Se mettre à la place des autres
Hier, nous étions chez la mère de E*, et j'ai vu à l'oeuvre toute la bêtise humaine. Mais surtout, l'on en voyait parfaitement l'origine, qui est l'histoire de la paille et de la poutre, qui est totalement inconsciente faut-il le préciser. L'argument qu'on nous oppose éternellement est toujours le même : si nous disons que quelqu'un de nous aime pas, c'est notre façon de voir les choses. Si ce quelqu'un prétend que nous insultons son amour, c'est la Vérité. Il y a donc l'opinion (qui est toujours de notre côté) et la Vérité (qui est toujours du côté de l'autre). En somme nous devrions tenir pour vrai tout ce que prétendent les autres et pour faux tout ce que nous pensons.
La logique voudrait que ce soit la même chose des deux côtés, mais la logique n'existe pas dans le cerveau humain.
Quand on commence à s'intéresser à la spiritualité, on pense que les voiles émotionnels sont des choses vraiment très difficiles à voir, et d'ailleurs on n'a pas la moindre idée de l'endroit où il faut chercher. Si quelqu'un était là pour nous montrer comment faire, on comprendrait tout de suite et ce serait facile, car il s'agit de choses très grossières et très visibles. Par exemple si on entre dans une église avec un chapeau et que le sacristain nous demande de le quitter, au lieu de crier au scandale, nous pouvons nous demander ce que nous dirions si quelqu'un entrait chez nous avec des chaussures pleines de boue. Et si notre femme nous apporte tous les jours une salade de fruits faite de ses mains, au lieu de trouver ça normal au bout de quelque temps, nous pouvons imaginer l'effort que ça lui demande et la remercier tous les jours. Ce n'est pas parce que le temps passe que la salade de fruits finit par se faire toute seule, ou qu'on la mérite davantage et qu'elle nous serait dûe pour une raison ou pour une autre. Ne parlons pas des repas ou de la lessive, qui ne nous sont pas dûs davantage.
On peut d'ailleurs constater que si on remercie les gens qui font des choses pour nous, et si on est content, ils continuent volontiers. Car au fond, quand on fait quelque chose pour quelqu'un d'autre, tout ce qu'on veut voir, c'est qu'il est content. Les femmes qui se sacrifient pour un type qui s'en fiche et qui ne voit rien ont beaucoup plus de vertu qu'on ne l'imagine.
Autour de moi, je vois des gens qui voudraient obtenir davantage des autres et qui ne sont pas très contents de leur sort. Ils ne se doutent pas une seconde qu'ils obtiendraient bien plus s'ils prenaient la peine de dire merci et d'être contents. Mais le problème, c'est qu'ils croient que tout leur est dû, alors forcément, les autres se découragent.