Double monologue de sourds
De l'eau pour le moulin et du grain à moudre pour ceux qui me détestent :
Ian :
Bonjour,
Moi-même j'ai cru un moment qu'il existait des maîtres qui pouvaient actuellement aider les gens à atteindre des états transcendants, la différence que je n'y ai jamais cru pour moi-même, car j'étais né avec toutes sortes de mauvaises dispositions qui faisaient de moi la dernière personne qu'un maître aurait voulu avoir comme disciple. Je n'exagère pas, à 20 ans j'étais quelqu'un d'hyper négatif, un des pires spécimens d'individus que notre société puisse produire (je ne croyais pas en Dieu, je pensais que l'amour c'était pour les faibles etc), et il m'a fallu un temps fou pour devenir ne serait-ce que plus ou moins "normal". Donc je ne me faisais pas d'illusion sur ce que les maîtres penseraient de moi, en revanche j'ai suivi avec intérêt les tentatives de mes petits camarades mieux nés (mais pas aussi bien que vous, je veux dire que bon, une révélation à 3 ans, c'est rare), mais j'ai vu qu'eux-mêmes qui avaient pourtant des qualités se heurtaient à des portes blindées fermées. Il m'est apparu quelque part en 2007 que personne n'allait nous aider, ni moi ni mes amis. Malgré tous les beaux discours qu'on entend partout (j'ai fréquenté des tas de groupes spirituels, il y a toujours là des promesses mirifiques). Et que le néo-advaita et tous les gourous modernes, ce n'était qu'une arnaque de plus. Ça a été une sorte de choc, quand même.
A partir de là je me suis mis à l'étude vraiment sérieuse des vies des saints. Au début, mon intention n'était pas de le faire que pour moi, mais pour tous ces gens qui croient aux sirènes notamment bouddhistes, qui leur promettent des réalisations extraordinaires. Je connaissais pas mal de gens dans ce milieu. J'ai également entrepris la pratique de tummo, après avoir déterminé que c'était ce qui faisait la différence entre les Rinpoches et les étudiants Occidentaux (pour faire simple il s'agit de faire entrer les souffles vitaux dans le canal central, où ils sont censés se résorber pour produire la claire lumière). Alors là bien sûr je suis allé de désillusion en désillusion, même si c'est par un chemin différent du vôtre. Vous, vous êtes tombé de haut. Moi, je suis tombé de zéro. Je me suis aperçu que j'avais tout le corps subtil encrassé, que c'était vraiment du béton, cela dit cette pratique faisait de petites ouvertures dans ce béton (elle est puissante, et donc dangereuse, bien sûr). J'ai surtout compris que pour faire bouger les souffles vitaux, il fallait déjà les libérer de tous les endroits où ils étaient coincés. Ce qui implique une pratique dévotionnelle sérieuse (une chose qui m'était parfaitement étrangère au départ). Donc je me suis inventé mes propres objets de dévotion puisqu'il n'en existait aucun qui me convienne à l'extérieur. En les nourrissant de toutes les lumières que je trouvais dans toutes les vies des saints.
Pour ce qui est de la vie ordinaire, nous n'allons pas faire un concours de vies ordinaires comme les vieux font des concours d'ordonnances, mais je n'ai rien à vous envier je pense. Et ça me convient. Mon blog est suivi par trois pelés un tondu (il est beaucoup moins populaire qu'à l'époque où j'avais une mentalité assez négative, ça en dit long sur ce qui attire les gens), j'ai écrit un livre que j'ai vendu à 30 exemplaires environ, mes découvertes sur le bouddhisme et tout le reste n'intéressent strictement aucun bouddhiste, de mêmes que celles sur le christianisme n'intéressent absolument aucun chrétien.
Mon vital je l'ai traité d'une façon que j'ai largement exposée mais qui n'intéresse personne ("trop compliqué"). Et pourtant elle est incroyablement efficace. J'ai dû déjà vous en toucher un mot, un roman où on projette toutes ses névroses en essayant de faire évoluer ses personnages. Alors je n'ai pas tout nettoyé, mais un bon bout quand même.
