Concept d'écran dans la kabbale / le désir
Je discutais récemment avec un ami d'un concept employé dans la kabbale, celui d'écran. D'après la kabbale, si l'on essaie de recevoir la lumière divine pour son propre usage, cela ne fonctionne pas. Il faut donc la "refuser" en quelque sorte, afin qu'elle soit renvoyée ailleurs et qu'elle soit utile. Ceci génère si j'ai bien compris un second écran, dont le rôle est de recevoir véritablement la lumière divine. Il semble donc qu'en permanence, une partie doive être réfractée, et une autre partie acceptée. J'explique sans doute très mal les choses.
Quoi qu'il en soit, si l'on regarde autour de soi, ces concepts se vérifient très bien. Par exemple si on considère le petit enfant, il veut sans arrêt recevoir de l'amour de sa mère, mais du coup cela ne marche pas, il est frustré en permanence. C'est aussi le cas chez les pornodeps qui voulant toujours plus de plaisir en ont toujours moins, des nymphomanes, des gens qui mangent trop, ou de tous les gens qui finalement ne savent pas se restreindre. Pour la nourriture, j'ai souvent remarqué que les gens (même ceux qui ne sont pas gros) engloutissent leur repas sans en profiter, ils prennent une nouvelle bouchée avant même d'avoir fini la précédente, en sorte qu'ils ont forcément le réflexe d'en reprendre, puisqu'ils ont à peine senti le goût des aliments. C'est ainsi que tout le monde se plaint d'être malade à Noël, puisqu'ils veulent profiter, et en même temps mangent sans prendre le temps d'en profiter. On s'aperçoit d'ailleurs que le plaisir de manger ne dure que tant qu'on a encore faim, si on voulait en profiter, il faudrait donc plutôt manger lentement, et s'arrêter dès qu'on n'a plus faim. Si l'on a profité auparavant, on ne sera pas tenté d'en reprendre. Pour le sexe c'est pareil, à peu près personne n'en profite, et tout le monde est frustré, certains plus que d'autres. Et plus on est frustré, plus on se jette dessus, moins on profite, plus on est frustré etc... Il est donc évident que si l'on veut jouir des choses, il faut commencer par se modérer, ce qui permet par ailleurs d'affiner ses perceptions, seconde condition. En effet, l'excès émousse la perception. C'est ainsi que les fans de sports extrêmes en arrivent à faire positivement n'importe quoi pour éprouver des sensations, alors qu'on peut obtenir davantage avec presque rien, et sans risquer sa vie. en fait tous ces gens qui font des choses extrêmes, aller sur l'Everest, se jeter d'une falaise en parapente, faire de l'escalade en solo, quand on les regarde on s'aperçoit que ce sont des pierres, qui n'ont quasiment aucune sensibilité. Ils sont comme les animaux.
Du côté spirituel, on voit très bien ce qui se passe dans les groupes, avec les gens qui n'ont pas d'écran. A peine se passe-t-il la moindre chose, reçoivent-ils la moindre lumière, qu'ils deviennent à moitié fous. Ils n'ont aucune échelle de comparaison ou de jugement. J'avais autrefois un ami qui, dès qu'il voyait un nouvel enseignant spirituel, le trouvait absolument mirifique. On ne pouvait se fier à aucun de ses jugements, seulement aux faits qu'il rapportait. Dès qu'il avait une expérience, c'était extraordinaire, dès qu'il rencontrait une nouvelle fille, c'était la plus belle, la seule et l'unique (il y en a eu plus de 200 comme ça), et forcément lui-même était un être parfait. Depuis sa naissance en fait. Tout ce qu'on pouvait lui dire, il le savait depuis toujours, il était impossible de lui dire quelque chose qui l'intéresse dans le domaine spirituel, puisqu'il savait tout depuis toujours.
De nos jours, dès qu'une personne reçoit le moindre enseignement de quoi que ce soit, elle atteint à l'omniscience, et plus rien ne l'intéresse. On voit donc parfaitement comment l'égoïsme éteint la lumière divine. "Stop, j'en ai assez, maintenant je suis un être parfait et omniscient, je n'ai plus besoin de rien ni de personne".
