Le sens de l'aspiration
Il me semble de plus en plus vrai que ce n'est que par l'exemple que nous pouvons progresser vers le divin. Cet exemple, dans la plupart des cas, est celui d'un maître vivant ou mort (comme Jésus), bien qu'il soit possible de suivre celui d'un maître imaginé, même si je ne saurais expliquer dans quelles conditions cette dernière option peut fonctionner, car on voit bien que la plupart du temps elle ne fonctionne pas. En tous cas ce qui est nécessaire dans un cas comme dans l'autre, c'est la capacité d'établir un rapport de dualitude (cf article précédent) avec le maître, ce qui va automatiquement se traduire par l'aspiration à la Servitude, ainsi que le constate Ryndil. Inversement, on peut dire que cette aspiration qui apparaîtrait sans ce rapport de dualitude, est le signe d'une dévotion et d'un esprit de sacrifice qui vont rendre possible son instauration.
Ordinairement, on peut donc dire qu'il y a une progression logique dans le chemin : l'aspiration à la station de la Servitude, qui reproduit le rapport existant entre Adam (l'homme universel) et Dieu, et qui semble-t-il organise la totalité des cieux et des maîtres entre eux. Cette aspiration du disciple va attiser l'aspiration du maître envers lui, ce qui rendra possible l'établissement du rapport de dualitude. En effet, ce dernier n'émergera que par l'apparition de l'imaginal chez le disciple (la rencontre avec son Ange), épiphanisé par le maître. C'est la signification du stade de génération chez les tibétains. Mais on comprend que dans le cas général, le yidam ne va pouvoir émerger que par la transmission du pouvoir spirituel du maître, qui ne se fera que par l'aspiration du disciple à Le servir. Ensuite, on peut dire que c'est lorsqu'il deviendra complètement ouvert à l'aspiration du maître, comme le miroir s'alignant parfaitement face au soleil, qu'il deviendra lui-même le but de Dieu, et apte à prendre des disciples.
C'est la configuration idéale évidemment. Dans mon Roman, on voit qu'une disciple échoit à Ryndil avant qu'il se juge apte, tandis que lui-même n'a pas encore trouvé de maître physique alors que son maître imaginal est puissamment établi, comme en témoignent ses visions. On peut en déduire que son futur maître n'aura pas pour fonction de lui faire accomplir le stade de génération, mais le stade d'accomplissement, qui n'est pas à la portée de tous. En effet, le stade de génération révèle les attributs de Beauté, dans la présence, tandis que le stade d'accomplissement révèle la Majesté, dans l'absence. C'est une épreuve que toutes les âmes ne sont pas prêtes à subir. Anton, par exemple, n'a jamais été abandonné par son gourou, cela va de pair avec le fait que son gourou a pris une bonne partie de son karma pour le sauver, en conséquence de quoi il n'est pas d'une grande solidité. C'est le modèle du "bon" disciple, qui n'aspire qu'à une vie de dévotions. Mais celui qui a de réelles prédispositions à la sainteté sera abandonné, pour ne pas dire rejeté, et soumis à une épreuve qui briserait tous les bons disciples. C'est à travers l'absence qu'il atteindra à l'anéantissement total de son être, et donc à la surexistence.
Quoi qu'il en soit mon objet n'est pas là. Ce que je voulais dire au départ, c'est que si une personne trouve un maître qu'il a la moindre aspiration à servir, il ferait bien de se jeter à ses pieds et de le servir, seule façon de devenir le but du maître, car s'il ne le devient pas, il a peu de chances de voir son aspiration survivre, sans parler de la transmettre.
On peut donc conclure que l'on ne peut avoir un elfe que si on est/a été soi-même l'elfe de quelqu'un et qu'on a compris ce que cela implique.
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