Rêver sa vie
If you can take your energy and begin to move it, you begin to have a sense of form, a sense of direction, and a sense of reason. It works for you. You don't wake up with this madness in you and inflict it on everyone else. Yes, the madness may be there. So, when your breakfast eggs come upside down instead of sunnyside up, you look at them and think, "Boy, they are really trying to make me fight." So you reverse direction.
Learn to use energy in a simple way—with con-sciousness. You can use energy as a tool. And when the phone rings and somebody says your car was stolen, well, you think, "This is the day somebody steals my car. Is it going to happen on a day that I'm feeling wonderful ? Of course not." And you mentally begin to shape and form and move these forces. I mean, the day somebody calls me to complain is the same day six people call me to complain. These things build. And if you can look at it and be above it, you can say, "Isn't that wonderful." It has nothing to do with you, because you have consciously made your day higher than that. Or if it's a fantastic day, you have con-sciously made it that.
You begin to see the direction and the pattern of energy. You know that if things are going badly, that's the day your mother will call to say her boyfriend fell and broke a foot or somebody is not going to return your tools. Be prepared. You can see the direction the day is taking and know that these things are there to test you. It's not a day for you to be tested and lose--it is a day for you to be above it. Of course, by the end of the day you will proba-bly pass out from exhaustion. You go to sleep exhausted, but not crushed. This is the principle of transcending ener-gy. You learn how to work above the energy, not confront it and get caught.
Hier, j'ai oublié de poster le lien vers John Warsen. La série Esprit de Noël vaut le détour, d'abord parce que c'est bien écrit, ensuite parce que c'est parfaitement représentatif de ce à quoi j'échappe tous les ans grâce à la détestation de ma famille. Comme qui dirait, malheur est bon.
En tous cas, ce matin, à l'heure où j'aurais dû me rendormir, toutes sortes de souvenirs me sont revenus, et je réalisais que je n'ai pas vécu bien longtemps, seulement quelques années. En effet, tout le reste s'est passé dans un état de conscience semi-comateux, depuis l'enfance, où c'est normal quand on est un arriéré, jusqu'à un âge adulte bien avancé, où c'est normal quand on est un arriéré. Ce qui aurait été normal, c'est que je continue et que je finisse comme les vieux de ma famille. Je pense à mon oncle et ma tante qui sont physiquement très fatigués, mais qui courent en tous sens jusqu'à ce qu'ils tombent d'épuisement, parce que selon une confession de mon oncle, dès qu'il est assis sans être épuisé il se met à penser à toutes sortes de choses désagréables auxquelles ils ne veut pas penser. Ils n'ont donc que l'épuisement pour horizon. Cela dit il est quand même à craindre que vers 80 ans, ils soient trop épuisés pour se lever, mais pas assez pour penser au passé.
"Falling asleep thinking that you are working is wonderful if you are lucky enough never to wake up again. But to wake up one day and find out that you have come down from any attainment that you had is the worst kind of hell. This is what people face, usually in their old age when they realize they have not done a proper job. Your ego can't make a wall thick enough to keep you from the awareness that you have wasted your life, that you have done nothing to use this energy that was put in you".
Mais reprenons. Jusqu'à l'âge de 30 ans au moins, j'évoluais dans un pays complètement imaginaire, et puis entre 30 et 40 il y a eu une vague éclaircie dans cette brume, mais guère plus. Je suis passé de profondément endormi à normalement endormi, grâce aux nombreuses relations sociales développées à cette époque. En effet, c'était l'époque du minitel, et je m'en servais pour trouver des amis. Des gens intéressants et bizarres. Il y a eu le fils de Charles Duits avec qui je suis resté ami quelques années, un philosophe (c'est-à-dire un docteur en philo qui publie des livres de philosophie), un homme d'affaires assez décalé qui essayait de vendre des boeings à la Chine, une dominatrice transexuelle qui m'invitait régulièrement à l'Adam's club, je n'ai jamais trop compris pourquoi parce que je n'étais pas impliqué dans ce milieu, mais la nourriture était bonne et ses amis plus cultivés que la moyenne (par exemple la photographe Claude Alexandre). Il y a eu aussi Christian B, celui qui a fait la thèse sur le rêve lucide (à ne pas confondre avec son homonyme néo-nazi), Geneviève B, Docteur en théologie, et puis des étudiants en psycho d'un certain âge déjà. Grâce à tous ces gens, je me suis un peu réveillé de mon abrutissement.