Je ne vais vous donner qu'un exemple de l'efficacité de la méthode, mais qui est parlant je pense. Bizarrement, j'ai l'esprit assez romantique. Donc pendant longtemps, j'ai cherché en vain avec qui je pourrais bien me mettre, jusqu'à comprendre vers 35 ans que j'étais un cas absolument désespéré. Donc j'ai cessé de chercher. Jusqu'à l'âge de 44 ans, je n'ai jamais gardé quelqu'un plus de 15 jours, et encore. De toutes façons je ne supportais pas la présence de qui que ce soit plus de 3 heures. Et puis suite à un concours de circonstances un peu bizarre, la copine de mon meilleur ami m'est tombée dans les bras un beau jour. J'avais 44 ans, aucune expérience de vie commune (sauf avec mon père qui squattait chez moi depuis 10 ans et que je voyais le moins possible), ni même "d'amour humain". J'ai considéré sa demande, et il m'est apparu que c'était finalement la bonne personne, même si ça allait contre tous mes présupposés. Et j'ai su tout de suite comment faire pour que cette relation fonctionne, parce que je l'avais déjà imaginée dans mon roman. J'ai donc appliqué ce que j'avais appris en imagination, et ça s'est révélé tout à fait approprié. J'ai essayé d'expliquer à des amis comment faire, personne n'y a rien compris. Bref, nous vivons ensemble depuis 6 ans... Combien de chances, dans une vie humaine, de rencontrer quelqu'un qu'on aime vraiment et qui nous aime vraiment ?
Je dois préciser ici une chose importante : nous nous connaissions depuis dix ans, je la trouvais inintéressante, et de mon côté elle m'en voulait souvent pour la priver de son compagnon (qui était donc mon meilleur ami, mais ne l'est plus). Autrement dit, nous n'avons aucune névrose commune (on sait qu'on en a quand il y a une "attirance mystérieuse" du vital des 2 personnes). Je pense que les névroses communes sont le problème le plus sérieux de couples. Pour moi, me mettre avec elle a été une décision raisonnée, parce qu'en fait je voulais quelqu'un à aimer. N'importe qui. Mais quelqu'un qui soit d'accord pour être aimé (pas si facile), et qui ne fasse pas des scènes délirantes en permanence. Dans mon roman, j'avais appris comment aimer n'importe qui, indépendamment de toute attirance physique ou vitale ou mentale. Donc je lui ai proposé la chose, et ça lui a convenu. Non pas qu'elle ne me fasse jamais de scène. Mais elle sait qu'elle ne me "tient" pas, ni par le physique, ni par le vital, ni par le mental, et que mon amour est gratuit, et que je le donne parce que j'ai envie. Donc je n'entre pas dans ses scènes, et ça passe vite.
J'ai appris un grand nombre d'autres choses avec le roman. Comment me comporter si j'avais de l'argent et du pouvoir par exemple. Ce qu'est une relation d'amitié entre des êtres évolués, ce qu'est une vraie relation maître/disciple... Il n'y a pas de raison que ces modèles soient moins bons que pour la vie de couple. Quoique je n'aurais probablement jamais la chance de les appliquer. Et mon Dieu, je vois les gens soi-disant évolués tomber dans des pièges tellement grossiers, sur tous ces sujets... Bref.
