Passivité des pratiquants
Bon, j'ai quand même l'impression que beaucoup de mes discussions ne servent à rien. Car finalement mon argument principal, c'est qu'il faut différencier l'organe spirituel, qui est finalement un être. Alors comme un embryon, au début il est à un stade indifférencié, et puis ensuite il acquiert différents organes, afin de devenir acteur et non pas agi. Si la plupart des gens ne se différencient pas, c'est qu'ils se contentent d'une spiritualité où ils sont agis. Ils restreignent l'aire initiale (christianisme, bouddhisme etc), ou pas, et puis là ils se laissent flotter comme une algue dans la mer, en attrapant tout ce qui passe. Or il me semble que ça n'est pas ce que font les organismes conscients, qui choisissent.
Si une personne me dit "je comprends ta difficulté à apprendre le violon" et que je vois que cette personne n'a jamais eu de mains, j'ai des doutes. Bon, je crois que les siddhis (entre autres) viennent d'une discrimination de plus en plus poussée. On finit par distinguer quels canaux ont quelle fonction etc. Pour certains c'est "naturel", sauf que quand c'est naturel on sait difficilement le développer. Alors par exemple je commence à "sentir" assez bien les gens qui mentent, parce qu'il y a des canaux qui se ferment. Bon, il y a aussi les artistes qui posent et ceux qui sont vraiment dans leur truc, par exemple. En fait, si on développe chez soi toutes sortes de canaux à tous les niveaux, on sent assez bien ce qui se passe dans l'esprit des gens, bien plus qu'eux-mêmes ne le savent.
Car la caractéristique d'un non-pratiquant, c'est qu'il est comme les plantes, en mode automatique. Et quand je vois que les pratiquants ne sortent pas de ce mode "agi", ça me désole carrément. Comme disait Lusseyran, pour que l'âme se développe, elle doit agir, parce que la conscience, par définition, est actrice. Enfin, beaucoup le disent, la croissance vient toujours d'un effort conscient. Alors on peut toujours aller prendre des bains de gourous et je ne sais quoi, ça ne fait pas grandir, ça produit des étranges excroissances. Alors le nombre d'organes possibles est probablement infini, mais une certaine structuration est quand même nécessaire, et je ne sais pas si les modes de structuration sont infinis. Par exemple un humain avec trois bras n'est pas considéré comme très fonctionnel. Maintenant les insectes ont six pattes, alors on pourrait admettre qu'un corps spirituel ait six pattes s'il a vécu longtemps chez les insectes. Pourquoi pas. Mais quoi qu'il en soit, quand je vois que le désir de discriminer ou de structurer sont absents, je me dis qu'il y a peu de chances que l'embryon aille au delà du stade de gloubi-boulga. Je crois qu'il y a comme ça un certain nombre de facteurs structurants. Par exemple l'aspect "personnel", l'aspect de la "volonté" (pas celle du mental), celui de la discrimination... et on pourrait dire que les paramitas exercées en l'absence de l'un de ces aspects vont donner un développement incomplet. Par exemple la compassion. Je pense qu'il y a un certain "toucher psychique" qui permet de la diriger à certains endroits (chez la personne), en sorte que ça lui soit utile. Mais si on la jette sur elle comme un seau d'eau, ça ne lui donnera pas à boire. Alors on peut l'enfumer avec des discours, sauf si elle a la perception qu'un seau d'eau a été jeté sur elle avec l'étiquette "ceci est un verre de nectar". Quand ce n'est pas un seau de merde, mais ça c'est encore un autre niveau de mensonge. (Dans le genre je pourrais dire que ma mère m'a écrit une lettre dont la traduction serait "j'aimerais bien te revoir pour que je puisse recommencer à te jeter dessus mes seaux de merde". Inutile de préciser que bon, je lui ai dit que j'étais très bien chez moi).