim. De retour au rez-de-chaussée, il jeta un regard noir du côté d'Undalyn, qui lui répondit par un sourire, avant de ressortir en vitesse pour alerter la Garde Civile.
Undalyn s'approcha de la table, et prit les jetons. Personne ne t'enta de l'en empêcher, ni même ne sembla s'en apercevoir, comme si c'était la chose la plus naturelle au monde.
Il les changea presque tous, sauf un. Il lui fallait quelque chose que l'homme avait touché, pour le retrouver, car il allait devoir utiliser la magie. Emporter la chaise ou la table, ne semblait pas une bonne idée. Les cartes, à la rigueur, mais puisqu'il avait les jetons... et puis ça l'arrangeait.
Deux mille sept cents florins, c'était le montant de ses gains, vingt sept petites pièces d'or. Il ressortit sous la pluie, assez satisfait. Il ne lui restait plus qu'à retrouver son Asûrim pour discuter un peu.
2.
Il était malin. Il lui fallut trois jours pour retrouver sa piste, après quoi cela fut un jeu d'enfant. Son cheval, une race mutante spécialement créée pour les besoins des Rangers, était plus rapide et plus résistant que le sien - pourtant exceptionnel - et il était parfaitement au fait de toutes les ruses qu'un homme peut utiliser pour brouiller une piste. Au bout d'une demi-journée, voyant qu'il ne le sèmerait pas, l'Asûrim laissa son cheval et grimpa au sommet d'un grand sapin, armé d'une petite arbalète.
- Je n'ai aucune envie de vous tuer !" cria-t-il "Ne m'obligez pas à le faire !
- Tu ne peux pas me tuer avec ce genre d'arme.
- Vous êtes Archimage ?
- Non.
- Vous avez l'aura d'un Archimage.
- Allez viens par ici. Si je voulais te capturer, ce serait déjà fait.
Prudemment, l'Asûrim descendit jusqu'à une branche basse, après avoir accroché son arme à sa ceinture - une vraie petite merveille, une arbalète semi-automatique avec cinq carreaux dans le chargeur -.
Undalyn était frappé par l'aura d'excellence qui se dégageait de toute sa personne. Il avait la grâce féline d'un épéiste de haut niveau, et le maintien d'un homme de la véritable aristocratie, une noblesse et un raffinement de l'âme qui se reflétait dans tout son corps. D'où venait-il ? Qui était-il ? Et puis il était d'une singulière beauté, avec ses longs cheveux blonds qui formaient une tresse dans son dos, ses grands yeux bleus pailletés d'or qui reflétaient une intelligence supérieure, et son visage aux traits presque enfantins empreints de tristesse. En même temps il y avait aussi en lui une gaieté spontanée.
- Je vous reconnais, vous êtes le gars du bar. Qu'est-ce que vous me voulez ?
Comment lui demander d'être son serviteur ? Undalyn se serait senti affreusement gêné si Samaël n'avait commandité toute l'affaire. Mais il avait confiance, il ne l'avait jamais égaré, tous ses conseils se révélaient pertinents avec le temps. Ce fut donc avec assurance qu'il déclara :
- Je cherche un serviteur comme toi.
L'autre éclata de rire, un rire franc, plein de fraîcheur. La proposition l'amusait beaucoup.
- Je ne suis le serviteur de personne.
- Tu es au courant que tu ne leur échapperas pas, n'est-ce pas ?
- Je ne suis pas un criminel.
- Tu es un Asûrim, ça leur suffit. Laisse-moi deviner : tu joues aux cartes pour te payer les services d'un magicien, afin d'obtenir un sort de dissimulation. Alors que tu t'es déjà fait rouler. Crois-moi, personne ne te fournira un tel sort, quel que soit le prix que tu paies. Ils continueront à te prendre ton argent et à te fournir des gri-gris inefficaces, ce dont tu ne pourras t'apercevoir qu'à l'usage. Ta tête sera mise à prix, tu te feras prendre par des chasseurs de prime, ou dénoncer par le prochain mage que tu vas tenter d'embaucher, et tu finiras sur un bûcher.
- Qu'est-ce que vous avez montré à ce type, dans le bar, pour qu'il renonce à vous ennuyer ?
Undalyn lui montra son insigne.
- Ah, vous êtes un de ces mutants qui chassent les monstres... C'est un métier terriblement dangereux, à ce qu'on dit. Un genre de sacerdoce.
- C'est vrai.
- Et vous êtes seul ?
- Tous mes compagnons se font tuer, alors je n'en ai plus. Mais toi, tu es différent. Je n'ai jamais songé à engager un Asûrim, alors que c'est la solution évidente, quand on y réfléchit.
Il s'assit sur sa branche d'un air pensif.