Si l'on réceptionne véritablement la lumière divine, alors le désir augmente. De même, si l'on progresse dans la vraie science, le désir de connaître augmente, car on voit de mieux en mieux ce qui nous manque. D'après la kabbale, c'est la loi que Dieu a instauré pour nous. Il est donc facile d'en déduire que les personnes qui se satisfont de ce qu'elles ont n'ont finalement rien reçu de valeur. De nos jours, on trouverait d'ailleurs difficilement une personne qui ait véritablement progressé dans le domaine spirituel.
On me demande souvent : à quoi bon s'intéresser aux autres ? Dans la kabbale, il est dit qu'Adam était une seule âme, dont nous sommes tous les fragments. Et qu'il est nécessaire, pour arriver au summum de la perfection, que chaque âme soit connectée à toutes les autres. Elle les connaîtra à travers ses propres attributs, mais elle les connaîtra toutes. C'est aussi ce que je perçois. Chaque nouvel élément religieux (un nouvel ange, un nouveau saint, une nouvelle doctrine...) est un nouveau pan de l'âme universelle auquel j'ai accès. Physiquement, cela ouvre de nouveau canaux, et crée un nouveau réceptacle pour la lumière divine. Chaque nouveau contact crée un nouveau canal de lumière, s'il est possible de s'exprimer ainsi. Et si celui qui est au bout de la ligne est un imbécile, cela ne change pas grand chose : même la pensée d'un imbécile crée un canal de lumière. L'idiotie est donc une malédiction pour l'idiot, mais pas pour celui qui l'observe. La seule vraie difficulté, c'est d'être vraiment présent à chaque instant, sinon on perd beaucoup d'occasions. Il faudrait pouvoir ralentir le temps, ce que l'on peut faire en imagination. Quand j'imagine une scène de mon roman particulièrement intéressante du point de vue énergétique, je vois maintenant que l'endroit intéressant est en général un moment très particulier et spécifique, et qu'un arrêt sur image permet d'intensifier l'effet. Le corps doit devenir un réseau de lumière divine, cela se fait par une concentration qui identifie très précisément à quel endroit s'ouvrent les canaux, et ce qui les ouvre.
Si l'on est un peu intelligent, on comprendra aussi que ce qui empêche la plupart des gens d'éprouver du plaisir, c'est le refus d'éprouver du désir. Puisque selon la kabbale, plus il y a de désir plus il y a de plaisir. Le bouddhisme dit le contraire, mais le bouddhisme dit aussi beaucoup de sottises au final. En effet; chacun constatera par lui-même que plus il a faim, plus il a de plaisir à manger, et plus il a de désir d'une fille, plus il est heureux d'être avec elle. Si on tue le désir, alors on tue le plaisir. Encore d'après la Kabbale, le Créateur a fait les choses comme ça, il en découle que plus on a de désir de Dieu, plus on reçoit de lumière divine. Le Bouddha dira ce qu'il voudra, cela se vérifie dans tous les écrits des saints. Ce qui est remarquable chez eux, c'est leur faculté de supporter le désir.
Or on voit très bien que le désir, c'est ce que tout le monde essaie de tuer, parce que c'est insupportable. On le voit chez les amoureux : personne n'ose trop tomber amoureux, de peur de se briser sous l'effet du désir. Dès que l'amour apparaît, cela fait trop peur, alors on rationalise, on se dit que cette personne n'est pas extraordinaire, au lieu de faire l'inverse et d'y aller à fond. Car si on y va à fond et que l'autre se refuse, qu'est-ce qu'on va devenir ? On voit pourtant que c'est bien l'option des Fidèles d'Amour et de tous les Saints : y aller à fond. Certes, c'est parfois un enfer, quand on n'est plus capable de voir que le désir va de pair avec la lumière divine, et qu'on a l'impression qu'on va mourir (ce qui n'est pas une mauvaise façon de résoudre le problème puisque la claire lumière de la mort est la suprême béatitude), mais si on apprend à équilibrer les deux aspects, on voit finalement que c'est la seule voie (on a donc toujours l'impression qu'on va mourir, mais pas de la même cause). Il faut s'appliquer à augmenter son désir pour Dieu, et en cela la lecture des Saints nous donne de la matière.
En ce monde, tout est fait pour diminuer le vrai désir, celui qui est vraiment intense, l'atomiser et le faire disparaître dans le néant de tout un tas de faux désirs. La pratique consiste donc, en un sens, à augmenter et intensifier le désir.