Le voile rouge

Ma copine a eu l’assez bonne idée d’acheter les mémoires d’un aveugle algérien : Le voile rouge. C’est moins instructif sur la cécité que Lusseyran, en revanche c’est instructif sur la vie d’un immigré clandestin. C’est quelque chose qu’on n’imagine pas, en fait. Les foyers de travailleurs, la mentalité des gens qui vivent là-dedans. A côté, ma concierge quand j’habitais dans le XXè, c’était Einstein et Mozart réunis. L’auteur est un révolté, qui constate que les pauvres sont pour la plupart de vrais moutons qui se laissent tondre sans sourciller, et qui vivent à peu près la vie des bêtes. Des bêtes en batterie je veux dire. On est loin des descriptions de Mère Teresa ou de Soeur Emmanuelle, où tout le monde est merveilleux. Quant à l’hôpital, ce n’est certainement pas celui décrit par le Père Porphyre… Par contre, il avait la chance de plaire aux femmes, qui avaient une certaine tendance à lui sauter dessus, peut-être parce qu’elles ne se sentaient pas regardées ni jugées sur leur apparence. Si on interrogeait des aveugles, on se rendrait compte éventuellement qu’ils ont une vie amoureuse bien plus intéressante que les voyants, parce que de fait, il semble plus facile de se lâcher avec quelqu’un qui n’y voit rien, qu’avec quelqu’un qui vous regarde. De plus, les femmes ne sont plus avec eux dans le paraître, dans les faux-semblant, bref elles sont authentiques. En revanche j’imagine que le contraire doit être plus compliqué, une femme aveugle avec un voyant. En effet, les femmes ont de la facilité à se retrouver complètement dans le ressenti, et avec un homme aveugle, elles sont dans leur élément. Par contre je me dis qu’il doit se passer des choses bizarres pour les femmes aveugles, et que pas mal de types mal éduqués doivent essayer d’en profiter, sans être spécialement dans le ressenti… 
Bon, ma réflexion a quelque peu dérivé, mais je vous conseille ce bouquin, il est intéressant et bien écrit (et quasiment donné d’occasion).