Changer - masculin/féminin
Le monde entier prétend qu'on ne peut pas changer ses goûts et attirances, surtout dans le domaine fondamental de l'amitié et de l'amour. Tous les homos se font excuser en disant que ça n'est pas de leur faute, qu'ils sont comme ça mais qu'ils voudraient bien être autrement. Ce qui est complètement faux. Ce qu'ils voudraient, c'est pouvoir faire ce qu'ils veulent sans avoir d'ennuis, comme les hétéros (comme si d'ailleurs tous les hétéros pouvaient faire ce qu'ils voulaient, il n'y a qu'à voir les sociétés traditionnelles). Mais ils ne veulent absolument pas changer.
Bref. Donc, aussi loin que je me souvienne, j'ai été attiré par les gars. C'était une démarche purement narcissique. J'allais vers le semblable, parce que de mon point de vue, il n'y avait que le semblable qui valait quelque chose. Les filles, c'était terra incognita, et ça ne m'intéressait absolument pas. Je trouvais qu'elles avaient des cervelles de moineaux et qu'elles étaient totalement inconsistantes (je le trouve toujours, d'ailleurs, sauf que maintenant je vois cela comme des qualités). En un mot j'étais incapable de concevoir une femme avec des qualités (et comme je n'aimais pas les gosses, je ne risquais pas d'apprécier celles qui en faisaient l'élevage, ni les qualités nécessaires à leur élevage). Si j'étais allé voir n'importe quel psy pour lui expliquer ça, il m'aurait regardé avec pitié :"Mon pauvre gars, vous voilà bien mal parti, mais que voulez-vous, c'est comme ça et à votre âge, ça ne changera plus". Inutile de dire que ma vie amoureuse allait très très mal. Je n'en avais point. Par contre j'avais beaucoup d'amis. Des hommes bien sûr.
Mais bon, j'ai écrit du roman, et dans mon roman, s'il y avait une chose de sûre, c'est qu'un gars ne pouvait aller qu'avec une fille. Question de polarité. Pas de polarité, pas d'énergie. Donc je me suis attelé à cette tâche impossible : trouver des qualités aux filles. Enfin pas tout de suite. Dans les 3 premières saisons, les seuls personnages réels sont des gars, et les filles font tapisserie. Ensuite ça va un peu mieux. Mais ensuite j'ai dû finalement passer par le modèle de l'androgyne, le seul type de personnage où j'ai pu insérer des qualités féminines sans que ça soit artificiel. (C'est à ce stade que mon amie actuelle me tombe dans les bras et que je reconnais ses qualités, auxquelles j'avais été tout à fait aveugle depuis 10 ans que je la connaissais). Ensuite nous arrivons saison 9, avec un vrai gars et des vraies filles. Qui sont des emmerdeuses évidemment. Mais ce qui a changé chez lui, c'est qu'il voit l'intérêt de la chose. Il n'est plus là pour profiter égoïstement de la situation - ce que font en réalité l'immense majorité des hétéros, qui ne comprennent absolument rien aux femmes, mais on n'a pas besoin de comprendre pour se marier et baiser et et faire des gosses -. Donc ce nouveau personnage voit les femmes comme des êtres qui ont besoin de sa stabilité et de sa force, comme lui a besoin de leur mutabilité et de leur douceur. Il évolue vers une égalité de fait. Et puis bon, la saison 10 qui ne paraîtra peut-être jamais, le personnage est à nouveau un androgyne, mais ça pourrait être un homme. Son androgynat est ma façon de représenter le fait qu'il a intégré les qualités féminines. Son physique est masculin au niveau de la forme, mais ses canaux sont fins comme ceux d'une femme.
Hier je suis allé faire du vélo dans un club de cylcotourisme. Il se trouvait que ce jour-là, il n'y avait que des gars, et je dois dire que je me suis senti "chez moi", énergétiquement parlant. Dans un groupe de filles c'est l'inverse, je me sens totalement étranger (je parle au niveau de leur énergie vitale collective, qui n'est pas la même chose que leurs qualités). En même temps, ils sont quand même d'une extraordinaire grossièreté, on dirait des espèces de cadres rigides où un être réel attend encore de s'incarner. On me répondra que les femmes sont également rigides, avec leurs idées bien arrêtées, mais l'expérience prouve que leurs cadres volent facilement en éclat et que ça ne leur pose pas spécialement de problème, contrairement à ceux des hommes. Lusseyran raconte qu'à Büchenwald, il a suffi que tous ces boulangers, notables et autres, très sûrs d'eux et bien installés dans la vie, se retrouvent tout nus dans une salle pour qu'ils perdent leur identité. Après quoi ils sont tous morts très vite.
J'ajoute pour ceux qui ont lu la conversation avec bob qu'à un cerain point, j'ai reconnu chez lui cette rigidité insupportablement masculine, et qu'à ce point il est devenu clair qu'il n'y aurait pas de dialogue, et qu'il n'y en avait jamais eu d'ailleurs. C'est un type d'homme que je connais bien. Ce n'est pas un mollusque comme on en voit tant aujourd'hui, il a des qualités masculines, la stabilité bien sûr, mais c'est devenu une armure.
Car bon, il existe aussi des mollusques, des hommes qui changent d'avis sans même s'en rendre compte, ce qui rend toute conversation impossible avec eux. Ils sont toujours d'accord, même s'ils viennent de dire le contraire il y a deux minutes. Ce qui veut dire évidemment qu'ils n'ont aucune sorte de structure et donc aucune sorte de pensée personnelle. Chez une femme, c'est sa qualité propre, ce qui lui permet justement d'être remplie par une énergie complémentaire. Chez un homme, on ne voit pas bien ce qui va pouvoir suppléer à cette absence.