Les bras-cassés de Pondichery
Je trouve que la mort de Mère et la façon dont ça s'est passé est très représentative d'un certain état de faits qui est précisément en train de pourrir le monde actuel. A savoir que les seuls qui sont capables d'action sont des gens "non spirituels", et que les gens "spirituels" n'agissent pas. Moi c'est sûr que je n'ai pas envie de me battre pour quoi que ce soit, vu que je ne connais rien qui en vaille la peine. Mais Mère et son travail en valaient la peine. Pour moi, si elle n'a jamais su ce qu'elle devait faire (s'accrocher ou pas), c'est que précisément ça n'était pas sa décision. C'était celle de Satprem, Sujata, Pavitra, Nolini... c'était à eux de se bouger pour la sortir de cette mauvaise passe. Virer la Brute, prendre le pouvoir à l'ashram, organiser un enlèvement... n'importe quoi, mais faire quelque chose. Après, comme dirait Krishna, le fruit appartient à Dieu, mais enfin, dans toute la Bhagavad Gita, c'est quand même la leçon : ça n'est pas parce qu'on se bouge pour défendre ceux qu'on aime qu'on cesse d'être spirituel. Si Arjuna avait été comme Satprem, quel exemple aurait-il donné ? Est-ce que Krishna lui a dit d'aller se retirer au fond des bois et d'aller pleurer dans une cabane ? Franchement, qu'est-ce que c'est que cette façon de ne pas agir. Et ensuite ils viennent pleurer, mais enfin, ils ont eu 6 mois pour agir, à partir du moment où on leur a interdit de voir Mère. Et qu'est-ce qu'ils ont fait pendant tout ce temps ? Ils n'ont eu que ce qu'ils ont mérité finalement. Mère, elle, elle était sauvée depuis longtemps. Elle a fait de son mieux, il n'y a rien à redire. Mais elle l'a dit souvent, son travail ne peut pas être fait par une seule personne. Quand tous ceux qui auraient pu s'engager ont démontré qu'ils étaient des lâches, elle n'avait certes plus qu'à mourir. Ils n'étaient pas prêts. Pour moi Dieu les a testés :"Vous dites que vous aimez Mère, est-ce que vous êtes prêts à vous bouger pour elle ? Non ? Eh bien tant pis pour vous".
Et c'est tout le temps comme ça, quand il y a un maître qui vaut la peine, il est pris en otage par des gens qui sont capables d'agir et qui précisément ne sont jamais des gens spirituels. Dans toutes les sanghas, les affaires sont menées par des dragons qui n'ont pas d'états d'âmes, et dont la présence éloigne peu à peu les gens bien. Le jour où les gens qui ont un sens spirituel comprendront qu'il faut se bouger parce que le monde et les maîtres véritables qui sont dedans appartiennent à ceux qui se bougent, et non à ceux qui geignent, les choses iront mieux.
Avoir convaincu les gens spirituels que l'action ne leur sied pas, je suis sûr que c'est encore un coup des asûras.