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L'entraînement de l'esprit
A lire...
19 mars 2017

Nature de l'homme

Je me pose des questions. Je me rends compte que ce qui marche, c'est le contraire de ce qu'on nous enseigne dans tous les livres spirituels. A cela je trouve une raison : le développement spirituel a toujours été fondé sur la transmission de maître à disciple, ce qui falsifie toutes les données "naturelles" en quelque sorte. Un peu comme par exemple si on greffe un poivron sur un pied de tomate, la tomate ne peut pas prendre cela pour exemple. Car je crois finalement que ça revient à peu près à cela. Je discutais avec un ami, nommons-le Paul, qui est persuadé que l'on peut remplacer le mauvais Paul par un bon Paul, qui finira par faire disparaître le mauvais. Il me semble que c'est ce qu'on cru les croyants de toutes les époques, et finalement on voit le résultat. Je pense que Thomas Merton est un assez bon exemple. Il est intelligent, raisonnablement altruiste, conscient de pas mal de choses, instruit... et il croit mordicus que son "pécheur intérieur" a été balayé par le baptême, et ensuite sa vie monastique. Certes, il a cessé de gaspiller son temps en conneries et il s'est trouvé des activités utiles. Mais je suis en train de lire son "Journal d'Asie", écrit 20 ans plus tard disons, et on y trouve finalement le résultat prévisible de l'attitude consistant à croire que Dieu va s'occuper du mauvais. Bon, j'ai aussi lu "Zen tao et nirvana". Sa pensée est remarquablement imprécise, ainsi que ses facultés d'observation. Il tombe dans les lieux communs les plus communs, ceux qu'on trouve dans tous les livres spirituels et qui sont dramatiquement contredits par l'observation de la réalité. Il n'est pas non plus sorti du dogme chrétien de base (le Père aurait exigé "réparation" des péchés de l'humanité, ou encore c'est la prière des justes qui nous sauve de la colère vengeresse du Père qui voudrait s'abattre sur le monde etc on dirait qu'il s'est fait endoctriner par des apparitions mariales à l'usage du petit peuple) dont quand même la plupart des théologiens du XXè siècles sont sortis.  
Donc je reprends. Il croit que notre "nature" fondamentale, c'est le bien, l'amour etc. C'est vrai que c'est la nature de notre "esprit" ou être psychique. En revanche, notre âme charnelle (vital+mental) est vendue au démon dès l'origine et sa nature est de s'opposer à Dieu. Le corps, quant à lui, il fait ce qu'il peut le pauvre bougre. Donc la nature de l'être humain, ce qui fait que c'est un être humain et pas un ange ou un démon ou un animal, est-ce que c'est la nature d'un seul de ses éléments constitutifs ou la nature de l'ensemble ? Je crois avec Kitaro Nishida que ce qui fait le propre de l'être humain, c'est cette contradiction fondamentale. Il tire sa vie de Dieu, mais ne saurait être un individu sans s'opposer à lui. En tant que tels, nous sommes maudits et promis à l'enfer, et c'est seulement par une nouvelle création qu'on s'en sortira. Je veux dire que notre esprit, étant à l'image de Dieu, s'en sortira toujours, mais nous ne sommes pas notre esprit justement. Nous sommes cet ensemble instablme qui ne dure qu'une vie. Et d'ailleurs le christianisme l'a bien compris, qui ne parle pas de réincarnation. Ce qui se réincarne, on s'en fiche, ça n'est plus nous.
Alors certes, beaucoup le reconnaîtront, mais dirons que l'esprit est plus important que tout le reste. Honnêtement, ce n'est pas du tout ce que je vois autour de moi. Comme le dit Mère, il y a environ une personne sur un million dont l'être psychique est à l'avant. Les autres font les anges mais se comportent plus ou moins comme des démons. Pas forcément de manière visible, cela peut être seulement par défaut, en ignorant tous les autres et en ne s'occupant que de soi. Les prêtres, les bonnes soeurs, les moines, tous ces braves gens qui se croient sauvés et qu'on peut côtoyer facilement, ils ont tous évacué l'altérité. Chacun croit atteindre Dieu par le haut, comme une sorte de reclus qui sera touché par les lumières divines à partir du moment où il s'isole. Mais justement, notre nature nous impose de procéder autrement, et les saints ne sont vraiment pas de bons exemples, de même qu'un riche est un très mauvais exemple pour un pauvre. C'est par un processus alchimique que nous obtenons les vraies lumières, et non pas en nous vidant de tous. Si nous pouvions les obtenir en mettant le reste de côté, nous serions des anges, une fois de plus. Parce que cela voudrait dire que la chose est déjà incluse en nous. Or elle ne l'est pas.  
Ce que nous sommes fondamentalement c'est ce noeud auto-contradictoire, qui d'ailleurs existe aussi en Dieu, mais je ne vais pas entrer là-dedans. Lorsqu'on espère remplacer le mauvais par le bon, on jette le noeud, et donc notre nature propre. Il semble tout à fait impossible de réaliser de cette façon, car notre énergie nous vient de cette contradiction, à moins que quelqu'un d'autre nous donne toute l'énergie nécessaire. C'est la solution choisie par les traditions. Ce noeud étant plus ou moins indémerdable, on n'a qu'à greffer une tulipe sur une narcisse, et basta, on n'en parle plus. Ce serait la fonction du baptême, et on voit au résultat que ça n'est pas rempli du tout. Car ce qu'on voit autour de soi, ce sont des narcisses de toutes les formes, mais fort peu de tulipes au final. Si je regarde le contenu du Journal d'Asie, en plus de contenir assez peu de réflexions intéressantes, ce qui à mon sens montre assez bien une certaine superficialité de préoccupations (franchement la douane on s'en fout), il y a une perception complètement bisounours des gens. Par exemple il rencontre Chogyam Trungpa. Un roman, en principe. Eh bien non. C'est un homme charmant, plein de qualités etc... et tout le monde autour de lui est absolument merveilleux, d'ailleurs.
En déclarant que les gens sont charmants et merveilleux, on se décharge de la vision de leur souffrance, c'est évident. Ils vont bien. Ils sont sauvés, sortis du samsara. Et moi avec, bien sûr. C'est pratique.
Comme je le disais à un ami, il n'y a que les saints qui conservent cette vision de la contradiction de notre nature. Qui voient la profondeur du mal et de la séparation, et l'amour de Dieu. Tous les autres refusent cette perception, pour la remplacer par une terre pure artificielle, et à mon avis c'est la raison qui fait qu'ils ne deviennent pas saints. En effet, si tout va bien, en quoi a-t-on besoin de Dieu finalement. Je veux dire, si notre mal est relatif, et non pas absolu, on n'a besoin que d'un remède relatif, qui n'est donc pas Dieu. Dieu est utile seulement si l'on doit soulager un mal infini.
Bref, je prétends que chaque mal appelle son remède, et que si on n'a besoin que d'un médecin, ce n'est pas Dieu qui va venir. Dire "Seigneur Jésus Christ aie pitié de moi", ça n'a pas de sens si le problème est un simple mal d'estomac, ou même un mal à l'âme.  

