Complétude
Ce qu’on veut vraiment, c’est très simple en réalité, c’est que l’énergie du bas alimente le haut, ce qui ouvre les chakras de la tête, et ce faisant, il est possible de recevoir les lumières divines. Cela arrive diversement en diverses occasions – à mon avis c’est ce qui fait tout l’attrait du sexe. D’une manière où d’une autre, le désir monte à la tête, sinon les gens ne deviendraient pas fous avec ça, et laisse imaginer des extases plus grandes, le problème c’est que c’est une énergie assez grossière qui va ferme les canaux quand elle devient trop forte, et les gens finissent plus ou moins frustrés sans comprendre exactement ce qui s’est passé. En fait, c’est très difficile à voir, parce que les canaux sont tellement fins qu’on ne les perçoit pas. Durant la méditation, ils peuvent aussi s’ouvrir, et des tas des gens ont des expériences de félicité, mais ils ne peuvent savoir ni quoi ni qu’est-ce, parce qu’ils n’ont pas la discrimination suffisante pour savoir exactement ce qui se passe. La seule différence entre celui qui loupe sa pratique et celui qui la réussit, c’est que le second parvient à acquérir cette discrimination. Il est assez facile de se faire sauter la tête, que ce soit avec des émotions fortes, être amoureux, ou même prendre des drogues. Il est très difficile de savoir comment ça s’est fait.
Quoi qu’il en soit, un trajet énergétique n’est complet et donc satisfaisant que quand il va jusque dans la tête, même si on s’en rend rarement compte. Par exemple, jusqu’à récemment je n’avais pas la conscience du fait que le désir montait toujours jusque là et qu’il l’avait toujours fait (enfin je crois, mais peut-être que je me trompe, parce qu’il m’est impossible de concevoir autre chose), seulement la sensation, en conséquence de quoi il n’y avait aucune maîtrise sur le phénomène. Il faut préciser ici que cela ne se fait pas par des canaux ordinaires, ou que ce n’est pas de l’énergie ordinaire. En effet, on peut faire monter tout ce qu’on veut avec des techniques de chi-qong et de l’orbite microcosmique, il ne s’agit pas ce cette énergie-là. Est-ce que c’est une question de canaux ? Pas sûr, puisque ça semble marcher parfaitement bien par des canaux ordinaires. C’est une question de qualité. Le canal central, ça ne semble pas tant un canal, qu’une certaine qualité de l’énergie. Qui ne peut être donnée que par l’amour véritable. Ou dit autrement, l’amour véritable c’est cette qualité d’énergie différente, qui « inverse » le cours des choses, comme l’ont si bien noté les taoïstes. Normalement, l’énergie descend et s’éparpille. Inverser le cours des choses, c’est la faire remonter à son origine, et il se trouve que cela produit également une inversion au niveau physique. L’énergie du vital cesse de nourrir des productions extérieures, mais nourrit l’esprit, en quelque sorte. C’est peut-être un mauvais terme, mais on s’illumine la tête au lieu de courir dans tous les sens.
La difficulté à mon sens, c’est de trouver les canaux de remontée, de voir le trajet d’un bout à l’autre. Il y en a une multitude en fait. Quand on en voit vraiment un pour ce qu’il est, on voit les autres. On voit le trajet complet de chaque impulsion énergétique correcte – quand on ne pratique pas trop mal, il y en a beaucoup dans la journée, mais ce n’est pas pour autant qu’on voit le trajet complet, il y a une part qui échappe à la conscience, du coup on est dépendant de facteurs qu’on ne maîtrise pas. A partir du moment où on voit tout, on peut initier des impulsions et les suivre jusqu’au bout. Penser à quelqu’un qu’on aime et se sentir satisfait, au lieu d’être frustré par un bout ou par un autre. Avoir l’impression qu’il manque quelque chose. Quand quelque chose manque, c’est toujours un bout du trajet qui n’est pas conscient. Mais quand on a tout de bas en haut, on a tout. Ne reste plus qu’à amplifier la chose. Au début ça commence petit, mais ça n’a pas d’importance – et c’est d’ailleurs parce que ça commence petit que c’est tellement difficile à discriminer dans son ensemble -, ce n’est ensuite qu’une question de cultiver son jardin. Les chrétiens ont beau jeu de parler du coeur, mais le coeur sans la tête, ou sans le bas, ça n’est pas vraiment le coeur. Il n’y a que l’ensemble qui peut fonctionner correctement.