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L'entraînement de l'esprit
A lire...
8 juin 2015

Lettre non envoyée au Père Syméon

Bonjour mon Père,

 

Je viens de lire votre conférence "Expériences du péché et de la miséricorde de Dieu chez St Silouane", et je souhaiterais vous faire part d'une certaine perplexité qui me saisit à cette lecture, mais qui n'est pas nouvelle. Elle s'élève avec toute lecture qui traite de sujets similaires, qu'il s'agisse des livres remarquables de l'Archimandrite Sophrony, des livres de Saint Jean de la Croix, ou des Ecrits de Mère Teresa qui est restée quarante ans dans la nuit obscure. De tous les livres, au fond, qui traitent du sentiment d'être abandonné par Dieu.

Je suis perplexe, car il me semble que le sujet est toujours traité d'une manière qui va provoquer l'effroi chez le croyant. Comme si d'une manière tacite, il était toujours question d'identifier Dieu à travers une certaine forme de consolations, en sorte qu'on en viendra forcément à se croire abandonné lorsque les consolations font défaut, dans la douleur et le resserrement du coeur. Est-ce parce que les personnes appelées à la vie religieuse le sont toujours par une grâce qui prend la forme d'une consolation ? J'entends par là une joie spirituelle pure, où la tristesse et la douleur sont absentes.

Mon expérience, si je puis me permettre de la mentionner, me donne une perspective complètement différente. Je suis né d'une famille athée, où j'ai acquis une structure d'esprit qui ne laissait pas de place au surnaturel. Mais comme c'était tout à fait insatisfaisant, j'ai cherché ce Dieu auquel il m'était impossible de "croire". Je vous ferai grâce des détails, mais il ne s'est jamais manifesté de la façon dont, si on en croit les livres mystiques, il devrait se manifester. A savoir que jamais je n'ai pu me dire :"Ah, voilà, ceci est la présence de Dieu". Après de nombreuses années, j'ai donc fini par en conclure qu'il me rejetait, et j'en suis arrivé au point où je lui ai dit :"Que tu existes ou non, je veux t'aimer, et même si tu devais me rejeter pour l'éternité, ça ne changerait pas ma décision". Et je peux dire que cette nuit-là, mon esprit s'est enfin éclairci, et j'ai compris mon erreur. Je l'attendais sous une certaine forme, alors qu'il se présentait obstinément sous une autre.

En relisant des livres mystiques, j'ai compris que la même chose se passait pour tout le monde, avec une seule chose en plus, la grâce d'appel. Le mystique, un beau jour, ressent fortement la présence de Dieu, et il désire se vouer à la vie religieuse. Malheureusement, sa conception initiale est teintée de toutes sortes d'erreurs, pour cette raison il doit être plongé dans l'absence et l'abandon - ou plus exactement ce qui apparaît tel en vertu de sa conception. Et en un sens, il n'en sort jamais de cet abandon, il apprend simplement à reconnaître que ce qu'il prenait pour de l'obscurité est de la lumière, que Dieu n'est pas ce qu'il avait cru au départ, mais vraiment quelque chose de tout autre.

Quoi qu'il en soit, mon expérience m'a donné une certitude : c'est que les attributs divins ont deux faces, une face joyeuse, et une face douloureuse. Dieu n'est pas plus absent dans l'une que dans l'autre, et je ne pourrais pas nommer "abandon" la face douloureuse. Je dois même vous avouer que j'en suis venu à la rechercher. Je ne méprise pas les consolations, mais en l'absence de ces dernières (lorsque la tiédeur domine), mon réflexe n'est pas de les rechercher car je sais que de toutes façons ça ne marche pas, mais plutôt d'aller en enfer, car l'enfer est bien plus facile à trouver que le paradis.  

