Connaître un Esprit de Dieu, c'est l'aimer
Nombreux sont ceux qui vont penser, suite à mon post précédent :"Moi je fais des efforts, je suis baptisé, confirmé, je vais à la messe tous les dimanches, je prie souvent, j'y crois dur comme fer, je donne aux pauvres, mais je n'ai pas l'impression que le Saint Esprit me donne plus de béatitude (cocher la bonne réponse) a) que ma femme qui est jeune et jolie - et qu'en plus je n'ai le droit de "connaître" que pour faire des enfants b) que mon petit ami qui m'adore c) que le plant de chichon que je cultive sur mon balcon. Alors qu'est-ce que je fais mal ?".
La réponse est : tout. Car l'Esprit de Dieu n'est pas radin. Son plus cher désir est de se donner à nous. Si donc il ne le fait pas, c'est, non pas que nous y mettons de la mauvaise volonté, mais que nous manquons de sensibilité et de conceptions justes.
Prenons un exemple simple. Aujourd'hui les anges sont très à la mode (autrefois aussi, d'ailleurs). Mais vous êtes-vous jamais demandé pourquoi on les représente avec des ailes ? Vous paraît-il logique qu'ils aient dans le dos des ailes à la semblance des pigeons, des colombes, des aigles ou des coqs ? A quelle fin ? Ce sont des êtres spirituels, ils n'ont pas à se soutenir dans des airs, on voit mal comment Dieu les aurait dotés d'appendices aussi encombrants à des seules fins esthétiques. Cependant, nous les imaginons avec des ailes, puisque c'est ainsi représenté sur toutes les fresques, et si l'on nous interroge à ce sujet, les plus malins d'entre nous dirons "c'est symbolique". Symbolique de quoi ? "Ils apportent de messages" m'a répondu un ami. Donc ce sont des sortes de pigeons voyageurs ? Premièrement, tous les messager ne ressemblent pas à des pigeons, deuxièmement, les anges ont beaucoup d'autres fonctions, arrêter les balles, couper les têtes sur les champs de bataille, conduire les âmes, matérialiser ou dématérialiser des objets...
Bref, tout ceci pour dire que nous ne réfléchissons à rien. Alors les anges ne sont pas chiens, ils nous répondent, mais combien mieux nous répondraient-ils si nous les concevions de façon plus adéquate ? Ce qui leur prouverait déjà que nous pensons à eux, que nous avons médité à leur sujet, et que nous essayons de connaître leurs qualités. En un mot, de nous connecter à leur esprit.
Il en va de même pour tous les Saints, et à plus forte raison de Jésus, Marie, Dieu... Si l'on regarde bien, les Saints sont ceux qui se sont réellement mis à leur place. A l'inverse, si l'on essaie de se mettre à leur place - c'est une capacité qui se travaille -, on finit par comprendre leur projet. Mais pour commencer, il faut commencer par cesser de considérer Dieu le Père comme une abstraction, ou comme une personne qui nous ressemble, car il n'est ni l'un ni l'autre. Si on le considère comme une abstraction, on ne comprend plus ni l'Ancien Testament, ni le fait qu'il ait pu envoyer un Fils, et si on le considère comme un être ordinaire, on peut vite penser que c'est un tyran. Certes, cela peut sembler une entreprise assez étrange que de se mettre en tête de comprendre Dieu le Père, pourtant cela éclaire bien des choses, notamment la nature de son amour pour nous. Après quoi l'on sait bien mieux à quoi s'attendre. Pour ce qui est de Jésus, de Marie et des Saints, nous devons également nous mettre à leur place. Quand nous méditons vraiment dans ce sens, l'aide surnaturelle nous est donnée pour comprendre certaines choses, et cette aide nous transforme, car la connaissance ne peut se faire que par identité. On ne peut comprendre Marie qu'en devenant semblable à elle, non pas globalement, mais sur le point précis que nous méditons, et l'on peut être certain que dans cette quête, elle nous aide. Qui par exemple s'est déjà demandé l'effet que cela fait d'être enceinte de Dieu le Père ?... En ce domaine, nous touchons rapidement aux limites de notre imagination, mais si nous insistons, nous obtenons des intellections, des sentiments et des sensations, qui témoignent de quelque aide surnaturelle.
Mais quel catéchisme nous a appris à méditer dans ce sens ? L'opuscule du Père Francis Volle qui témoigne de ses méditations sur Saint Joseph est d'une pauvreté affligeante. Le pauvre homme a passé des dizaines d'heures à méditer sur Saint Joseph, et le résultat est bien triste. Il n'a pas su comment s'y prendre. Et comment le saurait-il puisqu'il ne cherche pas à connaître le prochain qu'il a sous les yeux ? L'empathie que nous avons envers le prochain, la pénétration que nous avons de son âme, c'est la même que nous aurons envers les Saints. Si nous écartons notre prochain d'un revers de manche sans avoir la moindre idée de sa structure interne, nous allons écarter tous les témoignages des Saints, les ramener à nos propres motivations, sans avoir la moindre idée de ce qu'ils ont voulu exprimer au final. Pour pénétrer le plus sublime, il faut déjà avoir quelque connaissance du moins sublime. Il faut aussi avoir de l'aide. Mais dans le domaine spirituel, si nous savons nous rapprocher d'un être céleste, en l'aimant et en essayant de le comprendre par amour, il viendra à nous car c'est ainsi que fonctionnent les choses, par affinité. Si donc nous désirons unir notre âme à tel ou tel (comme cela arrive souvent entre les Saints), nous devons véritablement méditer sur celui ou celle que nous aimons.
Mais qui aimons-nous vraiment ? C'est la même question que : sur quoi sommes-nous véritablement capables de nous concentrer ?