- Et vous bien sûr, vous vous proposez de me le fournir, ce sort.
- En quelque sorte.
- J'aimerais mieux vous payer. Vous voulez combien ?
- Je ne veux pas d'argent. En revanche j'ai besoin d'un serviteur comme toi. Quelqu'un qui sache s'occuper des chevaux, laver le linge, monter un camp... En même temps, je soupçonne que tu ne sais rien faire de tout cela.
- Votre perspicacité m'impressionne.
Undalyn hocha la tête.
- Je ne peux obliger personne à me servir. Mais dans le cas présent, il semble que nous ayons un intérêt mutuel. Tu ne mourras pas si facilement que les autres, et après un temps d'apprentissage, tu feras un serviteur honorable.
- Un temps d'apprentissage ! Je crois rêver.
- C'est ça, ou je te laisse à ton destin.
A vrai dire Undalyn ne le souhaitait pas. Non seulement l'Asûrim était beau, mais il avait l'air d'un homme bon. Quelqu'un de doux et de gentil forcé par le sort à s'acheter une arbalète et à grimper au sommet des arbres. Quelqu'un qui était bien incapable de se venger des escrocs qui lui prenaient son argent en échange de sorts factices. Bien que le temps fût terne et morose, on aurait dit qu'autour de lui il faisait soleil, il émanait de lui une lumière chaude et dorée qui réchauffait le coeur.
- Eh bien... soyons fous" déclara finalement l'Asûrim en sautant sur le sol d'un bond souple.
Undalyn était curieux maintenant. Comment cet homme, qui avait manifestement été élevé dans des palais, allait réagir quand il allait devoir dormir et manger par terre, préparer des bains, nettoyer du linge ?
Il se promit de lui rendre la vie pas trop difficile, et songea presque à lui rendre son argent. En même temps il avait l'air dépensier comme le sont les gens qui ont toujours été riches. Il portait un ensemble en daim d'excellente qualité, un foulard en soie bleue assorti à la couleur de ses yeux, des bottines en cuir souple, de la meilleure facture... et puis son parfum, qui sentait divinement bon.
- Biscotte !" appela-t-il :"Biscotte !
- Qu'est-ce que c'est que ce nom ridicule ? Pourquoi pas Tartine ou Carpette ?
- Ces noms ne seraient pas du tout appropriés, en vertu de la Science des Lettres, Tartine c'est pour un âne, et Carpette... pour un tapis. En revanche, Biscotte est parfait.
- La Science des Lettres ? Je croyais que tu ne connaissais pas la magie.
- Je ne la connais pas, mais je sais encore quel nom je dois donner à mon cheval. Biscotte !
- Et tu crois qu'elle va venir ? On voit que tu n'y connais rien en chevaux.
- Je n'y connais pas grand chose concrètement, mais je suis télépathe. Les Asûrim sont télépathes, contrairement aux Eldars, qui sont complètement bouchés, pour ce que j'en ai vu.
De fait, sa jument apparut à l'autre bout de la clairière. Il l'approcha, sortit une pomme de l'un des sacs qu'elle portait et la lui donna en lui caressant gentiment le museau. "C'est bien, ma belle.
Undalyn lui tendit un bracelet en argent, orné d'un petit saphir.
- Tiens. Ceci te cachera aux yeux de tous, y compris les sorciers les plus puissants. Mais ne t'avise pas de t'enfuir pendant que je dormirai, parce que je serai sans pitié. Personne ne trahit ma confiance.
- Je n'en ai pas l'intention" répondit l'Asûrim en le fixant d'un regard clair et amusé en même temps. Un tel homme n'était pas gouverné par la peur. Et s'il avait accepté sa proposition, ce n'était pas non plus par crainte de ce qui risquait de lui arriver. Il avait un autre motif, qu'Undalyn ne discernait pas très bien.
Son nouveau compagnon enfila le bracelet, puis il monta en selle et ils prirent le chemin de la bourgade la plus proche, située à quelques heures de là.
Undalyn jaugea son sort d'un oeil appréciateur. L'illusion était bonne, l'aura était efficacement recomposée pour ressembler à celle de n'importe quel Eldar. Ça lui avait coûté, parce qu'il n'avait pu confier ce travail à personne, en sorte qu'il avait été contraint de manipuler la magie, chose qu'il évitait comme la peste. Mais comment obéir à Samaël sans protéger l'Asûrim des Inquisiteurs ? Il ne souhaitait pas avoir ces gens sur le dos.
Une fois parvenus à destination, Undalyn se rendit chez le bourgmestre, qui lui confirma qu'une paire d'araignes géantes terrorisait les paysans alentours. Tous les témoignages étaient réunis dans un dossier qu'il passa le reste de l'après-midi à étudier.

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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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