Je connais beaucoup de gens qui progressent lentement et qui sont souvent dans la sécheresse, ou la tiédeur. Mais la cause en est absolument évidente : ils refusent la souffrance, et cherchent la consolation, le sentiment d'être aimé de Dieu. Pour les plus courageux, il y a certes une méditation sur les mystères douloureux et les souffrances du monde, mais sans trop d'implication personnelle, et toujours avec l'idée que tout cela va déboucher sur la joie et les mystères glorieux. C'est toujours parce qu'il y a cette façon d'interpréter leur expérience qui dit que, au fond, Dieu est absent de la souffrance (et du sentiment d'abandon). Mais justement, le Christ l'a habitée totalement, en sorte qu'il n'y ait plus d'état où Dieu soit absent (sauf celui où on le rejette bien entendu).

Ici j'en arrive à votre conférence, qui laisse entendre que Saint Silouane a expérimenté l'abandon. Mais ce qu'il a expérimenté, c'est le sentiment d'abandon, et pour ma part je suis absolument convaincue qu'il n'en est sorti que le jour où il l'a reconnu comme Présence. Je veux dire par là que si l'on orientait les gens en leur disant que le sentiment ne décrit pas la réalité, bien au contraire, mais que c'est à travers ce sentiment qu'on peut apprendre à reconnaître la réalité de Dieu, peut-être qu'ils fuiraient moins. Je peux voir quotidiennement que ce n'est qu'en s'abandonnant à ce qu'il y a de plus effrayant pour nous, mais aussi en le creusant, qu'on avance vraiment. Certes on peut attendre que cela nous tombe dessus, et ne pas le regarder de trop près quand ça arrive, ce qui est l'attitude courante, même chez beaucoup de religieux je pense. En lisant les Ecrits de Mère Teresa, on voit bien que les dix premières années, elle cherche à sortir de sa nuit, parce qu'elle estime que ce serait préférable. Les confesseurs ne semblent pas l'avoir beaucoup aidée à comprendre qu'il fallait au contraire aller dans l'autre sens. Quoi qu'il en soit, au bout de dix ans, elle change de direction, et les choses commencent à s'éclairer.

Pour nous c'est la même chose. Il y a en chacun de petites angoisses passagères qui sont en réalité des failles sur un abîme inimaginable, qui est celui de toutes les souffrances de l'humanité. Et comme nous ne sommes pas Mère Teresa, ces failles s'ouvrent rarement, en sorte que nous courons le risque de ne jamais connaître Dieu que de très loin. Dieu respecte notre liberté, et si nous ne voulons pas de cette souffrance, il nous l'imposera rarement. C'est à nous de la demander, en creusant dans la direction de cette obscurité. C'est assez terrible, en fait, parce qu'on a vraiment l'impression qu'on n'en sortira pas vivants, et qu'en plus cela n'a pas de fin, et pas de fond. En même temps, comme le fait bien remarquer l'Archimandrite Sophrony, dans sa souffrance il était vivant, alors que le reste du temps, il se sentait plutôt mort. Pourquoi a-t-il toute sa vie versé des torrents de larmes au sujet d'une infidélité de jeunesse envers le Christ, pour laquelle il n'avait probablement pas eu le choix ? Pourquoi les saints pleurent-ils sur des péchés minuscules ? Parce qu'ils y trouvent un abîme sans fond. 

Bref, on laisse à chacun le soin de se rendre compte qu'il faudrait plonger dans la nuit obscure, tout en laissant entendre que c'est mieux lorsqu'on n'y est pas - ce qui est la meilleure façon de fuir Dieu. Et je dois admettre que j'en suis vraiment triste, car je vois mes amis rechercher toujours la joie et les consolations, et les trouver rarement. Les écrits des saints sont clairs, mais l'exégèse qui en est faite n'encourage pas à les suivre. Un jour le Père Philippe Dautais m'a même dit qu'on pouvait être un bon chrétien sans souffrir. Comment ne pas pleurer en entendant cela ? Peut-être que beaucoup de gens ne sont pas destinés à être autre chose que des chrétiens médiocres, mais quelque part je n'y crois pas. Il paraît que 50% de la population actuelle va attraper un cancer. Que vont-ils faire, tous ces gens, si personne ne leur a appris qu'on trouve Dieu bien plus sûrement dans la souffrance que dans le bonheur d'une vie bien réussie ? Qui va les sortir de là ? Nous sommes à une époque où vraiment tout est en train de très mal tourner, mais on apprend aux gens à être heureux sur terre. 

