Rêve éveillé

Cette nuit j'ai fait un rêve éveillé vraiment bizarre qui vaut bien un rêve lucide du même style à mon avis...

Après un rêve où je me retrouvais avec un objet qui contenait du "mal", je décide de le faire fondre dans un creuset contenant de l'or en fusion afin qu'il réintègre sa vraie nature. Mais à la fin du processus il reste un petit grain noir qui est en quelque sorte du mal concentré et je projette d'aller le fondre dans le coeur du soleil lorsqu'il s'envole et va s'agréger à l'obscurité qui entoure l'univers (Maître Philippe dit que les "ténèbres extrérieures de l'univers" sont le lieu d'un mal qu'on ne saurait même pas imaginer), tandis que le reste de l'objet a entièrement réintégré sa nature lumineuse. A ce moment me vient l'idée que puisque j'ai rendu aux démons l'un d'entre eux, ils veulent bien libérer en échange une âme humaine et juste au-delà du cercle qui délimite l'univers et les ténèbres, je vois une femme, repliée sur elle-même. Surprise, c'est ma grand-mère (qui est encore vivante !) et en fait elle tient dans ses bras un petit enfant, qui est le fils mort-né qu'elle a eu je ne sais plus quand. Je ne peux pas prendre les deux, donc je prends l'enfant qu'elle me tend, et je veux le conduire vers le soleil mais à son entrée dans le cercle de l'univers il se déploie en une sorte d'être noir et monstrueux. Je le baigne dans les rayons du soleil pour le nettoyer, il s'avère qu'il n'a qu'une dent, et qu'il n'est quand même pas très chouette. Je le conduis donc à Ekazati, une protectrice du dzogchen qui n'a qu'une dent et un cheveu justement, pour qu'il devienne son serviteur, et elle se transforme en une nuée de petites dakini lumineuses qui entrent dans son corps et le purifient. Ensuite il reste avec elle.

Vraiment trop bizarre ce rêve. Je connais assez bien le rêve éveillé, en général c'est moins farfelu, et plus attendu. C'est très utilisé dans le faux chamanisme qui est actuellement bien répandu chez nous, le résultat est toujours assez prévisible, genre on descend dans le royaume souterrain avec quelques objets de pouvoir, on rencontre ses animaux de pouvoir, après on va aider telle ou telle personne plus ou moins prévue, mais ce que j'ai toujours constaté, c'est que ça suit quand même d'assez près l'idée qu'on en a, et que l'esprit prend rarement des virages à 90°. Dans le rêve de cette nuit, je peux dire que j'ai été surprise plus d'une fois, et que ça a pris des directions dont je n'avais pas forcément envie. Quelque part mon imagination traçait un chemin, et ça allait tout à fait autre part. Maintenant je n'en conclus rien, à part le fait que mon esprit suit moins qu'autrefois les directions que mes conceptions habituelles pourraient lui indiquer. Cela dit je n'en déduis pas que ma grand-mère soit là où je l'ai vue, ni son fils, auquel je ne pense absolument jamais.

En fait c'est un peu là où beaucoup de récits de mystiques posent problème. Quasiment tous concluent à l'objectivité de leurs visions, c'est-à-dire au fait qu'elles ont une contrepartie chez les autres personnes, pourtant Mère a bien constaté que ça n'était pas forcément le cas, même si ce sycophante de satprem passait son temps à tordre lav réalité pour le lui faire croire, et même si elle-même sautait naturellement à cette conclusion. Par exemple, dans son expérience du "bateau supramental", elle voit des gens de l'ashram en voie de supramentalisation, et pour elle ça ne fait aucun doute que les vrais gens sont concernés. C'est vraiment un erreur de débutant, car en réalité, ça ne fait aucun doute qu'il s'agit de ses contreparties intérieures des gens de l'ashram, mais pas des vrais gens. De même, si tous les saints qui rêvent qu'ils sont le pôle de l'Islam étaient les pôles de l'Islam, il y aurait une légère surpopulation de pôles. Dans leur Vision, Hallaj était au-dessus du Prophète, Ruzbehan était au-dessus de tout le monde sauf du Prophète, Ibn Arabi était le sceau de la Sainteté universelle... Pour autant ça ne veut pas dire que leur vision ne vaut rien, elle est vraie dans leur univers, et ça permet d'ailleurs de saisir qu'il n'y a pas d'univers objectif.