Plaire à Dieu

Tout a été mis sans dessus dessous dans la façon dont est conçue la religion. Je me dis parfois qu'il faudrait faire un manuel qui expliquerait comment tout cela fonctionne. Les saints et pas seulement eux, nous disent qu'il faut plaire à Dieu. Par exemple, ne pas commettre tel ou tel péché, non par tel impératif moral, mais en premier lieu, pour plaire à Dieu. Cependant, on se rend compte que cette pratique n'atteint son but que si Dieu est pour nous suffisamment concret. A mon sens, si on demande à un chrétien ordinaire de se priver de gâteau au chocolat pour plaire à Dieu, le résultat réel en sera un certain ressentiment contre Dieu, lui-même conçu comme une abstraction. Je le vois parce que ça fait un moment que j'y pense, sans pouvoir le faire. En effet, je me refuse à faire des choses qui pourraient générer une frustration, ce qui au final me ferait en vouloir à Dieu. Cependant je note depuis hier que la chose semble possible. Dieu est suffisamment concret pour que, si je lui sacrifie une envie quelconque, j'en ressente un supplément d'amour, plutôt que l'inverse. Ce n'est pas mental, c'est un phénomène physique qui se produit ou non.
C'est comme "demander à Dieu de bénir" ceci ou cela, conseil souvent entendu. Moi je trouve cela très difficile. C'est une prière qui doit produire un effet concret, comme toute prière d'ailleurs. Dire que Dieu est inconnaissable, au-delà du sensible, et que par conséquent on peut se contenter de parler dans le vide en se disant que ça va marcher, n'est pas une option. J'ai récité dix millions de mantras de cette façons, je peux vous assurer que ça ne donne aucun résultat. Ce qui compte dans la prière, c'est l'énergie spirituelle qu'on y met, le réel effort. C'est ainsi que j'ai bien du mal à retourner les formules de politesse "Dieu te bénisse" et compagnie, parce que ce sont des mots dont il faut connaître le sens. Imaginer "Dieu bénissant mon voisin" me demande réellement un puissant effort, il me faudrait y consacrer plusieurs minutes pour que ce ne soit pas une parole creuse. Je ne comprends pas comment font les gens. Ou plutôt, je ne le comprends que trop. En acceptant de commettre une parole creuse, ils entrent dans un processus dont on revient difficilement : l'envahissement par le néant. J'ai assez de mal à me tirer de ses griffes pour ne pas vouloir y retourner par inadvertance, en me permettant des paroles creuses de ce genre.