Découvrir l’évidence

Hier, en revoyant des vidéos du Lopön, l’absurdité de ses « enseignements » m’a sauté en pleine face. Le plus étrange, c’est qu’il m’aura fallu quinze ans pour le voir : comme dit le proverbe, plus c’est gros plus ça passe. De fait, c’est comme s’il donnait un cours d’interprétation musicale à des sourds qui ne peuvent pas encore concevoir ce qu’est une note de musique. Le plus beau de l’affaire, c’est qu’il pourrait leur ouvrir les oreilles, je suis convaincu qu’il en a le pouvoir, mais il a choisi de ne pas le faire. Il manifeste donc une agitation permanente, se gardant bien de jamais tomber dans un état méditatif (comme le font parfois les lamas plus ordinaires), de crainte sans doute que quelqu’un puisse capter quelque lumière et commencer, un jour, à comprendre de quoi il parle. Sur 6 heures de vidéo, j’ai trouvé un vague début de commencement de quelque chose, pendant trente secondes. C’est pour cette raison que personne ne l’a accusé d’avoir divulgué le dzogchen, comme on a pu accuser Norbu par exemple : il peut assurer à ses pairs en son âme et conscience qu’il n’a rien divulgué du tout.
Pourquoi personne ne peut-il le voir ? C’est très simple à mon avis. Il y a un certain nombre de gens qui expérimentent ici et là l’état naturel, le problème n’est pas là. Le problème, c’est qu’il faut commencer à percevoir le type de transformation que cela induit pour avoir une idée de l’univers qui sépare les sourds des bien-entendants. A ce moment, on réalise que les uns sont sur terre, les autres sur Orion, et tout à coup il peut sauter aux yeux que décrire les paysages d’Orion à des terriens est une démarche totalement absurde, quoique financièrement productive. De toutes façons le Lopön a toujours dit que sa priorité était d’acquérir un centre pour mettre ses textes en sécurité, pas d’enseigner. C’est pour cette raison que ses enseignements sont si indigents, comparés à d’autres : il n’a rien le droit de dire qui pourrait mettre les gens sur la piste, ayant fait le choix de ne rien montrer. Par comparaison, si on lit les enseignements de C* Rinpoche, on trouve des multitudes de détails intéressants, et un certain esprit qui pourrait informer sur ce qu’est un pratiquant. En soi c’est loin d’être suffisant, mais enfin, il y a eu des fuites de son côté c’est évident, et c’est à mon avis ce qui a causé sa mort. ll en a trop dit, et surtout il s’est bien trop laissé voir en train de méditer.