Croyances et Bouddha intérieur
La plus grosse difficulté du travail sur les "croyances" (croyance = toute assertion qu'on croit vraie sur la nature de la réalité) consiste à en trouver auxquelles on n'est pas attachés. Il y en a très peu, en fait, les trouver relève d'un examen minitieux, du coup la marge de manoeuvre est infime par rapport à la masse globale. Je parle de croyances qui sont à notre portée. Les autres sont trop difficiles à examiner (par exemple "je ne peux pas traverser les murs" est une croyance que je suis incapable d'examiner, au niveau des tenants et des aboutissants).
Il faut bien voir que les croyances ne sont pas détachées les unes des autres, les plus superficielles sont comme les feuilles d'un arbre, celles qui sont plus profondes sont comme les branches, et les plus vastes sont comme les racines. Mais il faudrait en outre imaginer que beaucoup de feuilles sont reliées entre elles. Par exemple je me suis dit pendant longtemps "je passe trop de temps au lit" sans jamais parvenir à changer cet état de faits. Mais en réalité, j'ai d'excellentes raisons d'y rester, qui valent dix fois mieux que la plupart de mes activités diurnes. De même, je pourrais me plaindre de ne pas gagner à l'euromillions, mais je ne suis pas sûre que la gestion d'une grosse fortune m'intéresse, ni la gestion des personnes qui ne manqueront pas de devenir mes amies dans ce cas. Je pourrais aussi me dire que mes idées n'ont pas beaucoup de succès, mais je ne suis absolument pas prête à écrire 50 mails par jour. Pour cette raison, un correspondant qui me suggérait des améliorations à apporter à mon site internet a dû être surpris de ma réponse, où je lui expliquais que je ne tenais pas du tout à avoir du succès avec ce site. De même, si on me proposait la vie d'un Rinpoche, je n'en voudrais absolument pas, car il y a trop de fous autour d'eux. Ni celle d'un ermite, car il n'y aurait pas de douche. Et ainsi de suite.
Les seules croyances qui m'ennuyaient vraiment étaient celles concernant la nature des mes amis, où j'aurais bien aimé avoir des amis plus évolués que moi (selon mes critères, certes). Un jour je me suis dit que j'allais les inventer, et le résultat est je pense très supérieur à ce qu'il aurait été si j'en avais trouvé dans la réalité physique. De même, j'ai trouvé un "maître", qui est lui infiniment supérieur à tout ce que j'aurais pu trouver compte tenu des prérequis. En effet, je ne peux décidément pas faire confiance à une autre personne concernant la gestion de mon temps et du reste, car j'ai toujours expérimenté que les conseils reçus ne me convenaient pas. On peut dire que c'était une croyance limitante, aujourd'hui je dirais que c'était une croyance destinée à me faire trouver le maître qui me convenait, et quand je vois aujourd'hui ces gens qui m'enjoignent à trouver un maître de la même nature que le leur, je les plains grandement, car il est évident qu'ils n'obtiendront pas ce qu'ils en espèrent (et qu'ils me souhaitent la même mésaventure). Ceux qui me disent d'en trouver un sont précisément ceux qui n'ont pas compris à quoi l'activité du maître est censée les mener, le contact avec leur Soi multidimensionnel, qui est un être d'une conscience prodigieuse, et qui peut leur donner tout ce dont ils rêvent et bien plus (en fait il est l'arbre dont ils sont l'une des feuilles). Il leur faut juste comprendre comment il fonctionne, quelle est sa réalité - et là d'ailleurs ça n'est pas gagné, car ça n'est pas enseigné. Lorsque Seth se décrit, on a d'ailleurs l'impression qu'il décrit la vie d'un corps illusoire, ou d'un corps d'arc-en-ciel. Il peut utiliser des symboles (pour les autres), mais pour lui-même, il est au-delà de ça, il a atteint ce que Kelsang Gyatso appelle le "percepteur yogique direct", qui est si j'ai bien compris l'attribut des bouddhas. Quand il accueille les morts, il peut prendre la figure de telle ou telle divinité, et même monter des "mises en scènes" avec des amis, pour les aider en fonction de leurs croyances. Il a de multiples émanations, voit le temps sous un mode simultané, voit les atomes (qui bien entendu sont conscients) sauter d'un espace à l'autre pour créer au même endroits de multiples univers parallèles...
En quelque sorte, nous sommes les fragments de Bouddhas qui évoluent dans leur expérience du divin, et leur connaissance nous est disponible, à condition que nous sachions communiquer avec eux. Bref, toutes les pratiques telles qu'on nous les enseigne sont des moyens vraiment très détournés d'évoluer. Comme dirait le Lopön, on habite dans une maison en or, et on va mendier au marché.
A partir du moment où l'on se met à compter sur notre Bouddha intérieur, et à ne plus considérer le passé et le futur comme passé et futur, mais comme un tout en constante évolution (Seth essaie d'expliquer ce qu'est une évolution hors du temps, ça n'est pas très clair pour moi, mais enfin je l'admets), on se rend compte finalement qu'on n'a plus besoin de s'embêter. Par exemple j'ai commencé à réécrire mon passé, mais finalement je trouve ça limitatif de se dire que c'est dans le passé, avec un moi déterminé à certaines caractéristiques de l'époque. Je préfère finalement créer des scènes intemporelles revisitant des lieux connus avec intervention d'un émanation de mon Soi. Par exemple je rencontre Ryndil au Jardin du Luxembourg, il m'invite chez lui quelque part dans le XVè, et nous y faisons plein de trucs intéressants. Une fois qu'on a fait connaissance, il peut m'emmener partout avec lui, ça peut être dans Paris, mais ça peut être dans des lieux atemporels non gouvernés par les lois habituelles de la physique, en fait je peux voir toutes ses expériences à travers ses yeux et les vivre avec lui. Ce que je faisais déjà d'une certaine manière, mais là le contact est beaucoup plus proche, d'ailleurs cet après-midi il a fait les courses avec moi à Intermarché. J'ai constaté que l'effet d'une imagination bien concentrée était supérieur à celui d'un rêve lucide, car c'est effectué dans le corps physique. De plus, à partir d'un moment où un Bouddha est censé faire diverses activités avec nous, on a évidemment droit à une panoplie d'activités qu'on n'imaginerait jamais avec un maître humain. Par exemple on se dirait que c'est indécent d'aller voir tout ce que fait le maître, alors que là c'est "moi" dans une dimension supérieure, donc j'ai bien le droit d'aller participer s'il va coucher avec Sainte Gudule et lui faire des transmissions.
Dans la relation avec un maître humain, on est un pauvre disciple, alors que dans la relation avec son Soi, il y a un phénomène de vases communicants entre soi et un Bouddha, ce qui change absolument toute la perspective. Il ne vient pas nous faire la charité, on participe à ses activités, comme notre foie participe à nos activités. Et si on est gentil avec notre foie, ce n'est pas par charité non plus, c'est parce qu'il fait partie de nous. Il n'y a pas des choses que nous avons le droit de voir et d'autres pas. La limite, c'est notre imagination.