A propos du bonheur
J’ai regardé encore quelques vidéos d’Isabelle Padovani, mais aussi d’un autre spécialiste de la CNV, Thomas d’Ansembourg, remarquable homme de scène à défaut d’autre chose. Et je me suis reposé pour la nième fois la même question : comment peuvent-ils prétendre que leur foutu machin apporte le bonheur, et surtout comment tant de gens de leurs disciples peuvent-ils accréditer cette prétention ? Après réflexion, je me suis souvenu que des gens m’avaient déjà donné la réponse.
1) Personne ne croit que le bonheur tel que moi je le définis soit possible. Il me faut donc reconnaître que bien que n’ayant jamais eu la foi au sens chrétien, je l’ai eue au sens d’un certain bouddhisme. A savoir qu’en lisant Kelsang Gyatso et en écoutant le Lopön, j’ai été absolument convaincu qu’ils disaient vrai, qu’il existait quelque part un bonheur absolument extraordinaire et inimaginable (c’est aussi ce que disent les chrétiens, mais ils ne situent pas trop la vision béatifique sur terre). 2) Leur peu de conviction quant à la possibilité de ce bonheur absolu a pour conséquence qu’ils n’ont pas l’intention de passer leur vie à le chercher. Qui voudrait consacrer sa vie à chercher un lièvre à cornes ? 3) Les gens décident donc que le bonheur, c’est cet espèce de bien-être vital qu’on peut expérimenter à bon compte pourvu qu’on ne soit pas trop stressé, et tout le monde décide que c’est la seule chose qu’on puisse espérer de l’existence, et que, puisque c’est la seule, elle est forcément merveilleuse.
A partir de quoi tout le monde entend les enseignements bouddhistes, chrétiens etc… depuis ce nouveau point de vue, et chacun se trouve éveillé ou réalisé, ou en lien direct avec Dieu, puisque l’Eveil ou l’union à Dieu, c’est ce bien-être pitoyable.
Il faut dire qu’il serait assez compliqué de penser autrement. Quand on lit les lettres de tous les grands esprits compilées sur ce site, on se rend compte que l’élite de l’élite n’a jamais eu la moindre idée de la façon dont il était possible de maîtriser son esprit et de se transformer réellement. Ces secrets sont restés bien cachés dans les monastères et les confréries, sans jamais en sortir. Pas plus aujourd’hui qu’hier. Je suis récemment tombé sur un traducteur apparemment assez connu, un certain (lama) Tony Duff, qui passe sa vie à traduire des textes du dzogchen mais pas seulement. Le pauvre, c’est encore pire que pour les autres traducteurs que j’ai connus (je précise quand même que j’en ai connu un qui a traduit du tibétain pendant 20 ans auprès des plus grands lamas, et qui maintenant est séminariste, jurant que le bouddhisme tibétain est l’oeuvre du démon. Un esprit très brillant, qui à mon avis ne comprendra pas mieux le vrai christianisme qu’il n’a compris le vrai bouddhisme, c’est-à-dire pas du tout. Mais peut-être trouvera-t-il enfin la reconnaissance qu’il cherche). Tony Duff est visiblement moins intelligent, car ce qu’il écrit n’a absolument aucun sens tout en prétendant révolutionner le dzogchen. Il s’est plus ou moins auto-proclamé lama si j’ai bien compris, et il a des disciples. Sur sa page FB je suis tombé sur des propos pitoyables concernant le christianisme. Pour lui, la confession c’est aller avouer à quelqu’un d’autre les fautes qu’on a commises dans l’espoir qu’une entité omnipotente va nous les remettre. Le bouddhisme c’est bien mieux, car cela consiste à examiner son esprit pour voir ce qui va de travers. J’ai posté un commentaire le priant d’éviter de parler de choses dont il n’a aucune connaissance, dans la mesure où sa compréhension du christianisme est à peu près du niveau de celle de Madame Michu, concierge de son état. Quoi qu’il en soit, s’il est incapable de voir ce que recouvrent les notions fondamentales du christianisme, qui sont encore à la portée de nos faibles esprits, on se demande ce qu’il peut comprendre du dzogchen, qui est vraiment fait pour des esprits supérieurs et dont je serai probablement encore en train d’essayer de me figurer la base dans vingt ans.
J’ai trouvé des conférences d’I Padovani sur la thérapie qu’elle pratique, les MAI je crois, en gros il faut donner la parole à toutes les voix qu’on a dans la tête, noter tout ça sur un papier et chercher des stratégies pour contenter tout le monde. Il y en a deux principales semble-t-il, une idéaliste qui veut rêver, et une réaliste qui essaie toujours de la ramener sur terre. Ce qui m’a fait penser à la saison 1 de mon roman avec ses deux héros, un idéaliste et un réaliste. J’essaie d’en faire des amis mais je n’y parviens pas vraiment. Je me dis que les thérapies ont régressé depuis Jung, parce qu’il avait au moins réussi à établir une hiérarchie et des relations dans tout ce bazar, ces deux subpersonnalités étant à mon sens la persona et l’ombre. Le brave type qu’on croit être et la petite voix qui le ramène sur terre. Avec cette lecture, on a au moins le soupçon que l’une vit dans le faux-semblant et que l’autre est plutôt malveillante, mais pour IP, foin de tout cela. Toutes ces personnalités sont absolument bienveillantes et sincères, et nous sommes de bien braves gens. La CNV, c’est essayer de faire vivre ensemble des gens qui se détestent tout en leur faisant croire qu’ils s’aiment. Il y a des questions du public à se tordre de rire « Comment est-ce que je peux avoir plus d’empathie envers telle personne ? ». Traduction : je déteste untel mais je voudrais me faire croire que je l’aime, donc qu’est-ce que je pourrais faire pour arriver à y croire ?
La CNV, en fait, je ne comprends pas ce que c’est. Pour moi, c’est un pur fantôme généré par des esprits malades. En effet, la question qu’elle cherche à résoudre c’est : »Je cherche à communiquer mais je n’y arrive pas, comment faire ? ». Je ne comprends pas, parce que quand je veux communiquer, j’y arrive, et quand je ne veux pas, je n’y arrive pas. Ne pas y arriver, c’est la traduction du fait qu’on ne veut pas.
Alors on pourrait me dire « Oui mais toutes les lettres que tu envoies et qui restent sans réponse… ». Mes lettres ne sont pas destinées à communiquer mais à voir si ça vaudrait le coup d’essayer de communiquer. Je n’ai pas de regrets quand on ne me répond pas, ou mal, puisque ça veut dire que j’ai affaire à un personne avec qui je n’ai rien à faire. Maintenant, si je voulais communiquer à tout prix avec ces personnes, il est évident que je ne les testerais pas.