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L'entraînement de l'esprit
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17 décembre 2015

La Passion du Christ

Je suis en train de me rendre compte qu’au niveau de la méthode, la voie chrétienne est tellement puissante que c’est la seule qui puisse se pratiquer sans maître. Je ne dis pas que ça n’est pas dangereux, mais l’une des fonctions principales du maître, qui consiste à montrer les lumières divines, est amplement remplacée par la méditation sur la Croix, qui comporte à mon avis deux aspects.
Il y a premièrement la méditation sur les souffrances du monde, qu’on va retrouver dans le bouddhisme, avec la méditation sur dukkha, et les « défectuosités » du samsara. Plus précisément, ce seront des méditations sur les 6 lokas, qu’on retrouve dans la pratique de Tchenrézi par exemple. Ces 6 lokas ne sont évidemment pas dans quelque univers abstrait, mais sous nos yeux tous les jours. L’enfer, ce sont les jeunes des banlieues qui en veulent au monde entier, le royaume des esprits avides, c’est celui de nos amis et parents qui poursuivent sans fin des plaisirs illusoires qui ne les satisfont pas, le monde animal, on l’a sous les yeux, surtout en hiver avec les petits oiseaux qui ont froid et faim, ou avec le chien du voisin qui est vieux et sourd, et dégoûtant, et enfoncé dans sa condition jusqu’aux oreilles – sans parler de son copain l’autre chien qui avait mangé 16 sachets de mort-aux-rats (pas les nôtres) et qui a failli y passer le mois dernier -. Pour les demi-dieux et les dieux, ce sont tous ces riches qui pensent mener une vie très agréable, ou même ces coachs spirituels, qui vont déchanter un jour ou l’autre… Déjà là, on a de quoi faire. L’autre jour au restau japonais j’ai failli pleurer dès l’entrée, en voyant le petit sapin, un pauvre arbre coupé avec des guirlandes. Pourquoi est-ce qu’ils ne feraient pas le contraire ? Vendre des sapins en pot que les gens mettraient chez eux pour Noël et qu’ensuite ils iraient planter au mois de janvier ? Et puis ensuite on nous a mis à une table à côté d’une handicapée qui semblait quand même bien misérable, qui m’a fait repenser à l’handicapée de mon roman.
Mais il y a autre chose dans la religion chrétienne qui à mon avis fait toute la différence, c’est la Passion du Christ. C’est quelque chose qui ne fait ni chaud ni froid à ceux qui ne l’aiment pas, et peu d’effet à ceux qui l’aiment tièdement (dont sont beaucoup de religieux malheureusement). Moi-même je ne peux pas dire que sa pensée me fasse beaucoup d’effet, mais il me suffit de transposer sur mon yidam. Et là je dois dire que c’est totalement insupportable. La question n’est plus de trouver un maître qui va nous montrer les lumières divines. Elle est d’arriver à faire passer en nous cette souffrance, qui est strictement la même chose que les lumières divines. On n’est plus confronté au problème du pas-assez, mais du trop. On notera d’ailleurs que cette méditation sur la Passion est constituée de façon à ne rien laisser au hasard (ce qui me fait penser une fois de plus que ça n’est jamais arrivé). On comprend assez bien en méditant pourquoi cela doit être fait en quelque sorte au corps défendant de ce malheureux Jésus. S’il était joyeux d’y aller, cela n’aurait aucun effet sur nous. En revanche, s’il est contraint (quoique consentant, pour le bien de tous les êtres), on obtient l’effet maximal. C’est assez difficile à expliquer, il faut l’expérimenter, et l’on se rend compte que c’est  le modèle de ce qu’il nous faut imaginer. C’est effectivement une sorte d’intelligence suprême qui a fait descendre ce cliché, Angèle de Foligno a raison de dire que Dieu peut sauver le monde autrement, mais que ce choix est le plus efficace.
Toute la question revient donc à concevoir un être qu’on aime suffisamment pour que le fait de lui infliger cela ait la vertu de nous ouvrir tous les canaux.
Une autre chose que l’on remarquera au sujet du Christ dans les écrits des saints, c’est qu’il souffre en permanence, de la naissance à la mort, car il connaît son destin depuis le moment de sa conception. Là encore, c’est un peu absurde pour décrire une vie humaine véritable. En revanche, nous imaginer notre dieu qui souffre en permanence, cela permet de joindre en nous le haut et le bas. C’est ce qui m’est arrivé sans le faire exprès dans ma saison 10, le pauvre héros est tout le temps en train de déplorer la perte d’un être aimé, ou la souffrance du monde, tant et si bien que sa souffrance devient permanente. En même temps les lumières divines chez lui sont natives, en sorte que les deux se rejoignent. Au final, je constate que j’ai été contraint d’imaginer un être avec deux natures pour obtenir le meilleur effet. Il n’est pas ficelé comme Jésus mais le résultat est le même, c’est un bouddha qui porte le poids du péché, ce qui ne peut pas exister. Les bouddhistes, avec leur exigence de vue juste, se sont privés de cela, car un Gourou Rinpoche c’est bien gentil, mais ça marche beaucoup moins bien. De même, il y a le Bouddha avant son éveil et après son éveil, aucun des deux n’est aussi convaincant que si ces deux aspects se trouvaient liés en une seule personne. Voilà donc pour le génie du christianisme, mais il en a résulté que les théologiens se sont pris les pieds dans le tapis.
En effet, l’incompréhension de cette « exemplarité imaginale » du Christ fait que les théologiens ont été contraints de faire le grand écart pour nous expliquer comment on peut avoir la vision béatifique sans en avoir la jouissance – ce qui est un non-sens -, puisque le Christ est censé avoir passé toute sa vie dans la vision béatifique et ne l’avoir jamais perdue. (On va me dire « et le Saint Suaire ? ». Je pense qu’il est apparu miraculeusement, comme l’image de Notre-Dame de Guadalupe, mais aussi un bon nombre d’icônes.)
C’est d’ailleurs en tirant les conséquences de cela que certains en sont venus à imaginer la souffrance de Dieu le Père, comme François Varillon ou HU von Balthasar. Ce qui a encore moins de sens que pour le Christ, mais c’est imaginalement une très bonne idée.

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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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