Les photos de nos enfants
Je crois avoir identifié le dénominateur commun de tous mes "bons" états, c'est-à-dire de tous ceux que je peux ranger sous la catégorie "état naturel". 1) Il y a une énergie qui descend d'en haut 2) il y a une quantité équivalente qui est projetée dans l'interface avec l'extérieur. Mais surtout les points 1 et 2 sont totalement interdépendants. On pourrait résumer la chose grossièrement en disant "plus j'aime le monde, plus Dieu m'aime". Ce qu'on retrouve dans les deux commandements du Christ :"Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second qui lui est semblable. Tu aimeras ton prochain comme toi-même".
Le truc que Jésus a oublié de dire, mais s'il l'avait dit absolument personne ne l'aurait compris, c'est que le 2è commandement s'adresse à l'interface, et non pas au monde extérieur. En effet, il est impossible d'aimer une extériorité, par définition, puisque l'extériorité c'est la part de moi-même que je me suis aliénée. Il y a 8 ans quand je suis arrivé devant Swami Atmachaithanya et qu'il ma demandé ce que je voulais, je lui ai dit "Aimer les autres". J'avais bien conscience que c'était la chose à faire, sauf que comme chacun sait, c'est vraiment très difficile. Et la cause, je l'ai finalement trouvée : nous essayons d'aimer la mauvaise chose, la partie de notrre esprit qui s'est dégradée parce que nous ne l'avons pas reconnue comme notre création. C'est un peu comme si se coupait les deux jambes et qu'on essaie ensuite de marcher, en se demandant pourquoi c'est difficile. Tout ce qu'on fera en aval de ce geste ce sera de l'emplâtre sur une jambe de bois. Il n'y a qu'une seule cure, c'est de revenir en amont, c'est-à-dire d'identifier l'interface.
Ce n'est pas aisé, parce que ça fait un bon moment que je l'utilise sans m'en être rendu compte. L'an dernier déjà j'avais eu l'illumination en me disant que je devais consacrer ma vie à prier pour les gens. Malheureusement deux jours plus tard, je ne comprenais plus quelle illumination j'avais pu avoir, parce que je ne retrouvais plus les gens en question, ceux pour lesquels j'avais réussi à prier deux jours plus tôt. Idem avec les souvenirs. Par moments j'ai pu percevoir la totalité de mes souvenirs comme une terre pure, et puis le lendemain je ne savais plus comment c'était possible, car ce que je voyais n'était à l'évidence pas une terre pure. Et même avec Dieu. J'ai eu plusieurs fois l'illumination qu'il faut se consacrer totalement à Dieu, et puis le lendemain je ne retrouvais plus le Dieu en question. C'est parce que, à chaque fois, je ne cherchais plus au bon endroit.
Aujourd'hui, je n'ai plus ni l'illumination ni la perte de l'illumination. Soit je vais chercher au bon endroit, et je trouve les bons objets, soit je vais chercher à côté et je ne trouve plus rien. Il me serait maintenant impossibe de caractériser le bon endroit et les bons objets, par rapport aux mauvais. Ce serait comme expliquer la différence entre nos enfants et des photos de nos enfants. Les uns sont vivants, les autres sont des objets etc etc. Cela n'aidera personne je pense. Il faut que chacun en soi, arrive à saisir la différence. C'est à force de perdre ses enfants qu'on finit par réaliser qu'on les confond avec des photos.
Donc aimer ses enfants, eh bien oui c'est naturel. Et plus on le fait, plus Dieu nous aime.
Du coup, je crois que cela résoud largement les problèmes pointés par Rudi. S'il prend des disciples, c'est bien entendu pour avoir des enfants à aimer. Les tensions se créent vis-à-vis des photos, pas des enfants. Il parle du cas où il aurait un disciple qu'il aurait du mal à aimer, en disant que c'est de sa faute, et qu'il doit travailler pour enlever ces tensions. De mon point de vue, ce travail consiste seulement à découvrir l'enfant véritable derrière la photo, car il n'est pas possible d'aimer une photo. Je ne sais pas à quel moment il a identifié clairement la différence, car il n'en parle pas. Mais il me semble évident qu'à un moment, il a cessé de croire qu'il existait des photos. De mon point de vue, il n'est pas nécessaire d'avoir des disciples pour avoir des enfants à aimer. La totalité de notre univers, c'est ce que nous avons à identifier comme nos enfants, et ça sera déjà bien de sauver tous ceux là, avant d'en rajouter.
Donc j'en reviens toujours au même : on économisera cinq cents ans d'efforts si on identifie nos processus internes correctement, plutôt que de foncer bêtement dans le tas.