L'aventure intérieure (Darpan) (lettres de la planète terre)
(Notes personnelles)
Mon insatiable curiosité m'a fait commander le livre de Darpan L'aventure intérieure que j'ai reçu ce matin. Je viens de le remettre en vente sur Amazon, assorti du commentaire suivant :
"En ce qui me concerne, j'ai trouvé ce livre d'une affligeante pauvreté. Dans la mesure où il était écrit quelque part sur son site ou sur son blog qu'il avait tenu un journal pendant 15 ans, je m'attendais à ce qu'il décrive son parcours personnel, avec tout l'intérêt que cela peut avoir, car chacun peut nous apprendre quelque chose à travers son parcours. Malheureusement, il ne fait rien d'autre qu'établir des généralisations à partir de son parcours, ce qui est la chose la plus inutile qu'on puisse imaginer. En effet, en décrivant un parcours à l'aide de concepts, on incite le mental du lecteur à se faire une représentation de chaque étape, non à la vivre. En sorte que n'importe qui pourra s'imaginer connaître ce qu'il décrit, rien de tout cela n'étant empli par la moindre substance, qui ne peut être donnée que par l'expérience. Il ne nous fait partager ni son parcours, ni ses difficultés, ni ses doutes. On ressort de cette lecture complètement vide, et vidé par une succession de mots qui en tant que concepts abstraits mis bout à bout ne veulent finalement rien dire. Il a beau prétendre que tout cela provient de son expérience, c'est sans doute vrai pour lui qui sait quel sens associer à ses propres mots, mais nous, nous l'ignorons. Par exemple dire "il n'y a plus de séparation entre extérieur et l'intérieur", cela veut tout dire et rien dire si on ne se donne pas la peine d'expliciter avec des exemples précis. N'importe qui peut s'imaginer qu'il vit la même chose. D'ailleurs le peu qu'il indique à ce sujet ne semble pas montrer qu'il en a une expérience très profonde, ceux qui sont habitués à la lecture des mystiques pourront s'en rendre compte. Il se prétend sorti du samsara alors qu'il a toutes les chances de se réincarner dans les mondes du sans-forme d'après ses descriptions de la vacuité. Il parle de feu, mais il s'agit clairement d'un feu froid. Hier, je lisais la conférence d'un Père orthodoxe qui expliquait que ce qui vient de Dieu est chaud et communique de la chaleur. Ce livre n'en communique aucune, il communique une conception de la vacuité qui est nihiliste, et qui culmine d'ailleurs dans la seule expérience personnelle qu'il daigne nous livrer. Pour lui, "l'expérience zéro" est un néant sans fond, un rien. Non seulement il n'a jamais fait l'expérience de la rencontre personnelle avec Dieu, mais on se demande s'il a jamais eu l'expérience réelle de sa face impersonnelle, qui est la claire lumière.
De cette vue erronée découlent une farandole de propos dont un enfant de cinq ans percevrait l'inanité, par exemple le fait que lorsqu'il quitte une personne, elle n'existe plus, puisque tout est l'instant présent. Ce qui signifie clairement que pour lui, une personne se résume à sa présence physique, sinon on ne voit pas bien ce qui empêcherait un autre d'être présent dans notre esprit, de même qu'un père spirituel peut voir en esprit tous ses enfants même ceux qui sont à l'autre bout de la planète. Le problème, c'est que pour Darpan, il n'y a pas d'autre, il n'y a que lui. Il ne sait que parler d'amour impersonnel, mais l'amour impersonnel, ça n'existe pas. Ce qui est impersonnel, c'est la béatitude, l'ananda. Mais l'amour, c'est toujours celui d'une personne pour une autre. Il ne peut pas connaître cet amour, puisqu'il estime que ce qui est personnel est forcément mauvais. Alors que le christianisme, mais pas seulement, nous enseigne que l'on ne peut demeurer en Dieu que par une union personnelle, et que demeurer dans sa face impersonnelle conduit à un suicide spirituel. "L'unification est une sorte de leurre dans lequel le serviteur, absent de lui-même l'est aussi à Dieu et perd dans l'illusoire proximité de l'unification l'unicité qu'il entend affirmer. (...) Il faut échapper à l'unification parce que dans cette station le mystique est réduit à l'égoïté divine, et que c'est une sorte d'illusion. (...) Le don de l'égoïté qui fait suite à la stupeur est désigné comme une duplicité, ou une imposture" (Introduction à l'Itinéraire des Esprits, de Rûzbehân Bâqli Shîrâzî)"