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L'entraînement de l'esprit
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13 janvier 2017

Le sentiment secret de supériorité (par Adyashanti)

J'étais dans ma douche lorsque j'ai songé qu'il me faudrait vraiment commenter ce texte, lu plus tôt dans la soirée :

«Voici une anecdote personnelle qui illustre à quel point je sais qu'un sentiment secret de supériorité peut se manifester, et com­ment y remédier. À l'âge de vingt-cinq ans, j'ai connu mon premier éveil spirituel et l'expérience s'est avérée extrêmement puissante, libératrice. Moi, ce gamin de vingt-cinq ans, j'étais soudain libre de toute peur. Je savais que j'étais immortel et que rien ne pouvait me nuire. Tout instinct de survie inhérent m'avait quitté.

Quelques mois après avoir réalisé cela, je suis allé voir mon maître. Je rencontrais toujours cette femme le dimanche matin. Nous méditions ensemble, elle donnait un enseignement, nous méditions encore un peu, puis nous prenions ensemble notre petit déjeuner. À cette occasion, en m'installant dans la pièce avec les autres disciples, j'ai éprouvé ce sentiment de supériorité. J'en fus très étonné. Avec le temps, je l'ai baptisé « l'homme supé­rieur».

J'étais assis, en méditation, et subitement l'homme supérieur se manifestait. Je jetais un coup d'oeil autour, ayant l'impression que les autres personnes présentes étaient parfaitement ignorantes. Elles ne savaient rien de la vérité; elles ignoraient tout de la réalité. Moi, par ailleurs, j'avais connu ce formidable état de conscience. Immédiatement, mon état d'âme m'horripilait, car, heureusement pour moi, j'étais conscient qu'il était illusoire. La réalisation même m'avait démontré que la supériorité est un rêve absolu, une chi­mère égoïque. Ce qui n'empêchait pas l'homme supérieur de se manifester de temps à autre.
Mon mental fabriquait ce sentiment de supériorité formi­dable à la base des constituants de l'éveil. Parallèlement, il y avait cette lucidité plus profonde consciente que ce sentiment n'avait aucune validité. Au départ, je tentais simplement de me rappeler sa nature illusoire, je revenais à cet espace intérieur où la supério­rité était inexistante. Malgré tout, chaque semaine, quand je me pointais pour une séance de méditation, cette arrogance apparais­sait.
J'ai tout essayé. J'ai d'abord tenté de détester à mort cet homme supérieur. Puis, de l'aimer à mort — de l'accepter, de lui laisser libre cours, dans l'espoir qu'il se volatiliserait. Je cherchais son point d'origine, ses raisons d'être. Au fil des semaines, j'ai appliqué toutes sortes de stratégies pour l'annihiler — en vain. Chaque dimanche matin, je me pointais, je m'installais et l'homme supérieur se manifestait.
Finalement, un beau matin, j'ai compris que je ne pouvais rien contre cet homme supérieur. Cela m'a paru un échec cuisant. J'avais tout tenté pour m'en débarrasser, sans aucun résultat. Je n'y pouvais vraiment rien.
Ce n'était pas un rejet; je n'étais pas aveugle à son sujet. Il s'agissait d'une réalisation sincère, authentique. Un instant de défaite cuisante. J'ai compris que peu importait l'envergure de mes réalisations, je pouvais toujours être vaincu. Il était toujours pos­sible qu'apparaissent en moi une attitude illusoire, une tendance impossible à éliminer, même après l'éveil qui avait eu lieu.
Je suis resté là, consentant à la défaite. J'ai médité un peu plus longtemps, puis je me suis levé en même temps que les autres. Nous avons entamé notre petit déjeuner. J'étais attablé avec les autres pour un repas quand j'ai remarqué que mon sentiment de supériorité s'était estompé. Non pas que j'avais subitement saisi quelque chose — il n'y avait aucune raison à cela—, mais j'avais com­pris que je ne pouvais rien contre ce sentiment. Appréhender le fait de ne pas être en mesure d'abolir cette arrogance, malgré mes efforts, fut l'une de mes premières leçons, suivies de plusieurs autres, sur la futilité de la volonté personnelle.
Si, après l'éveil, vous éprouvez donc ce sentiment de supério­rité, ne tentez pas de le réprimer. Ne cherchez pas à écarter la négativité, quelle qu'elle soit. Ne l'alimentez pas non plus. Voyez-la simplement pour ce qu'elle est. C'est ce qui compte. (extrait de "La fin de votre monde", par Adyashanti)

