Que faire avec notre agressivité ?
(12,6° dans le salon au réveil...)
Je me demandais ce qui allait me tomber dessus après la crise de foie. Eh bien, ça n'a pas traîné, après 2 jours de tranquillité relative, c'est maintenant une sciatique, et je me fais insulter par deux personnes. Dont ***, un érudit que j'ai connu autrefois et que j'aimais bien. Mais apparemment ça n'était pas si réciproque que cela.
Il faut dire que par-delà son air poli et plein d'humour, j'avais détecté une puissante agressivité refoulée envers un grand nombre de gens, un peu comme un cadavre enterré dans une cave et dont l'odeur deviendrait de plus en plus persistante. Je ne me demande pas d'où ça vient, c'est évident. Comme d'autres érudits que j'ai croisés, il ne comprend pas le sens réel de ce qu'il traduit. Il est dans le mal-être alors qu'il a côtoyé les plus grands maîtres, qu'il se refuse d'ailleurs à reconnaître comme des autorités spirituelles, c'est dire. Il leur accorde du bout des lèvres le statut "d'êtres humains originaux et singuliers", mais la "réalisation", ça n'existe plus dans son univers - après qu'il y ait cru pendant un grand nombre d'années. On le devinera, c'est la déception de n'avoir pas reçu ce qu'il voulait malgré ses sacrifices, qui lui font dire que ces raisins sont trop verts, ou même qu'ils n'existent pas.
Alors maintenant il est furieux contre le monde entier parce qu'il sait qu'il est plus intelligent que tous (c'est vrai au sens intellectuel), malgré quoi il n'a pas atteint ce qu'il espérait, et il voit que ça n'arrivera jamais. Il voue maintenant une haine féroce à tout ce qui pourrait lui rappeler la réalité, le fait qu'il existe un univers spirituel auquel il n'a pas eu accès. Etrangement, ça ne l'empêche pas de lire toutes sortes de textes écrits par des maîtres, il considère que leurs expériences sont entièrement subjectives. Ce qui le rend fou, c'est lorsqu'on vient lui dire qu'il y a quelque chose d'objectif là-dedans, et que cela pourrait nous concerner sur un plan pratique. Je ne suis qu'un dommage collatéral. Bref, j'en suis bien triste, c'est un esprit brillant, doté de nombreuses qualités, qui aurait vraiment pu faire avancer les choses.
On dirait que c'est mon destin de voir passer les gens du statut de "jeune prometteur" à "vieux con". Il n'y a pas moyen d'enrayer le processus, c'est comme s'il y avait des plantes vénéneuses plantées en nous à la naissance (le péché originel, diraient certains), et qui se mettent à pousser à l'âge adulte. Et pour enrayer ça, il faut plus que de la détermination. Il y en a qui deviennent juste vieux et tristes, mais il y en a qui développent une malveillance tangible, pas forcément ceux auxquels on s'attendrait. Et certains le cachent assez bien, mais il suffit de remuer un voile émotionnel, et c'est l'explosion. Même Padovani a fini par se rendre compte qu'elle en voulait à tout un tas de gens, et qu'elle n'avait aucun moyen de combattre cela à part sa bonne volonté.
Alors, comment combattre cela ? L'autre jour ma copine me parlait de ses mauvais sentiments vis à vis de telle ou telle personne et me demandait "Que puis-je faire ?". Pour elle, à part le voir, rien, et le voir ne l'enlèvera nullement, contrairement à ce que nous raconte le néo-advaita et autres thérapies pour naïfs. Par contre ça pourra éviter à la chose de se manifester à son insu. Donc c'est important malgré tout de le voir. Je me rappelle encore de ce gars qui faisait un stage "Yoga et soufisme", très propre sur lui, un thérapeute fier de sa déontologie... sa déontologie elle a volé en éclats au bout de deux jours, et il s'est comporté comme le pire des chacals. C'est toujours le cas quand on touche un voile émotionnel.
Alors donc, comment faire ? Il faut être capable d'ouvrir le canal central et d'y faire fondre quelques gouttes, à volonté. A partir de là, quand une perturbation se présente, c'est sous la forme d'un vent puissant qui part du bas (cas "facile"). Ou d'un nuage confus qui obscurcit tout (cas "difficile"). On s'asseoit, et on dirige ces vents dans le canal central, qu'on est capable d'ouvrir parce qu'on l'a fait des milliers de fois. Et là, c'est transformé, tout ou partie. Pour moi, seulement en partie, mais c'est quand même assez encourageant. Pouvoir convertir seulement la moitié d'un merdier en quelque chose d'utile, ça ouvre des horizons.
Avant-hier, ma copine me disait "Untel t'a répondu. - Ouais. - Tu n'ouvres pas ? - Je me concentre". Je me doutais que ça allait être chaud, je n'ai pas été déçu. Mais après vingt minutes de concentration, j'étais très serein, et j'ai pu répondre sans balancer un missile sur la personne. Pour moi c'est un progrès, car des munitions pour aller se castagner, mes tiroirs en sont pleins, et les systèmes de visée assez performants. (Ne pas user du pouvoir quand on l'a, c'est le but, et on se sent franchement content quand on peut le faire sans y penser toute la nuit). Mais c'était le cas facile. Le cas difficile, c'est une succession de petite nuées qui s'élèvent. On n'est pas vraiment choqué, mais on est mal à l'aise. Et en fait c'est comme de la poussière qui s'accumule, et si on y prend garde toute le système finit par être encrassé. Ça m'est arrivé ce matin, entre une machine chez le voisin qui faisait des basses fréquences, et l'histoire avec *** qui me revenait. Blocage total. Et puis d'un coup j'ai trouvé une image pour débloquer, et là j'ai vu qu'il s'était accumulé un paquet de merde, qu'il m'a fallu environ 30mn pour nettoyer. Mais à un moment j'avais vraiment mal au ventre, comme si tous les organes s'étaient bloqués.
Grâce à cela j'ai compris cette histoire d'armure caractérielle. S'il n'y avait pas de rigidification des tissus empêchant les perturbation de se manifester, on serait tout le temps malades, voire morts en peu de temps. Parce que c'est un poison ces vents contaminés. C'est bien beau de "cesser de refouler", "d'être là" etc, mais sans certains moyens "surnaturels", ça n'est tout simplement pas possible. Si le corps crée des armures, c'est parce qu'il en a besoin pour survivre, pas parce qu'il est fou. Alors il y a un milieu, que sans doute cherche la CNV par exemple. L'idée serait d'être conscient d'une partie de nos perturbations, pour nous éviter de faire des choses qu'on ne veut pas et qui nous valent ensuite une vie pourrie (puisque s'il n'y a pas de conscience, alors notre vie est entièrement conditionnée par nos perturbations inconscientes). Du coup, les gens mettent cela en oeuvre pour avoir une vie un peu plus sympa.
Mais si on veut le divin, il faut ouvrir les vannes, et là c'est l'avalanche. Pour traiter cette avalanche, il est absolument nécessaire d'avoir un esprit stable. Du coup je comprends maintenant l'expression de Chepa "maîtriser son esprit". Il l'employait tout le temps. En réalité, il ne parlait pas de vouloir frapper quelqu'un et de s'en abstenir par une opération de maîtrise de soi au sens ordinaire (ce que tout le monde croyait). Pour lui, c'était quelque chose qui avait de la valeur. Et je me rends compte maintenant que pour lui, ça voulait dire stabiliser les vents en les mélangeant avec des gouttes, en sorte d'avoir des outils non volatils, capable de réparer la charpente quand elle se fait trouer par une météorite.