Donc ensuite, pour ce qui est de nos chances d'évolution. Je suis mitigé. D'un côté, la raison m'incite à me dire que ça n'ira pas loin quoi qu'il en soit. D'un autre côté, il existe une autre pratique tibétaine hyper puissante qui permet de réaliser en une vie (tout ce qui concerne la kundalini et le reste, c'est 7 vies, pour eux). Cela fait 18 ans que j'essaie de la déchiffrer (parce qu'ils ne donnent aucune info réelle, ils appâtent juste le pigeon pour qu'il paie), et là, je pense y être arrivé. Ça ne veut pas dire que ça va marcher. La dernière fois que j'ai réussi à en faire 15mn, le karma m'est tombé dessus, je me suis payé 20j d'une crise de foie mortelle. Je ne sais pas si j'aurai la santé ou l'habileté pour arriver à dégager mon karma sans que ça me soit fatal en cours de route. Je ne préjuge de rien, je sais que 99,9% des gens échouent, et je ne suis pas plus intelligent qu'eux. Juste un peu mieux renseigné, mais ça n'évite pas certaines erreurs. En même temps, je sais qu'il y a des "gens qui ne sont rien" qui s'en sont sortis avec cette pratique (si ça vous intéresse un jour, je vous en parlerai, je n'ai aucun secret et ne suis tenu à aucune secret. C'est un truc vraiment spécial, assez peu connu, et pas du tout compris). Il faut s'isoler, ne pas trop s'inquiéter du monde... De fait, plus on efface son propre karma, moins on voit celui des autres, et du monde. Les grands Rinpoches tibétains ne nous "voient" quasiment plus, sauf s'ils font un effort spécial, qu'ils ne font presque jamais. Alors ça n'est pas hyper altruiste, en même temps j'ai essayé l'altruisme, et ça n'est manifestement pas ma voie, vu que tout le monde s'en fout de ce que je fais. Je pense que les forces adverses nous tombent dessus à partir du moment où on s'occupe de trop de monde. Vous commenciez à avoir pas mal de pouvoir de transmission, et ça pouvait menacer de s'étendre, quand vous avez été attaqué. Et c'est bien connu que les saints sont attaqués précisément quand l'ennemi prévoit qu'ils vont pouvoir aider un grand nombre de gens. Rudi a été tué dans un accident d'avion quand son influence a commencé à s'étendre. Pour ma part on dirait que je suis protégé de tout succès, il semble que ça soit bon signe vu mes objectifs.
Amitiés
Bonjour
Il y a beaucoup d'informations dans votre message, informations qu'il n'est d'ailleurs pas nécessaire de commenter outre mesure ici. Merci pour ce partage.
Je relèverai juste votre expérience du karma qui vous "tombe dessus". C'est sûr que dès que l'on commence à s'occuper de soi en profondeur, ça secoue des choses qui n'ont pas envie de bouger. Auquel cas, il peut être intéressant de s'en remettre : au Bouddha si on est bouddhiste, à Dieu, à un maître si on en a un, à un thérapeute éventuellement ou à un saint par exemple. Il y a des tas d'endroits où on peut aller chercher de l'énergie et du soutien. Je me trompe peut-être, j'ai l'impression que vous cherchez à faire le chemin uniquement par vos propres forces. N'avez vous jamais pensé à vous en remettre de la sorte ? Par exemple pas loin de chez moi il y a une église dédiée à Sainte Rita, la sainte des causes désespérées. L'énergie y est très intense et elle a très souvent dégagé des blocages. Certains ostéos peuvent aussi nous aider à faire sortir des traumatismes. N'y a-t-il pas de lieux équivalents à côté de chez vous ou pas trop loin ? Vous avez aussi sans doute des personnes de qualité et de confiance qui peuvent vous aider. Non ? J'ai l'impression qu'il y a une forte colère en vous. Je me trompe ?
J'ai parlé à E*. J'espère que ça aura pu le rassurer sur ses pratiques et sa manière de faire le chemin.
Bien à vous,
Bonjour,
Je passe ma vie à m'en remettre à Dieu... C'est la base de tout. Je ne suis rien par moi-même, avec quelles forces pourrais-je faire quel travail ? J'ai payé assez cher pour m'en rendre compte, comment pourrais-je tourner le dos à ce qui est mon salut et qui m'a tant coûté ?
Ce malentendu, et d'autres, me montrent que la connexion de vous vers moi n'a pas l'air possible.
Je sais que vous êtes de bonne volonté, hélas ça ne suffit pas. Je sais que le principe de la thérapie, en Occident, c'est de se projeter sur les autres, en tous cas je le constate. Car on ne peut évidemment pas demander aux gens de pratiquer la "connaissance par identité". On voit par exemple que lorsque des psys extrêmement compétents sont confrontés à des psychotiques, ils ont un mal fou. Et continuent à les interpréter selon leur propre structure névrotique, c'est plus fort qu'eux. De même, un thérapeute Occidental ne saurait soigner un indien d'Amazonie, et vice-versa, cela saute aux yeux. Les gens sont foncièrement incapables de se glisser dans la structure d'autrui. Alors quand ils correspondent tous plus ou moins à une certaine norme, les erreurs sont négligeables. Mais quand la différence est aussi énorme qu'entre vous et moi, ça devient kafkaïen.
