La voie de l'homme moderne
L'homme a tellement dégénéré spirituellement qu'il semble qu'il n'y a plus qu'une seule voie possible : la contemplation de sa propre nullité. En effet, j'ai exploré cinq religions, et chez les pratiquants actuels, je n'ai trouvé partout que bêtise insondable, à la mesure d'une prétention tout aussi insondable. Chacun connaît Dieu, chacun lui parle, chacun connaît parfaitement son chemin et n'a besoin des conseils de personne. C'est le contraire de ce qu'on enseigné toutes les traditions. Quand on sait que l'homme moderne est constitutivement un vermisseau comparé à l'homme traditionnel, cela fait froid dans la dos. L'organe spirituel a été remplacé par la prétention. C'est assez logique. L'homme moderne est tel le SDF qui après avoir perdu son boulot, sa maison et sa femme, n'a plus que sa certitude d'être le roi de l'univers. Cela fait quinze ans que je cherche un enseignement qui tienne la route : je n'ai rien trouvé. Ceux qui savent se taisent, dans quelques années ils auront disparu de la surface de la terre, et ceux qui ne savent rien ont pignon sur rue. Le seul enseignement que j'ai trouvé se trouve dans les livres écrits par ceux qui ont fait l'expérience de Dieu, les saints, canonisés ou non. Les Krishnamurti, Matthieu Ricard, Arnaud Desjardins, Eric Baret, Jean Klein... ont peut-être eu des expériences, mais ils ne savent rien. Normal, ils n'ont rien étudié de sérieux. Non seulement leur enseignement est nul, mais il égare les gens. Je suis tombé aujourd'hui sur une vidéo youtube, sesshin avec Roland Rech. C'est d'un vide spirituel véritablement effrayant, on se demande comment des êtres humains peuvent penser que le bonheur, c'est cela.
Une sesshin avec Maitre Roland Yuno Rech
Autrefois, je n'aurais pas dit une telle chose, parce que je n'aurais pas été sûr, mais aujourd'hui, je suis sûr, car je sais que la seule voie véritable qui se propose à nous, hommes modernes, n'est pas celle du bien-être, ni celle de la méditation, du yoga ou de la pratique du mantra secret, car il n'y a plus de maître authentique qui souhaite nous enseigner. Quant à l'étude des textes anciens, oui, mais pas dans l'espoir de comprendre les sciences divines qui étaient celles des anciens Maîtres : plutôt pour constater à quel niveau nous avons déchu. Notre seule voie, c'est la souffrance : souffrance de notre déchéance, de notre incapacité à comprendre les sciences spirituelles qui étaient celles des Anciens, de la disparition de tout enseignement et de toute religion authentique, de l'état du monde, de l'état des gens qui sont dans le haine de Dieu alors qu'ils se croient dans l'amour, de ne trouver nulle part aucun soutien mais seulement des faux prophètes... Cette situation désespérée nous désigne la voie, qui est d'ailleurs celle de beaucoup de saints, sinon de tous :"Tiens ton âme en enfer, et ne désespère pas". Au lieu de fuir cette souffrance, ce que font aujourd'hui tous les hommes, il ne nous reste plus qu'à nous y plonger. Au début, on n'y arrive pas, mais avec un peu de persévérance, l'abîme d'une souffrance métaphysique finit par s'ouvrir sous nos pieds. Or cet abîme ne peut s'ouvrir que par une grâce divine, notre déchéance ne peut véritablement s'éclairer que par une lumière surnaturelle. C'est ce que découvrent tous les grands malades qui n'ont plus d'autre ressources que de s'en remettre à Dieu, lâchés par la médecine. C'est au fond même de leur déchéance qu'ils trouvent Dieu. Mais nous n'avons pas à attendre que la maladie nous tombe dessus. Il nous suffit de méditer sur notre condition, et de prier pour que Dieu nous ouvre les yeux. Nous ne sommes pas capables de nous élever vers lui par notre ascèse, ni par la force de notre amour. En revanche, il peut nous élever vers lui en nous abaissant. C'est la voie que le Christ est venu montrer, il y a deux mille ans. Il n'est pas venu enseigner le yoga, les mantras, les pranayamas... mais la voie du pauvre type qui est abandonné de tous. Nous ne pourrons pas être plus abandonnés que lui. Comme l'a dit la théologien H. U. Von Balthasar, la souffrance du Christ est la mesure de toute souffrance humaine. Il est venu pour nous, non pas pour que nous chantions alléluia dans la joie d'une vie de bien-être, mais pour sanctifier notre souffrance.
Pour moi, je peux seulement dire que si je cherche à m'élever, je n'obtiens aucune sorte d'aide ni naturelle ni surnaturelle, la voie est barrée tout simplement. En revanche, si je demande à Dieu de m'aider, à sa façon, il me fait plonger infailliblement dans l'abîme surnaturel de la souffrance spirituelle. Si on n'est pas trop stupide, on finit par comprendre le message. Dieu est prêt à nous aider si nous suivons le Christ, c'est-à-dire si nous acceptons d'aller avec lui en enfer. Sinon, à nous de nous débrouiller. Pour avoir mis en pratique les techniques des Anciens et vu le résultat sur d'autres, je peux dire que cela ne fonctionne pas. Nous n'avons pas la capacité, il n'existe aucun maître pour nous les enseigner, et même si nous avions ces deux choses, j'ai vu la déchéance d'un Rinpoche tibétain qui avait atteint un bon niveau grâce à sa pratique et la transmission de ses deux maîtres. On peut aussi mentionner tous ceux qui enseignent le yoga aujourd'hui en Occident, même ceux qui ont eu des maîtres authentiques, et dont l'absence de réalisation nous démontre assez bien que c'en est fini de cette voie. En revanche, si l'on fait des recherches, on trouvera de nombreuses biographies de Saints très récents comme le Père Paisios ou Symphorose Chopin, qui n'ont apparemment rien à envier aux saints des premiers siècles. Et qui n'ont pas eu de maître. Alors ça fait peur, certes. Mais si l'on s'y met avec confiance, on constate qu'il y a une aide réelle.