Kundalini
Petits comms de la nuit, pas inintéressants je pense : Je ne déduis qu’une chose de cela, ton corps n’a jamais connu de félicité véritable, ou s’il l’a connue tu n’en a pas été conscient correctement. Le jour où tu connais la félicité, elle t’emporte et tu ne peux pas lui résister, point final. Aucun saint n’a jamais su lui résister (malgré les pétitions de principes qui voudraient prétendre le contraire pour avoir l’air propre sur soi). C’est elle qui définit ta sadhana, c’est elle ta maîtresse, les pingouins dans les dojos peuvent raconter le contraire si ça leur chante.
Tu as peut-être pitié des esclaves, moi j’ai pitié de ceux qui n’ont jamais expérimenté la vraie jouissance, parce que sans elle, on est juste des cadavres ambulants.
Cette jouissance, à laquelle on s’attache, et qu’on veut retrouver, tout le monde dit aujourd’hui qu’on ne peut pas, et qu’il faut renoncer. Ce sont des menteurs. On peut non seulement la retrouver, mais l’amplifier et la stabiliser. Ceux qui ont échoué et renoncé sont seulement des incapables. Dommage pour eux.
Je parle d’une jouissance du corps, pas de l’esprit. Pas ces « expériences spirituelles » d’amour inconditionnel et je ne sais quoi dont les gens ont treize à la douzaine, celles-là ne laissent pas de trace et ne valent rien. Ce dont je parle est dans le corps, mais justement, ce n’est pas expérimenté par la plupart des gens, parce que leur cuirasse caractérielle les en empêche. Avant de l’éprouver, il faut avoir enlevé cette cuirasse, et c’est quelque chose qui nous dépasse complètement. Alors que les plaisirs spirituels, éprouvés seulement dans l’âme, ne nous dépassent pas. Ils vont, ils viennent, rien n’est plus facile que d’y renoncer. C’est quand ça commence à se graver dans le corps qu’on est pris. Et personne n’y résiste.
Je pourrais mentionner ces bourgeoises, lors du stage Yoga et soufisme. Des filles bien coincées, assez rigides. Le formateur a trouvé une méthode magique pour décoincer ce que Reich nommerait « l’énergie orgastique ». Le résultat était terrifiant, elles se donnaient en spectacle en poussant des cris, aucun de leurs amants ne les a jamais vues dans cet état à mon avis sinon ils se seraient enfuis en courant, on aurait dit des démones. Mais cela ne laissait aucun souvenir, à part celui de s’être bien explosé. Une sorte de bacchanale organisée. Par contre je n’ai pas vu passer d’hommes, je pense qu’aucun n’aurait osé se laisser aller. Pour moi, c’est l’énergie de la kundalini, et au début elle est intenable, c’est tout un entraînement de la canaliser. Ce n’est pas pour rien que les textes parlent de chevaucher le tigre. Mais sans elle, pas de réalisation.