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Enseignements de Rudi

Fear
We have the capacity in our minds to create that which we are most afraid of; in the same way that we bury some ignorance like a grain of sand inside the shell of an oyster and build around it until we come up with the end product, which in this case is not a pearl.

God
It is finally this consciousness that allows a human being to feel God as the constant energy that is absorbed by all of the chakras, filling him with sweetness and joy. Not feeling happy is only the result of not being in tune with this force and not having the consciousness to contain it. For whatever reason we fail in holding onto energy, we must look to ourselves. We cannot blame anybody or anything. It is only our lack of capacity to hold that which is given.

Revelations

In all teachings, the temptations that appear during the revelation period are those things we identify with, that take away the energy or content from the experience. It is the courage to put the bottom on the void, so that the incoming energy is not lost during any experience, that is required. This enables a person to grow endlessly, by surrendering content as fast as it manifests itself.

Seekers
It is a remarkable event when somebody presents a situation that exposes their real need. It is rare when even half the truth is given. Usually a situation is distorted beyond recognition. It is as if somebody is saying to me that if I can dig out the real situation, maybe they will allow me to help them. When a situation occasionally is presented in all its nakedness, it is only because the person is defenseless at a particular moment. As soon as they have one stitch to put on their back, they again retreat into themselves, distorting what they said and what they think you said. The ability to hear and see is rare in this world. It only exists in somebody who truly wishes to grow. This has not, unfortunately, been the attitude of most seekers. So few succeed in reaching their goal that it is safe to assume that there are few who honestly pursue a spiritual life, and even then, very few teachers who cater to anything that brings the realism that allows for enlightenment.

Spirituality

Spirituality is not about being where you think you should be. It is not about being where you want to be. Spirituality is about being on the highest point of an ascending energy that keeps growing and growing.
As this energy grows, it completely destroys every level of truth as you live it. This does not mean the truth that has been destroyed was not real. It was real for the level on which you existed before. With students, I am not interested in how long they are with me; I am just interested in one thing: whether or not they are strong enough to break up the horizontal level and continue growing. For myself, I do not want to limit myself by what I was. I do not think, "I did all this work to get to here." That is baloney. That is making a drama of your life and trying to build an image for yourself. The point is to keep growing. It is to have the courage to keep growing, even if it pulls apart the structure of your life. Then it is freeing you. There is nothing wrong with pulling apart the structure. What is wrong is to build yourself into a coffin and then stay there and try to justify it. Either you are working to live on a higher level all the time and to have a rebirth all the time, or you are trying to find justification for staying the way you are.
The whole point of what we do is to destroy matter, which is this horizontal plane we sit on: the earth. It is to translate this physical and material matter into spiritual force. This is our work.

Surrender
You sit down. Inside you, what is going on? You want to be right. "I'm a nice guy, how could this person do this to do me? How could someone take advantage of me in the business world," or "How can somebody not love me? Don't they understand what I did?" Inside you, these muscles close up; they are protecting you. They are protecting your ego, protecting the image you have of yourself. You sit down to take your breath, and you find that something has robbed you of your heart. What robbed you of your heart ? The need to be right. These muscles do not want to open. They would rather you were safe and secure behind the wall than outside the wall.
Surrendering is opening all the muscles. This is the real test of your surrender in a situation. Can you breathe ? Does the throat open to receive the energy ? Are you free to receive this energy and open and see what your condition really is ? If you find out you are constricted in your heart, you have a pain in your back, or you can't get the air down, what does it mean? It means you are closed. What closed you? It does not matter what closed you, you do not have to find the rational reason, you just have to open. You sit and work, and you breathe. I do not have that problem anymore, but I used to sit and take that breath six hundred times in one day, sometimes, to begin to feel a little crevice start to open. If you are closed, you are dead. You can't be right if you are closed. Can a closed person know what he or she did or did not do ? So, if you find that you are closed, you have to drop the whole issue of whether the other person is or is not right.


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