Comment font les maîtres...
Les maîtres ne mettent personne à la porte (sauf les personnes psychologiquement très perturbées), ils se contentent de garder les choses pour eux, sans rien dire, jusqu'à ce qu'ils rencontrent un disciple qui les veut vraiment. Je ne parle pas des mots bien sûr, mais des transmissions.
Je l'ai vu cet été avec ce prêtre catholique. Exilé dans un monastère étranger suite à des événements que je ne relaterai pas, il rasait les murs et ne se faisait connaître de personne. Autour de lui, les moines le prenaient pour un type bizarre, ou insignifiant, à l'exception de quelques rares personnes qui avaient reconnu ses qualités.
J'avais envoyé un ami avant moi pour tâter le terrain. Il savait à quoi s'attendre, mais le premier jour il est resté passif, ne sachant quoi faire d'autre, au final il ne s'est rien passé. Son témoignage ne collait pas du tout avec celui d'un autre ami qui l'avait vu avant (et qui donc nous avait signalé son existence). Le problème c'est qu'il ne savait pas du tout quoi demander, parce que l'ami précédent avait reçu on ne savait quoi, on ne savait comment, parce qu'il avait été "reconnu" pour une raison bien précise. Ce qui n'était pas le cas de cet autre ami. On ne pouvait pas aller le voir en lui disant "Au fait, pour ne pourriez pas me faire le truc que vous avez fait à Machin le mois dernier ?". Parce que Machin, en premier lieu, n'était pas censé avoir raconté ce qui lui était arrivé. En plus, chez les chrétiens, il n'y a pas tellement de transmissions répertoriées, il n'est pas d'usage d'aller voir les prêtres pour leur demander des darshans, des initiations ou je ne sais quoi.
Au bout d'1h de conversation qui tournait en rond je lui ai dit :"Non mais écoute, prends le au mot. Il t'a dit que prier c'est facile et qu'il suffit de demander à Jésus ou à la Sainte Vierge d'être là, et ils sont là. Bon ben dis-le que pour toi ils ne viennent pas du tout, et que tu aimerais bien qu'il les fasse venir". Je n'imaginais pas du tout le résultat. Quoi qu'il en soit, cela a été le début de toute une série. Jésus, Marie, le Saint Esprit, le Père, Saint Michel... Mais il fallait demander, toujours, et avec une bonne raison. Quand ça a été mon tour, je me suis jeté à ses pieds, et même pour ma copine-pas-très-croyante-mais-qui-voulait-quand-même-le-voir. Imaginez la conversation. Il lui demande :"Voulez-vous connaître la grâce de notre Seigneur ? - Je ne sais pas". (Moi en pensée : Ptain mais qu'est-ce qu'elle raconte, c'est pas possible d'en tenir une couche pareille). Le suite est surréaliste :" Mon Père, je la connais bien, elle ne le sait pas mais elle la veut. Je peux vous garantir qu'elle la veut". Encore un cas où j'ai pris la décision pour quelqu'un d'autre...
Bref, ceci pour dire que le plus facile, c'est de passer à côté. Le gars ne cherche pas à transmettre, il reste dans son coin, et si on ne vient pas ramper là, on n'a rien, on ne sait même pas que quelque chose est possible. Je pense qu'ils sont tous comme ça, peu ou prou.