Bref, je ne vous en veux pas. C'est à moi que j'en veux, de ma propre bêtise, car rien dans votre blog ne permettait de supposer que vous ayez développé le mode de connaissance par identité. Si on m'avait posé la question, j'aurais dit qu'évidemment ça n'était pas le cas, parce que je n'y retrouve rien qui appartienne à ce mode de connaissance. J'ai fait un raisonnement absurde, par défaut de réflexion. Je vous ai prêté une supposée objectivité, mais qu'est-ce que l'objectivité sinon la connaissance par identité ? Du coup, rien ne vous permet de comprendre comment je peux m'en sortir dans une situation qui aurait été impossible pour vous, et vous me prêtez tous les problèmes qui seraient les vôtres dans une semblable situation. Alors pour ce qui est des problèmes au sujet desquels j'avais imaginé que vous alliez pouvoir m'aider, et qui nécessiteraient déjà de comprendre ce qui se trouve là...
Au final, je ne vois vraiment pas ce que vous pourriez faire pour moi, à part me pointer ma bêtise à vouloir recourir à de pauvres thérapeutes qui n'ont pas été formés pour aider les extra-terrestres.
Je ne sais pas si j'ai le droit de préciser ici que E° n'a pas eu le sentiment d'avoir été très écouté/compris...
cordialement
Lorsque l'on n'est pas validé dans ses illusions, on a l'impression de ne pas avoir été écouté et compris. Et il y a des illusions que je ne peux pas valider. Je me suis demandé moi aussi si j'avais été ne serait-ce qu'écouté. Passons. Après tout, en une séance, ce n'est pas évident d'établir le lien, ça demande un ajustement et a minima de la confiance. Dans ce monde dont les valeurs sont faussées, je comprends que ce n'est pas simple. Et puis cela demande une certaine sensibilité, sinon mes perceptions ne servent pas à grand-chose et les énergies qui passent, quand elles le peuvent, doivent être perçues pour qu'il y ait un réel intérêt. Et je ne parle pas d'une certaine ouverture intérieure pour une remise en question de façon à avoir une chance d'être touché...Bref si le terrain n'est pas adéquat, suffisamment "meuble" pour planter des graines, il est inutile de continuer. Je ne dis pas ça spécialement pour E°. Je me laisse aussi le droit de refuser de travailler avec les personnes qui ne sont pas adaptées au travail que je propose. Inutile de perdre du temps et de l'argent car il m'en coûte aussi plus que cela.
J'ai différé la publication de l'article que j'ai rédigé sur les différents moyens de connaissance dont celle par identité. Parce que c'est difficile à comprendre pour la grande majorité des gens, et quand on en parle, ça laisse planer un doute, le retour est souvent le même : si tu me connais parce que tu es moi, alors fais le chemin à ma place. Ce n'est juste pas possible, ou en tous cas pas pour moi. Je n'ai pas ce pouvoir. Si c'est à cela que vous vous attendiez, ou alors si vous pensez à un coup de baguette magique pour que tout s'en aille, alors pas de soucis, je vous rembourse. Ca ne change rien à mon niveau.