Bon, ce gars est enseignant, mais il ne montre pas une grande compréhension de la dynamique des choses, ce qui est triste pour ses disciples.
Il a l'air se se considérer comme un ensemble unifié, sans voir qu'il est au contraire un ensemble d'agrégats. Qui est le "je" qui se sent supérieur ? Comment peut-on se prétendre éveillé lorsqu'on impute de cette façon un "je" sur des agrégats en continuel changement ? Et puis surtout, comment peut-on se prétendre éveillé et ne pas voir la dynamique qui constitue la séparation et la non-séparation, et donc avoir un minimum de maîtrise là-dessus. Moi aussi je peux regarder quelque et me sentir supérieur. Ou pas. Et c'est quand même mon choix. C'est-à-dire que si ce sentiment de supériorité me plaît, je vais le garder. Si je soupçonne qu'il y a mieux à faire, je vais me situer dans un endroit où il n'existe plus, c'est facile, il suffit de s'identifier à la personne (une possibilité qu'il ne semble pas du tout considérer, pour lui il n'y a que la fuite dans son petit nuage). C'est intéressant si elle a quelque chose d'utile.
Un cas typique, c'est une messe avec des moines qui ont plus ou moins des qualités. On ne sait pas. Ici, le sentiment de supériorité serait une mauvaise tentation je pense, parce que pas très enrichissant. Mieux vaut se choisir quelques moines assez inspirants et tenter de s'identifier. En revanche, j'admets que si je passe devant une plage en été et que je vois des jeunes débiles en train de jouer au volley, j'aurais plutôt tendance à me sentir supérieur. J'admets que je ne sais pas très bien me nourrir des équipes de beach-volley, ce qui est probablement une faiblesse, mais bon.  
Cela dit, si on veut aller plus loin, il faut quand même se confronter aux résistances, car ainsi que je l'ai dit ailleurs, si on ne s'y confronte jamais, on ne grandit pas. De ce point de vue, il faut admettre qu'Adyashanti ne sait pas du tout comment grandir, il sait seulement comment être tranquille.

What is the hardest thing in the world? Reality. Meditation is when you are floating around in your own little spiritual world and you are the ultimate. Reality is when you are working your guts out to stay open so the spiritual force can transcend itself. It is exhausting but fantastic, because you are not caught in the world of your illusion. You are vitally working, you are vitally in contact and you are vitally changing, against your will, against your instinct, and against everything else. Reality has resistance. You are transcending yourself. Illusion has no resistance. Illusion is fantasy. It is easy — you float off. Our work is kundalini yoga. The kundalini energy can only rise if you are transcending.

Donc dans le cas des moines, qui est le plus intéressant, la résistance se trouve à l'endroit précis qui voudrait se considérer supérieur aux moines. Il est facile d'y échapper en choisissant l'autre solution, mais alors il y a un déplacement dans le corps subtil, et on s'aperçoit la fois suivante que la tendance est toujours là, à la place où on l'a laissée la veille. Donc là, je crois qu'il faut se contempler depuis cet endroit = se sentant supérieur aux moines, sentir le schéma dans le corps énergétique, et se demander "est-ce que je veux ce truc ?". Adyashanti nous dit de voir le truc, mais quoi ? Comme dit Rudi c'est comme le chien qui pisse sur le tapis. Tant qu'on ne lui file pas un coup de savate, il va continuer à pisser là. Tant qu'on lui dit "Ah, tu ne veux pas partir aujourd'hui, bon ben on verra demain", on est sûr qu'il va rester pour l'éternité.
On en revient à un post précédent. Si je n'ai pas d'interface claire entre moi et les moines, je ne peux rien faire face à ce sentiment de supériorité, et je pourrai juste regarder le chien pisser sur le tapis. Par contre, si j'identifie clairement, mais très clairement la forme énergétique, je peux commencer à identifier quelque chose que je ne veux pas. Par exemple, cas actuel, Adyashanti, je me sens supérieur à lui. Ce qui nous fait conserver ce type de s'entiment, c'est qu'il y a incontestablement un dynamisme. Ce sentiment de supériorité, disons, est un courant d'énergie entre le C3 et le C4, au centre. Tout à fait au centre. C'est agréable. Mais pour obtenir ce courant d'énergie, je dois créer en moi une image d'un pauvre débile, cette image est logée à gauche du C2 disons à 10cm. Et quand je la regarde bien, il y a une grosse résistance, comme une friction à cet endroit, et ce truc en fait me gêne vraiment. A force de le regarder, il commence à se dissoudre, et là il y a un autre courant qui monte du C3 au C4, d'une qualité qui n'a vraiment rien à voir avec le premier. La nuit et le jour.
Mine de rien, c'est aussi le fond de l'affaire avec les chenilles. Qu'est-ce que je préfère ? En plus du fait que tant que je maintiendrai dans mon corps subtil des duplicatas de chenilles, de débiles mentaux et d'hommes politiques véreux, il n'y a aucune chance de stabiliser le moindre état naturel. Il faut quand même en être conscient. Donc quelque part, il n'y a pas vraiment le choix.
En conclusion, je crois que l'erreur d'Adyashanti, c'est qu'il regarde l'énergie qui émane du sentiment de supériorité, cette énergie est agréable, donc ça n'est vraiment pas un problème. Mais s'il regardait l'image qui lui permet de générer cette énergie et qui est sa propre création, ça ne lui plairait pas du tout. Personne ne veut des choses pareilles dans sa terre pure, et d'ailleurs à partir du moment où il y a ces choses, il ne peut pas y avoir de terre pure.

