De l'amitié
L’amitié, cela consiste à échanger avec d’autres ses poubelles énergétiques. Rudi appelle cela des “tensions”. Vous avez noté comment ça se passe, vous lui parlez de vos malheurs, il vous parle de siens, quand vous repartez vos malheurs vous semblent moins lourds, mais vous êtes en train de penser aux siens... Ce n’est pas toujours égalitaire. Lorsque l’un des deux a une énergie plus raffinée, il prend ses poubelles et lui donne de la bonne énergie en échange. Cela m’est arrivé dans les deux sens. Lorsque j’avais une trentaine d’années, j’ai connu un peintre qui adorait jeter partout ses poubelles, mais tout le monde les prenait, parce qu’elles étaient de meilleure qualité que l’énergie moyenne des gens. Je veux dire que sa pire énergie à lui était toujours mieux que la moyenne de ce qu’on avait. C’est normal, parce qu’un pratiquant se recycle sans arrêt, en sorte que son plus bas finit rapidement par dépasser le plus haut de l’individu ordinaire. Bref. Le jour où ses poubelles ont fini par me devenir lourdes, parce que j’avais moi-même changé, notre amitié a cessé. En effet il refusait toute autre forme d’échange.
A L’inverse, j’ai eu aussi des amis avec qui le solde était négatif (pour moi). A vrai dire, plus les années ont passé, plus ils sont devenus nombreux, et comme la plupart ne voulaient pas changer, j’ai laissé tomber. En effet, comme dit Rudi, c’est acceptable de prendre les poubelles d’un autre (après tout c’est toujours de l’énergie), pour autant qu’il accepte d’évoluer avec la bonne énergie qu’on lui donne en échange. Mais s’il veut s’en servir pour nourrir son requin intérieur, ça ne va pas.
Je connais une personne qui chaque semaine se récupère des quantités faramineuses de détritus, à cause de son travail. Pendant des années, il a compté sur moi pour l’aider à se libérer de tout cela. Les autres personnes, voyant que je lui faisais un traitement de faveur, me le reprochaient. J’aurais dû les écouter, car le petit poisson est devenu un requin. Son problème, c’est qu’il a pris l’habitude d’accumuler les tensions en nombre infini, confiant dans le fait que quelqu’un l’aiderait à s’en défaire. Et maintenant que ça n’est plus le cas, il ne sait pas s’arrêter (et me voue une détestation farouche). Ce qui en découle est assez étrange, il héberge dans son aura une telle quantité de détritus que ça déborde dans tous les sens. Il y a des fuites, qui semble-t-il vont s’accumuler dans d’autres personnes, autour de lui, et il se retrouve “victime” d’histoires absolument invraisemblables engendrées par ces autres personnes à qui il n’a “apparemment” pas fait de mal. Comme il n’a pas la moindre conscience de ce qui se passe, il continue, et les incidents se multiplient. Quoi qu’il en soit, on constate que pour lui, l’amitié consiste aujourd’hui tout simplement à jeter ses poubelles sur les autres. Il considère cela comme une faveur qu’il leur fait. C’est-à-dire que dès qu’il rencontre une nouvelle personne, il se met à déverser tout ce qu’il peut sur elle, en cadeau de bienvenue. Il s’étonne ensuite que les gens prennent la fuite, et bien entendu il explique toujours la chose par le fait qu’il leur est très supérieur et qu’ils n’ont pas compris la valeur de ses cadeaux. En même temps il n’a pas le choix, comme une personne qui aurait accumulé les ordures dans sa maison pendant des années. Dès qu’elle ouvre la fenêtre, tout ressort, et il est impossible de faire autrement.
Il faut savoir qu’une information valable intellectuellement portée par une énergie radio-active devient un détritus, même si l’information est “intéressante”. On est avant tout contaminé par la radio-activité.
Rudi dit que ce malheur lui est arrivé et qu’il en serait mort s’il n’avait été sauvé par le Shankaracharya de Puri. Mais il faut dire aussi qu’il ne se déchargeait pas sur les autres.
Tout cela n’a évidemment rien à voir avec l’âme, ou l’être psychique. Tous les fantômes affamés et autres déverseurs de poubelles ont bien évidemment une âme qui est très jolie, mais il y a un défaut du mécanisme qui fait qu’elle ne peut pas être nourrie, et que tout ce qui est reçu va nourrir l’ego.
Hier j’étais au restaurant, il y avait deux vieux à côté de nous, des vieux ordinaires. Ils avaient une âme, comme tout le monde, et on pouvait la voir. Mais on pouvait également voir que toute relation ne pourrait se faire qu’à un niveau inférieur, et qu’il serait impossible de nourrir leur âme, à moins peut-être de s’appeler Saint François d’Assise. C’est ce qui engendre la plus grande confusion quand on n’y voit pas très clair. On est attiré par l’âme d’une personne, on essaie de lui donner à manger et on se retrouve au final à nourrir le chien.