Nous parlons de nous en remettre à Dieu mais nous comprenons-nous sur la manière de le faire ? Je ne le crois pas. Etes-vous prêt à vous remettre en question ? A repartir de zéro ? Ou souhaitez-vous seulement une approche qui corresponde exactement à ce à quoi vous vous attendez ? Ou à l'image d'Epinal que vous vous êtes construit de ce que vous appelez "les saints" ? Pour moi, être "saint", ce n'est pas un objectif de vie, je vous l'ai déjà dit. Je vous parle franchement et peut-être fermement parce que ça a l'air d'être un mode de communication qui peut éventuellement percer un peu la carapace. Et encore, ça reste à voir. Vous ne souhaitez pas être renvoyé à votre "bêtise" comme vous dites. Mais c'est en traversant vos souffrances (ou vos névroses) que vous verrez des avancées significatives, pas en les fuyant par des pratiques ou en les couchant sur papier, même si vous pensez les avoir dépassées. Ca me fait penser à tous ces marchands de rêves et de bonheur qui étudient toutes sortes de techniques exotiques mais dont la vie quotidienne est une succession d'obscurités et d'échecs qu'ils ne veulent pas regarder en face. Ce milieu des thérapeutes marchands de bonheur est une vaste fumisterie. Les bons sont rares et difficiles à trouver. Encore faut-il faire preuve d'humilité.
Vous avez un caractère fort, un mental bien construit et suffisamment de lucidité et de finesse pour appréhender un chemin intérieur. Du coup, cela a construit un ego surpuissant, basé sur ces qualités, sur un certain savoir mais aussi sur une grande souffrance qui saute aux yeux. Mais vous vous illusionnez aussi beaucoup. Il y aurait beaucoup à en dire mais voulez-vous seulement écouter ? Il y a de multiples incohérences dans votre discours. Les voyez-vous ? Vous semblez pourtant prompt à voir celles des autres. Il suffit de relire votre dernier mail pour s'en apercevoir. Que voyez-vous de vous mis à part l'image déformée que vous avez de vous-même ? A mon avis, vous ne voulez pas voir, et il y de multiples raisons à cela.
Je ne veux pas me battre, que ce soit contre vous ou quelqu'un d'autre. Si vous ne baissez pas les armes (et ces armes sont en partie tournées contre vous) ou si vous pensez que vous avez raison ou que je ne suis pas à la hauteur, je préfère qu'on en reste là, car ce n'est pas cette approche-là qui me semble la plus efficiente. Ca ne changera encore une fois rien pour moi.
Je vous invite à prendre un peu de temps pour répondre si vous voulez bien. Et encore une fois, si vous souhaitez annuler la séance, dites-le moi, je vous renverrai la somme.
Amicalement
Bonjour, il ne m'est pas possible de vous croire parce que votre vidéo de présentation (que je n'ai pas vue à temps malheureusement) montre une instabilité énergétique importante. Pardonnez-moi si j'ai l'habitude des gens posés, mais ce sont les seuls qui m'inspirent confiance.
Et puis, tout simplement, ce que vous dites est faux. Si c'était vrai, j'en ressentirais de la colère, pas de la tristesse ou de la compassion. Mais je comprends pourquoi vous le dites. Par le passé, j'aurais fait comme vous parce que j'avais une certaine tendance à faire miroir, mais si on dit ses quatre vérités à quelqu'un c'est pour faire mal non ? Je n'ai pas envie de vous faire mal, ce n'est pas le genre de relations que je souhaite avec mon prochain.
J'en reste là, donc. Je vous remercie pour votre proposition d'annuler la séance, et j'accepte.
Au délà de toutes les contradictions dont je ne vais pas faire la liste (genre j'attendrais qu'il fasse de travail à ma place alors que le coup d'avant il me reprochait de tout vouloir faire par moi-même... faudrait savoir, quand même), j'aurais 2 choses à dire :
1) Bien qu'il prétende me balancer mes 4 vérités, il n'a manifestement pas la moindre idée de ce qu'elles sont, puisqu'il me sort le discours standard du psy remis en cause (et c'est sûr qu'ils le prennent mal, parce que quelque part dans leur inconscient, ils sont au courant de leur propre incompétence et de leur illégitimité à demander de l'argent pour ne rien faire), et de toute personne remise en cause d'ailleurs : "vous êtes dans l'illusion, vous avez un ego gros comme une maison, vous croyez au Père Noël, mais moi je suis une personne honnête..." En même temps il essaie quand même de récupérer le client en lui faisant bien sentir comment lui, il sera capable de le faire sortir de cette terrible illusion.
