Du rififi dans la paroisse
Un nouveau prêtre est arrivé dans notre paroisse, un polonais motivé qui répète à qui veut l'entendre qu'il est à la recherche du troupeau perdu (en référence à la brebis égarée, dans le cas présent c'est le troupeau qui s'est égaré). Il a l'air plutôt malin et déterminé. En effet, les responsables des catéchumènes nous ont confié que l'an dernier, leurs ouailles n'allaient pas à la messe et qu'ils étaient impuissants à faire changer cette situation - on se demande bien pourquoi ils veulent se faire baptiser. Renseignements pris, c'est soit "pour se marier à l'Eglise", soit parce que "on m'a demandé d'être parrain" : uniquement des bonnes raisons -. Quoi qu'il en soit le prêtre ne s'est pas découragé. Il a déclaré d'un air innocent qu'il était important de mettre en pratique, et que par conséquent il fixait les réunions de catéchuménat 1h avant la messe du dimanche, afin que les gens puissent lui dire leurs impressions après la messe. Personne n'a osé dire que ça n'était pas possible. Il faut dire qu'ils ne sont pas très nombreux non plus. Personnellement, en voyant cela, et l'encadrement qui brille par sa jeunesse et son dynamisme (un papi, deux mamies), je me suis demandé ce que je faisais là (en réalité, j'accompagne deux amis catéchumènes). Une semaine plus tôt, la réunion pour le baptême des enfants n'était pas mieux. Les gens font baptiser leurs enfants "pour qu'il ait un parrain s'il arrive quelque chose" (étant donné que cela n'a nulle valeur devant la loi, on ne comprend pas très bien) ou "par tradition, mais nous on n'est pas pratiquants". Ajoutons que "En tant que parents, qu'on fasse bien ou mal, on est rassurés parce qu'on sait que Jésus nous pardonnera, il pardonne tout". On se demande quand même qui est ce Jésus, qui pardonne plus facilement aux pécheurs non repentants qu'aux Saints (puisque ces derniers sont moins certains de leur salut que cette dame). Moi qui harcelais mon ange gardien depuis une semaine pour qu'il me donne quelque chose à faire qui plairait à Jésus, j'étais désespéré.
Heureusement, hier dans la voiture j'ai eu une idée. Je me suis dit que nous allions déposer dans les églises des textes pour réveiller un peu les gens. Pas le gloubi-boulga lénifiant qu'on entend tous les dimanches à la messe et qui n'inspire personne (pas la faute du prêtre, mais plutôt des directives d'après Vatican II), mais des textes mystiques qui parlent de miracles, d'anges, de saints transfigurés, bref des choses auxquelles plus personne ne croit aujourd'hui. C'est l'avantage de n'être personne. Nous avons donc déposé notre premier texte aujourd'hui (La Résurrection de Lazare de Maria Valtorta), et il y a eu deux "signes" si j'ose dire. Hier j'ai commencé une neuvaine à Saint Michel (alors que je voulais en faire une autre) et en arrivant dans l'église (qui n'était pas l'église habituelle, la messe ayant été déplacée) il y avait un grand tableau de Saint Michel derrière la porte. Ensuite l'Evangile du jour portait sur la mort de Lazare entre autres.
Je ne compte pas sur nos efforts ni sur nos textes pour convertir qui que ce soit, car quand les cerveaux sont mal configurés, tous les morts de la région pourraient ressusciter, personne ne deviendrait croyant pour autant. En effet, ce n'est pas le miracle qui produit la foi, mais une reconfiguration des cerveaux par le Saint Esprit. Nos efforts viseraient donc plutôt à attirer l'attention du Saint Esprit afin qu'il soit un peu plus actif dans la région.