Pour illustrer la profondeur de cet abrutissement, je citerai l'aventure vécue par mon meilleur ami quand j'avais 20 ans. C'était le gars très fier de lui et de sa culture qui n'existait pas (la mienne n'existait pas davantage, mais je pouvais faire illusion ayant raté de peu le concours d'entrée à Normale Sup en Lettres classiques). Un jour il me raconte une aventure, dans un bar il avait rencontré une femme superbe, qui l'avait invité un soir à dîner chez elle, là il avait rencontré son mari, un riche aristocrate qu'il me décrit comme le nec plus ultra de la crème de la société, et ses amis, tous plus intelligents les uns que les autres. Bref, une soirée fabuleuse. Quelques années plus tard, j'entends reparler de cette histoire, mais dans la version de l'autre camp, car ces gens étaient des amis de la dominatrice transexuelle, et ils lui avaient parlé de la soirée en question. En fait, Madame avait rencontré dans un bar un jeune naïf assez amusant, et s'était demandée si elle pouvait l'intégrer à ses soirées SM avec ses amis. Mais le gars s'était révélé tellement crétin qu'ils l'avaient laissé repartir sans rien dire. La meilleure de l'histoire, c'est que quelques annés plus tard encore, j'ai croisé l'aristocrate en question (le mari). Il était ruiné, poursuivi par le fisc, sa femme l'avait quitté, il habitait dans un appartement plein de gravats. Il était en train de réfléchir à ce qu'il pourrait faire pour gagner un peu d'argent, et il m'avaut confier que voler des tapis hors de prix dans un lieu public et menacer de les faire brûler pour faire payer l'assurance, c'était encore le moins risqué. Quoi qu'il en soit, c'était réellement un gars intelligent et fin. Mais pas très conscient lui non plus, parce qu'il m'a été présenté par un loustic assez louche, une sorte de méridional avec une grande gueule mais qui semblait traiter pas mal d'affaires à la limite de l'escroquerie (des histoires de caviar importé de Russie).
Mon cas, loin d'être unique, est fort trivial. L'immense majorité des gens évolue en permanence dans une sorte de rêve, qui peut s'avérer agréable ou mal finir en fonction du karma qu'on a, mais qui en aucun cas n'est conscient. Tel mon jeune ami qui n'avait pas la moindre idée de la situation où il se trouvait. Et j'étais exactement semblable. Je ne voyais absolument rien, même après dissipation partielle des brumes. En fait, je ne pensais qu'à moi, et je ne m'intéressais à personne. Je ne savais même pas que c'était possible, parce qu'on ne me l'avait jamais appris. Ce qui fait que même si des tas de gens se confiaient à moi, je n'y comprenais rien en réalité. Rétrospectivement, je peux dire que tous ces gens étaient assez semblables à moi, c'est-à-dire complètement paumés. Il n'y avait que le diplôme qui changeait de l'un à l'autre.
La majorité de la population (99% au moins) évolue dans un état de coma plus ou moins avancé. On peut le voir à divers signes, par exemple les accidents. Quand on parle avec les gens, on se rend compte que les accidents arrivent de façon curieuse. Je n'ai pas conduit beaucoup dans ma vie, mais j'ai conduit des véhicules dangereux (scooters), et j'ai évité plusieurs accidents potentiellement mortels par miracle, à l'époque où je dormais sur les routes. En fait j'avais une conduite dangereuse et je l'ignorais. Je l'ignorais parce que je dormais. Maintenant j'ai une conscience beaucoup plus vive de ces choses, et je n'ai pas revu de telles situations depuis que j'ai un nouveau scooter. Il y a aussi les animaux, et la maltraitance inconsciente. Avant, j'étais un champion. Mes animaux mouraient je savais rarement comment. Je repense à un hamster oublié sur un balcon dans sa cage (bon, il a fait bien soleil...). C'était chez ma mère, elle non plus n'a rien vu, elle était autant à la masse que moi. Il y a eu le lapin qui a mangé de la pâte à modeler. Le mainate confié à des gens pendant des vacances et qui est mort là-bas. Les plantes c'était pas mieux (les africains considèrent que le premier degré de conscience, c'est de pouvoir s'occuper d'une plante, je ne suis pas arrivé là avant 40 ans).
Maintenant, on dit que j'ai la main verte, mais c'est un mensonge. Je n'ai pas plus la main verte que qui que ce soit, juste un peu plus de conscience. Hier j'ai réalisé in extremis la situation, finalement il a fait -5 cette nuit. Mais si je ne m'étais pas réveillé, personne n'aurait rien su et au printemps on se serait juste aperçu que les plantes étaient mortes. C'est ainsi que les choses se passent quand on dort. On se réveille un matin, un animal est mort, ou une plante, ou même une personne, et puis on ne sait pas trop pourquoi. Ou c'est la voiture qui est cassée, et on ne sait pas vraiment pourquoi non plus.
C'est vrai aussi avec la maladie ou les blessures. Souvent ça dégénère parce qu'on n'a pas assez de conscience pour réaliser ce qui se passe au moment où ça se passe.
Pourquoi je raconte toutes ces évidences ? C'est parce qu'on n'en a pas conscience de notre état d'endormissement, qui est très profond. Pour ma part, je ne me vante pas d'être réveillé, seulement de l'être assez pour voir ce qui crève les yeux. Par exemple une fuite d'essence dans la voiture. Les autres remarquent le fait, mais ça ne fait pas tilt. "Ah oui tiens, je trouvais que le réservoir se vidait vite". Dans un cerveau ordinaire, les liens de cause à effet ne se font pas, les gens et les objets vont et viennent dans une ambiance fantômatique, toutes sortes de choses arrivent on ne sait ni comment ni pourquoi. Si on a de la chance, on croise juste un gars qui nous dit "Eh mon gars tes pneus sont complètement lisses, ça peut exploser n'importe quand", si on n'a pas de chance on se retrouve mort avec toute sa famille. Je suis convaincu que les gens qui meurent stupidement ne sont pas plus stupides que les autres. Simplement, ils n'ont pas eu la chance de croiser le gars qui leur a sauvé la vie. La distraction peut coûter la vie, et le monde entier souffre d'un niveau de distraction inimaginable.