Des mots pour changer le réel
Alors maintenant on pourrait se poser la question : puisque tout est interdépendant, que sera une religion pour des fantômes qui ne voient pas ce qui crève les yeux ? Ce sera à l'évidence quelque chose de très primaire. Quelque chose qui va faire rêver et qui ne va pas hésiter pour ce faire à présenter des "vérités" en totale contradiction avec les faits. En étant tout à fait tranquille que personne ne s'en apercevra jamais. Par exemple, dans le christianisme, il est notable qu'on nous parle comme si nous étions saints, tout en précisant que nous sommes pécheurs. C'est-à-dire que Dieu est présenté comme une évidence, totalement agissant dans notre vie, et que notre seul souci est de nous laisser aimer par lui - ce qui est assurément le cas des saints, pas le nôtre.
L'autre jour je tombais sur le blog Christité, avec les homélies du Père Jean-Marie Martin. Sur la volonté de Dieu :
Le dévoilement de l'espace du royaume.
Le Notre-Père de saint Luc ne comporte pas « que ta volonté soit faite dans le ciel comme aussi sur la terre » et pour moi c'est la phrase qui ouvre les demandes qui suivent.
Nous avons expliqué que la volonté de Dieu n'est pas ce que nous entendons couramment, nous avons essayé de pénétrer cela. En quoi réside la volonté de Dieu ? En ce qu'il donne. C'est pourquoi le mot qui vient ensuite c'est « Donne-nous». La gratuité de la donation est le trait caractéristique de ce qui régit les relations dans l'Évangile. C'est-à-dire que la donation se caractérise en écartant ce de quoi elle diffère : elle n'est pas de l'ordre du droit et du devoir, de l'exigence, du salaire… et elle n'est pas non plus de l'ordre de la violence. Ce sont ces deux ordres qui vont être évoqués ensuite dans le Notre-Père, dans leur différence d'avec la donation gratuite. Cela sera repris abondamment par saint Paul par rapport à la loi.
Mais le droit et le devoir c'est le salaire (le gain) et la dette. Or la dette on ne les paye pas. La dette "se lève" comme on lève une hypothèque, ou elle "se laisse tomber" comme disent Luc et Matthieu, les deux expressions s'y trouvent. La dette se lève donc gratuitement.
Il est question abondamment de la dette dans l'Évangile, c'est-à-dire du péché. Le mot péché se trouve chez Luc et pas chez Matthieu à ce propos-là. L'Évangile est la proclamation de la levée des dettes. Et Matthieu insiste sur ce point. En effet, après avoir terminé le récit du Notre- Père, aussitôt il reprend : « Si vous levez leurs dettes aux hommes, le Père céleste vous lèvera aussi les vôtres, mais si vous ne levez pas aux hommes, votre Père ne lèvera pas vos dettes » (Mt 6, 14-15), donc c'est quelque chose de très essentiel pour lui.
Cette gratuité se manifeste dans la demande du don, dans la demande du pardon et enfin dans la demande de ne pas entrer dans l'espace de violence : la tentation, c'est le rapport de force. Et on trouve ici la façon dont se caractérise le bon Pasteur en Jn 10 en ce qu'il donne, qu'il se donne. En cela il se distingue du salarié, donc de celui qui est dans l'ordre du gain et de la dette à payer, du salaire, qui s'enfuie lorsque le loup arrive. En effet il n'est pas de l'essence du royaume de Dieu. Le bon Pasteur se distingue également du voleur et du brigand (v. 8) mais aussi du loup qui vient et veut saisir de force (harpazeïn) et déchiqueter (skorpizeïn) le troupeau et chacune des brebis (v. 12).
Le Notre-Père.
Donc après la séquence Père-Fils-Esprit, on a le dévoilement de ce qu'il en est de l'espace du royaume, à savoir qu'il n'est pas un espace régi par la violence (il faudrait voir de plus près ce que signifie la tentation) : c'est un espace régi non pas par l'exigence de la dette mais par le pardon, et enfin par la donation.
A comparer avec Rudi :
You have to enter every relationship with openness, because unconsciously and automatically you start setting up a pattern. You think it is running to the right or to the left or it is looking up, and it's not. You have to become sensitive to the way the flow is coming in, to the way the energy is manifesting. If you pick huckleberries one day and apples the next day, you will be on completely different levels. These forces are on different levels and they have different depths. They have different ways of manifesting and different ways of entering your being.
The purpose of spiritual growth is to break patterns. In your breathing exercise, you have to stop making patterns. When you start turning your exercise into a ritual, you are really creating an idol in yourself and demeaning God. It is the endless and everlasting way this thing comes that is the challenge. You must be open to receive it the way that it wants to come—not the way that you wish to receive it. People lose ninety-nine percent of what comes because they want it to come from the right on Monday and from the left on Tuesday and this way and that way. They are filled with all kinds of ritual without the sensitivity to be open. It can break your heart because it is a changing flow with a different density. It comes in many ways and in different forms and in different fields of energy. If you are sensitive to whatever you feel, if you feel the change in it, you can begin to work in more and more ways.
It is not one pattern, it is not one system—but endless numbers of systems and endless numbers of patterns that change and change and change and change. Astrology, numerology, and all these other things are just trying to tell you that there are sometimes thicker shells on certain manifestations. All of them, however, must be broken and transcended and the energy absorbed. It is not to put you into a pattern. It is to teach you that patterns exist to be surrendered and the nourishment taken. Within yourself, understand your ability to be in a deep state of surrender, to open and allow this force to come in and work with you. Work with it sensitively—any way that it wants to come. And if it works fifteen minutes and then comes in another way, surrender this and go there. Be realistic with it, don't be an illusionist chasing something to the right for fifty years when the thing has shifted fifteen thousand times already.
Growth has to do with knowing what is giving nourishment, not having an illusion of what you think it should be. It is God's will and God's ever-changing energy that we are open toward, not our will. I mean, if you go to a cow, you can drink the milk, but if you don't watch it, you might get kicked in very vital areas. And it's the same way in spiritual work. You can make a pattern, create an illusion, and even assume something, and you will live in that assumption endlessly. Growth has to do with having the conscious ability to detach and attach again and again.
Bon, il me semble qu'il y en a clairement un qui vit dans un petit nuage en employant toute une rhétorique destinée à nous convaincre de la réalité du nuage en question. Il espère changer le réel avec ses mots, en somme il se prend pour Dieu sans s'en rendre compte. De l'autre côté, c'est beaucoup moins brillant évidemment, car nous sommes avertis que Dieu va aussi se présenter sous la forme du loup et du voleur, et plus souvent que nous ne le voudrions.