Le mensonge appelle le mensonge
Comme je le disais à Yogi des Grottes, le mensonge appelle le mensonge, tout cela de manière inconsciente chez la plupart des gens bien sûr. Néanmoins, on peut observer le processus tout à fait consciemment. Personnellement, je n’aime pas spécialement mentir, surtout qu’il y a toujours le risque de s’emmêler les pinceaux plus tard. Cependant, quand l’autre me ment, c’est comme s’il me donnait l’autorisation de lui mentir.
Yogi, par exemple, a une façon de mentir bien à lui, soi-disant pour arranger les choses, mais cela conduit simplement les gens à lui mentir en retour. Par exemple, s’il veut une chambre seul pour une retraite, il ne va pas dire : « Je ne peux pas dormir avec les gens parce que ça me dérange, il me faut une chambre seul », il va dire : « J’ai des pratiques secrètes et des samayas, il me faut une chambre seul ». Ce n’est pas que ça soit faux, mais disons que ça n’est que partiellement juste. Cependant, il va choisir cet argument pour obliger les gens à lui fournir une chambre seul. En conséquence de quoi, les gens, percevant inconsciemment la manœuvre, vont inventer tous les moyens possibles et imaginables pour l’empêcher d’avoir sa chambre. L’été dernier, c’était caricatural. Il s’agissait d’une retraite où il n’y avait qu’une chambre seul. Il l’a réclamée (2 mois à l’avance) avec son argument habituel. On lui a répondu « il y a une vieille dame qui l’a demandée il y a 3 mois et on ne peut pas la lui enlever ». En fait, il l’a su plus tard, c’était un mensonge éhonté : une personne avait demandé une chambre avec 1 ou 2 lits, si possible. Et on ne lui avait rien promis du tout. Lui, bien sûr, il est allé la voir, croyant que cette chambre lui était réservée. Du coup, apprenant qu’elle l’avait, elle s’y est accrochée comme une moule à son rocher… Tout ça au milieu de manœuvres tordues avec les gérants du centre, en passant par une ami qui avait des « relations »…
En fait c’est toujours la même chose. Si une personne essaie d’en contraindre une autre avec des mensonges, celle qui est contrainte va trouver des mensonges encore plus contraignants pour y échapper.
Om-karatéka, par exemple, s’est marié avec une fille pour « l’aider ». En fait, c’était pour la baiser. Elle, elle le savait. Donc, elle lui a fait croire qu’il pourrait la baiser, afin de recevoir son « aide ». Bien sûr, une fois marié, il n’a pas été question de quoi que ce soit. Lui, se sentant trahi, a essayé de lui faire des coups foireux. Et là, ça a été l’escalade des mensonges, jusqu’à des menaces franchement pas cool. Mais qui avait commencé ? S’il n’avait pas commencé, rien ne serait arrivé.
Il y a des gens qui sont franchement doués pour reconnaître le mensonge « originel », inconsciemment bien sûr. A un moment, il y avait un type qui me faisait tellement chier en exigeant des trucs de moi que je lui ai dit que j’étais tombé malade (avec des symptômes vérifiables bien sûr). Qu’a-t-il fait ? Il est tombé malade aussi, et de manière tout aussi psychosomatique, mais encore plus que moi. Comme ça, c’était encore lui la victime.
En général, on constate que les choses tombent toujours sur la gueule de celui qui commence à mentir, plus rarement sur celle de celui qui se défend. Donc, quand quelqu’un nous demande un service, mieux vaut dire « ça me fait chier j’ai pas envie », que de dire « ben non j’ai pas la voiture aujourd’hui » parce que sinon : « ben c’est pas grave moi j’ai la mienne.
- Nan mais je me suis tordu le poignet hier.
- T’inquiète y a rien de lourd à porter.
- Bah oui mais en fait faudrait que je sois rentré vers 18h.
- Dans ce cas je viens te chercher plus tôt… ».
D’un autre côté c’est pas toujours facile de refuser. Le plus simple, c’est alors de remonter d’un cran, de prévoir le coup longtemps à l’avance, et de se faire passer pour un bon à rien. Mais qui aime passer pour un bon à rien ? On se fait souvent avoir parce qu’un jour on a voulu faire le cake en se vantant de quelque chose. Si en plus ce jour on mentait, on est bien dans la merde.
Yogi a remarqué que certaines filles sont assez douées pour mentir à 30 secondes d’intervalle :
- Snif, aujourd’hui j’ai pleuré, parce que j’ai pas de sous pour manger.
- Oh ben c’est triste.
- Surtout que je suis dans cet appart’ pourri. Ces salauds ils m’ont refusé un appart’ à 750 euros de loyer soi-disant que je gagnais pas assez.
- Ah ?
- Bah oui c’est pas normal, je gagne 1500 euros par mois, ma maman me paie la moitié du loyer, en plus j’ai des allocs. Du fric j’en ai plein »
Cherchez l’erreur. Surtout que la minute d’après vous apprenez que les allocs sont « coupées pour le moment ». Yogi, quand on lui demande un service dans ces conditions, il fait comme tout le monde, il se met à mentir comme un arracheur de dents, et après, la relation devient un tel merdier que plus personne ne sait où il habite.
Ça n’a pas toujours été comme ça. Autrefois, il les coinçait : « Y a 5 minutes t’as dit ça ». Elles pétaient les plombs. Genre :
ELLE : c’est quelle heure ?
LUI : 20h. Je me fais du riz, t’en veux ?
ELLE : non.
20mn plus tard.
ELLE : Ben tu m’as pas fait de riz ?
LUI : non t’as dit que t’en voulais pas.
ELLE : mais je savais pas qu’on était si tard.
LUI : Pourtant tu venais juste de me demander l’heure.
ELLE : Raaahhh (avec la tête qui fait 3 fois le tour sur elle-même, comme dans l’Exorciste).
Maintenant, au lieu de les coincer, il fait le con. « Ah bon ben excuse-moi, je suis une merde, j’ai oublié ». D’après moi, ça fait certainement beaucoup plus de dégâts au niveau inconscient, parce que c’est un mensonge, mais qui s’en soucie ? Le principal, c’est de ne pas être celui qui commence.