Bon c'est pas si compliqué. La première chose c'est de ne croire que ce qu'on voit ou ce qui est rapporté par des témoins absolument sûrs. Dans cette catégorie j'ai mis les saints de toutes traditions, ou des gens qui écrivent leur biographie en rapportant principalement des faits, sans souci de se faire paraître.
La deuxième chose, c'est de comprendre ce que disent les gens. Ça suppose parfois de suspendre son jugement pour un certain temps et de vraiment vouloir se mettre à leur place. Il faut se souvenir aussi qu'ils ne disent pas tout, et qu'on manque d'une bonne partie des infos, donc le jeu c'est aussi de deviner ce qui manque. En fait il faut arriver à savoir ce qui se cache sous les faits rapportés, trouver les causes réelles.
Au début on a toutes sortes de croyances sur la façon dont fonctionne la spiritualité, mais en lisant des témoignages on voit vraiment comment ça marche dans la vie des gens.
Notre petite vie ne suffit pas à nous faire une idée correcte. La plupart des gens jugent l'univers d'après leur vie sans regarder comment ça se passe pour les autres.
Tiens, si on appliquait la méthode ici, on dirait "Comment sais-tu que Mooji a une solution pour chaque cas qui se présente à lui" ? Avec combien de personnes l'ayant vu as-tu parlé ? Et dans ces cas, quels ont été les faits ? (il ne faut pas croire les interprétations des gens, mais leur demander de rapporter les faits).
Par exemple, dans les livres écrits sur les vies de saints récents, les gens vont chercher des témoins, leur demandent de raconter leur cas, et à partir de là on peut faire de recoupements et tirer un certain nombre de conclusions.
Tout ça, c'est une enquête de police.
Par ailleurs, quand je parle de connaissance, il s'agit en premier lieu de la connaissance des chemins spirituels, des méthodes, des degrés, des obstacles. Enfin, de la façon dont ça fonctionne. Et ensuite la connaissance de la façon dont le monde fonctionne, un peu le travail de Mère et Aurobindo, Mère essayait tout de temps de comprendre comment les choses fonctionnaient, ça n'a jamais de fin.
Alors Mooji, le peu que j'ai vu de lui, il ne semblait pas intéressé par ce type de choses, parce qu'il répète tout le temps les mêmes sortes de choses qui sont un genre de néo-advaita qui plaît à tout le monde.
(Comment ai-je pu tomber dans tel et tel piège)
En n'observant pas les autres ? Si on ne fait que s'observer soi-même on est obligé de tomber dans tous les pièges, et d'ailleurs c'est ce qui arrive à tout le monde, puisque personne n'observe les autres. Les deux défauts que tu viens de lister sont universels, on va dans n'importe quel groupe et c'est les premiers qu'on voit, avec le désir de s'accrocher à ses expériences pour se fabriquer une histoire exceptionnelle. Du coup, on peut les éviter chez soi, d'autant plus qu'on constate que tout le monde se fait avoir comme ça.
Mon ex-lama, j'étais le seul à savoir en 2008 qu'il arnaquait les gens et leur mentait sur les points les plus importants. Quand même il y a eu un scandale en 2014 qui a tout révélé et les gens sont tombés de haut. Moi j'avais essayé de le dire. Mon ami peintre JP qui me disait tout le temps "c'est un très grand maître" moi je lui disais "Il a des qualités, mais j'attends de voir ce qu'il fait pour les gens". JP était évidemment persuadé que le lama lui faisait des transmissions extraordinaires. Sauf que dans son vocabulaire, "transmission extraordinaire" ne correspondait pas à grand chose. "Grand maître" non plus, du coup. Et puis si on sait comment est fabriqué le bouddhisme tibétain, on sait ce qu'un vrai maître doit nécessairement enseigner. On voit d'ailleurs qu'ils ne le font pas, et donc que ce sont tous des voleurs, et que toutes leurs belles paroles, c'est du vent. Après, on le vérifie en parlant avec les disciples, qui ne savent rien. Et on le vérifie encore quand les disciples meurent, ils n'ont aucun signe de réalisation.