C'est marrant, parce que si j'étais dans son cas, et que j'aie une client en crise de confiance à rattraper, je lui donnerais de quoi méditer, une information que son inconscient reconnaîtrait comme vrai, sans l'attaquer de face :"Oui, je comprends parfaitement votre position. Quoi qu'il en soit, j'ai pu constater que vos gouttes sont dans un sale état mon pauvre ami, et d'après ce que vous m'avez dit, vous n'avez pas les moyens de les régénérer. Je ne proposais rien d'autre qu'une aide en ce domaine...". Mais franchement, le coq échaudé qui pique au hasard, quelle image d'infantilisme cela peut-il donner ?
2) Alors on me dira qu'il y a quand même une information qui surnage au milieu de tout ce gloubi-boulga : je souffre. Et mon discours est incohérent.
J'ai fini par comprendre que ces deux choses allaient ensemble dans son esprit parce que pour lui, il est impossible de souffrir et d'être heureux. On a soit l'un, soit l'autre. Cette personne vit la souffrance comme une chose absolument terrible quoique inévitable, comme beaucoup de gens très respectables par ailleurs (j'avais noté la même attitude dans les discours du Père Syméon du monastère Saint Silouane : la souffrance, un mal terrible mais nécessaire qui se manifeste entre diverses phases de présence divine).
Et bien sûr, il faut que les autres vivent cette épreuve, parce que bon quand on souffre on voudrait bien le partager.
Mais au fait, est-ce que j'ai dit que je ne souffrais pas ? Non. En revanche, j'ai dit assez souvent que je pouvais aimer ça. J'ai déjà regardé exprès de vidéos horribles d'animaux en batterie juste pour souffrir. Et en principe, à chaque fois que je trouve un sujet qui me fait souffrir, j'ai tendance à appuyer dessus. Le jour où j'ai découvert que je croyais que Dieu ne voudrait jamais de moi, j'ai forcé le trait, pour découvrir qu'il était présent dans l'absence. Et pour l'arbre abattu à cause de moi, je ne vous dis pas combien de larmes j'ai versées. Il était facile de ne pas y penser, il suffisait de ne pas y penser, et de me justifier en me disant que de toutes façons il penchait vers la maison et faisait trop d'ombre. Mais je fais comme le Père Sophrony qui a pleuré toute sa vie sur la soi-disant trahison qu'il aurait commise envers Dieu dans sa jeunesse. Non pas pour ressembler au Père Sophrony qui n'est pas du tout mon idéal, mais tout simplement parce que c'est de l'intelligence. Une occasion pareille, faut pas la louper, on n'en a pas tous les jours... Donc à chaque fois que je trouve une bonne occasion, j'insiste.
La révélation de ma souffrance me fait penser à l'histoire du gars qui repeint sa maison en vert avec le plus grand soin, son voisin vient le trouver un jour avec des airs de conspirateur :"Mon gars, je ne voudrais pas vous faire un choc, mais vous savez, votre maison... elle est verte !"
Alors il y a deux choses quand même : j'aime bien la souffrance morale. En revanche, la souffrance physique, pour le moment je ne sais pas la transmuter, sauf les petites choses. Chepa disait que c'était beaucoup plus difficile de transmuter un coup de bâton qu'une insulte, et je crois que tant qu'on n'est pas complètement transformé en corps de gloire, on a toujours une limite de ce point de vue. J'espère progresser.
En tous cas, je suis content qu'on voie que je souffre, parce que si ça ne se voyait pas, ça voudrait dire que franchement je suis un petit joueur. Je voudrais ressembler au Père Joseph, parce que je sais qu'avec cette tête là, il ne pouvait qu'être surnaturellement heureux.
Alors, pauvre de moi, qui pensais naïvement montrer qu'on peut souffrir en étant heureux, et que c'était la clé de tout : non je suis fou, je tiens des discours incohérents. Que dire à quelqu'un qui a une telle horreur de la souffrance ?
"C'est pourquoi nous disons que la félicité de la vie présente consiste dans les souffrances, puisqu'elles nous font jouir de Dieu seul d'une manière plus pure et plus parfaite". Les saintes voies de la Croix, Henri-Marie Boudon.