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Commentaires
H
Salam<br /> <br /> Je ne peux pas penser le sentiment de supériorité sans que le sentiment d'infériorité intervienne. Je ne me sens jamais totalement supérieur ou inférieur. Il y a beaucoup de variations, et ma névrose déforme en outre ces sentiments, m'entraînant parfois dans de regrettables attitudes avec autrui. Il reste donc du nettoyage !
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J
Il me semble effectivement que le sentiment de supériorité se fait sur la dynamique de la comparaison (ce qui je pense doit revenir à cette dynamique antérieure de la "création" puis l'identification à un je/image qui se fixe sur des agrégats conditionnés) et qui appartient au jeu de la séparation. Si nous pouvions entrer dans la dynamique non-duelle de l'identification à la personne "directement" je ne suis pas certain que ces sentiments de supériorité (ou autre) auraient leur place. Je suppose que pour ce jeu de l'identification il faudrait une personne qui ferait naître en nous ce désir. <br /> <br /> Sinon pour le sentiment de supériorité je pense effectivement qu'il y a deux choses, l'aspect énergétique (comme tu dis agréable) et ailleurs dans le corps une image, un schéma de soi plus sombre et en fait assez dérangeant mais qui justement est rarement vu car il représente l'ombre alors que l'énergie représenterait la lumière (tronquée). Cette dernière ayant peut-être pour but de masquer la première. Mais si on peut se concentrer sur cette première en évitant la fascination pour la 2ème alors c'est beaucoup plus embêtant et automatiquement on se rend compte à quel point nous sommes "vils" et c'est difficile à accepter et surtout rester concentré sur cet aspect. J'ai cependant pu remarquer que cette image pouvait se résorber dans cette concentration (elle ne doit pas aimer la lumière...).<br /> <br /> Bon je n'ai pas identifié exactement bien sûr les endroits précis où tout cela se manifestait.<br /> <br /> Quant à ce qu'on peut lire dans les textes bouddhiques, à savoir "ni supérieur ni inférieur ni égal" ça ça me semble (comme ce que tu disais pour, si mon souvenir est correct sur le fait de souffrir pour les autres) une réalisation en soi, ou une grâce peut-être... Mais clairement s'en faire une image mentale n'a aucun effet. Je veux dire que il me paraît supposable que lorsqu'émane des profondeurs un "autre corps", complet, à qui ou quoi se comparer?
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D
“…il regarde l'énergie qui émane du sentiment de supériorité, cette énergie est agréable, donc ça n'est vraiment pas un problème. Mais s'il regardait l'image qui lui permet de générer cette énergie et qui est sa propre création, ça ne lui plairait pas du tout. »<br /> <br /> <br /> <br /> On pourrait donc dire que ce regard là, pour être nettoyant et transformant, doit voir la chaîne de causes et conséquences (ou du moins une partie significative) des énergies qui se croisent à l’intérieur. La maîtrise du chien qui fait pipi présuppose donc une vision plus large que le simple fait d’observer l’acte.<br /> <br /> <br /> <br /> Il m’a semblé aussi qu’un aspect important, du moins pour qu’il y ait une chance de création de sa terre pure, c’est comment se chercher (ou recevoir) l’énergie divine, c.a.d. l’aspect de l’énergie qui transcende et se situe à plusieurs crans au dessus des courants plus ordinaires. De l’énergie déjà raffinée et dont on ne sait jamais quand et d’où elle vient. Au final je ne sais si cette ci peut vraiment avoir une chance d’aider directement à arrêter le chien de faire pipi, puisque finalement il y a un décalage si important entre les deux que c’est comme de l’huile et l’eau. <br /> <br /> <br /> <br /> Je suspecte que la prière de Jésus peut être une forme de fermer ce « gap ». Il y a d’un côté un appel direct au divin, à son pouvoir et énergie qui dépasse de loin le niveau perçu de la « nôtre » et des « autres ». Et d’un autre côté la perception de notre état, c.a.d. cette vision plus ou moins complète d’une chaîne de causes et conséquences, dont on discutait. Mais j’ignore encore comment effectuer cette union. Pour le moment il n’y a que cette mise en face, qui est quand même assez pénible…
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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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