Le vie divine
J'essaie de finir "Daughter of fire" de Irina Tweedie, et il se confirme ce qui est déjà visible avec le Père Joseph, à savoir que l'amour divin est totalement inhumain. Rudi dit aussi que nous sommes tellement éloignés de Dieu que franchement, on ne peut pas s'imaginer comme ça avoir une relation avec lui. Certes c'est très à la mode, des tas de gens essaient de nous convaincre que Dieu nous aime tels que nous sommes. Peut-être. Mais je sais surtout que nous ne pouvons pas l'aimer tels que nous sommes, alors de toutes façons ça nous fait une belle jambe. Et quand on voit ce qu'il y a à enlever...
Justement je suis en train d'écrire une nouvelle saison de roman. L'héroïne est une brave fille (plutôt un garçon manqué de 1m87, pour ceux qui avaient lu ma précédente saison c'est une Eldar) qui pratique le dharma, elle a également une petite école d'arts martiaux, une vie sympa avec plein d'amis, et voilà qu'elle croise un prêtre orthodoxe qui loge sur un banc, la nuit du 31 décembre. Il est aveugle, il vient du Mont Athos, elle l'héberge. Lui il vient d'une précédente saison, en fait c'est Yaël, un Asurim à demi Eldar, 200 ans ont passé depuis les histoires avec Daniel, dont 70 sur le Mont Athos. C'est-à-dire qu'il a été disciple du Père Joseph, qui lui en a fait voir des vertes et des pas mûres. Ce dernier l'a obligé à devenir prêtre malgré son statut très bizarre, parce qu'il connaissait son avenir. Après le Père Joseph, il a passé sa vie en ermite, à confesser des moines. Puis Dieu lui a ôté la vue, on l'a chassé du Mont Athos, et il a fait du stop, allant là où on l'emmenait. Et donc il tombe finalement chez cette fille qui se fait passer pour un gars.
Non, il n'y aura aucune idylle. Lui il est bien au-dessus de ça (il en est à la fin de la 3è vision, pour les connaisseurs), et elle, elle n'oserait pas y penser. Donc quoi ? C'est forcément une histoire maître-disciple. On se rend mieux compte de ce que ça implique quand on l'invente que quand on la lit. La pauvre fille en le voyant se rend compte que sa vie ne vaut rien, qu'elle a pratiqué pour rien... elle demande qu'il la baptise dans la Foi Orthodoxe, il finit par accepter. Ensuite elle subit tous les problèmes du bon disciple. Lui, il ne veut pas être dur avec elle, il est gentil. Mais la lumière divine qui émane de lui fait son travail, qu'on le veuille ou non. La pauvre fille passe son temps à pleurer, et il n'y a rien à faire. Ensuite ils se rendent en Eldria, une Principauté Eldar qui occupe le Val d'Aoste, objet d'une autre partie de roman. Le chef en est un sorcier exilé d'Eldara (une petite planète vivante cachée derrière la lune) depuis 1609. Voyant la merde venir, il a fermé les frontières et imposé qu'on garde un mode de vie traditionnel. Il y a quelque grosse machines agricoles, mais une seule route, presque pas de voitures, on voyage à cheval, 3 ordinateurs, aucun téléphone portable, pas d'usines... Les gens sont heureux, c'est une sorte de petit paradis, car la pollution n'existe pas, ils sont protégés par un dôme de magie. L'éducation est bonne, tout le monde fait du sport et surtout des arts martiaux, les gens vivent 300 ans etc. Comment se protègent-ils des Américains et des Russes et des Chinois qui voudraient acheter leurs terres non polluées ? Le Prince évidemment est multi-milliardaire, il a une usine d'armement, avec toutes les meilleures technologies. Ça lui fait du souci, pour sûr. Il y a aussi le Prince Aranthiel qui a atterri dans le coin, un sorcier extrêmement puissant, alimenté par un rayon de magie qui lui vient d'Eldara. C'est une sorte de dieu.
Bref, la fille (Alex) débarque pour un stage d'arts martiaux avec son prêtre (le Père Evangelos), mais le prêtre est refoulé à la frontière. Ils doivent passer la nuit dehors, mi-février, ça caille, ils font des métanies toute la nuit, à 8h du mat' on les fait finalement entrer, la fille va au stage, épuisée, enrhumée, elle se pète le genou, elle passe le lendemain à l'hosto, ça a l'air mal barré pour les arts martiaux. Elle pense devenir religieuse sous la direction du prêtre, elle est sûre que c'est un saint et qu'il la conduira à Dieu. Pas de pot, Aranthiel entre en scène, ils tombent amoureux l'un de l'autre, Alex doit choisir entre une vie monastique de larmes et de privations, et une vie dans un endroit super sympa avec un gars super intéressant qui pourrait lui faire quelques merveilleux enfants...
Dans tout cela, il m'est clair qu'elle doit choisir au fond entre l'humanité heureuse, et la vie divine, qui n'est absolument pas la vie sympa qu'on imagine, mais qui consiste à supporter des merdes qui vous tombent dessus jour après jour... jusqu'à votre mort. Les Saintes voies de la Croix, pour résumer.
En tous cas hier j'ai eu une sorte d'illumination. Peut-on l'imaginer, quelques secondes plus tard le chat me fout la griffe dans l'oeil, j'ai cru qu'il m'avait éborgné, de fait c'est tombé pas loin (en plus notre chat mange de la viande, je vous raconte pas les bactéries sous les griffes). Et une demi-heure plus tard, je me pète un doigt de pied dans un transat, j'ai réussi à faire mes prosternes ce "matin" à 13h, mais pour marcher ça craint un peu. Mais en fait je ne m'attends pas à ce que les choses s'arrangent, bien au contraire.
Chepa parlait sans arrêt de la patience, pour lui c'était une qualité fondamentale, maintenant je crois savoir de quoi il parlait. Il ne s'agit pas d'être patient avec les gens, mais avec Dieu, qui ne nous envoie que des épreuves, qui doit nous en envoyer le maximum pour qu'on devienne capables de le voir. Les gens sont seulement une partie de l'équation.