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Commentaires
D
Je veux dire que je les vois de mieux en mieux et que je me demande comment je faisais avant pour ne pas les voir.
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D
Tu veux dire alors que les traditions nous ont toujours proposé une voie qui ne respecte pas la nature de l’homme finalement. Et donc que tous ceux qui ont réalisé par elles (apparemment) l’ont fait non « par » mais « malgré » elles.<br /> <br /> Le moins que je puisse dire c’est que l’observation de cette contradiction (entre les 2 termes) est terriblement paralysante, du fait qu’on constate de face notre totale impuissance.<br /> <br /> La fuite en avant serait donc un faux-pas. Mais d’où proviennent alors toutes ces lumières apparemment angéliques ? Pas de Dieu, tu sembles donc dire… Puisque ça ne serait pas ce à quoi on serait censés devenir, en étant nés hommes (et femmes).
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J
Tu veux dire que les contradictions s'exacerbent ou que tu les vois de mieux en mieux (ou les deux)?
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D
Bon, je crois que cette auto-contradiction concerne la création présente. De la même façon on a l'esprit et la matière, qui ne sont pas extrêmement compatibles. Je dirais que la nouvelle création, dont découlera la vision béatifique, consiste à maintenir ensemble ces termes contradictoires pour en faire autre chose, un corps spirituel par exemple. <br /> <br /> Au niveau concret, il me semble qu'on pourrait finalement s'entraîner à observer toutes les contradictions qu'on voit en nous et autour de nous. Plus ça va plus c'est pire, en ce qui me concerne.
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J
Bonsoir, cela m'intrigue fort cette histoire de noeud autocontradictoire. Par exemple cela tendrait à dire que nous nous poussons à l'existence tout autant que nous nous nions ou plutôt que nous nous poussons à l'existence par cela même qui fait que nous nous nions. Si les saints maintiennent en quelque sorte ce noeud jusque dans la vision béatifique, ou même que ce noeud en quelque sorte "devient" la.visuon béatifique cela accréditerait le postulat selon lequel ces saints (principalement dans le christianisme) parlent de "docte ignorance". L'ultime réalité serait équivalente à l'illusion totale, la clarté à une cécité totale qui devient lumineuse. Bref le paradoxe à l'état exacerbé qui se résout en lui-même sans nier ses deux parties apparemment contradictoire. Voilà je dis cela pas pour énoncer mais pour questionner. Merci.
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L'entraînement de l'esprit
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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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