Ego
Je remonte ici 2 commentaires de Chat des Sables :
Ry : "Une fois, C* Rinpoche nous avait raconté que pendant plus d'un an, son maître n'arrêtait pas de l'accuser des erreurs des autres."
J'ai observé le même jeu avec R*, le bramachari qui joue de l'harmonium pour A* : pendant peut-être deux ans, le jeu a duré : à chaque fois qu"elle-même se plantait dans les bhajans, elle l'en accusait publiquement. Pendant tout ce temps il n'a jamais bronché, il ne se déstabilisait pas non plus. Depuis, ce jeu s'est arrêté. Il est difficile de concevoir le mérite qu'il y a à accepter ce genre d'apparente injustice. Tout le monde en lisant les histoires qui racontent ça sur les maîtres et leurs disciples, se dit : "j'en serais aisément capable, moi je comprends!", mais j'ai vu ce genre de jeu autour d'A* se produire souvent et il n'y a que R* qui a toujours gardé le sourire. Les autres, au moment où ça leur tombe dessus se rebellent immédiatement, tout leur corps exprime le refus (donc le corps énergétique aussi) même si ils crient sur tous les toits qu'A* est leur Guru et qu'elle est omnisciente, omnipotente, pleine de compassion etc.
Ry : "Si un pratiquant sérieux rêvait de justice, on lui rendrait service en l'accusant de fautes qu'il n'a pas commise"
En fait le pratiquant "sérieux" se réjouirait du fait que Dieu lui-même est en train de détruire son karma et ne verrait que félicité dans le fait de se faire ainsi accuser. Il en serait très sincèrement extrêmement heureux et plein d'une extrême gratitude, et ce immédiatement et en direct (pas après réflexion!). Le pratiquant "presque sérieux", lui, accepterait, mais parce qu'il aurait assez foi en sa propre compréhension intellectuelle pour mettre en pratique vraiment le détachement à ce moment là, même s'il souffre de ces accusations injustes. Plus il est sérieux plus son contrôle est rapide de sorte que l'ego ne s'exprime pas du tout à ce moment là, mais pour ce pratiquant, il est quand même nécessaire de faire appel à l'intellect pour garder ce contrôle.
Les autres, nous, ceux dont l'ego se rebiffe toujours, persuadés que "oui mais là c'est pas pareil, c'est *vraiment* injuste" sont comme des malades qui ont besoin d'une piqure pour guérir mais qui au lieu de laisser faire le docteur courent tout nus dans le jardin autour de l'hôpital en hurlant comme des demeurés.
Le maître, lorsqu'il met en place ce genre de jeu, détruit en vérité le karma de milliers de vies en seulement quelques instants, mais à la seule condition que le malade ne lui claque pas la porte au nez. Il est donc très triste lorsque le patient se rebiffe et rate l'occasion de se délester ainsi rapidement de ce qui le torture. En fait, pour le maître, il est très facile de voir où ce type de karma s'accumule car le patient l'exhibe lui-même sans le savoir (voire justement en essayant de le cacher). Il n'y a pas besoin d'un Bouddha parfaitement réalisé pour cela : durant mes anciennes discussions avec Ry par eMail, il faisait cela très bien avec moi, et seulement plus tard, je me suis aperçu à quel point cela devait être facile pour lui tant c'est moi-même qui montrais les zones malades en clamant que tout allait bien. C'est une excellente chose d'ailleurs que le patient ait l'honnêteté de clamer ainsi ses revendications, cela permet de travailler ; avec ceux qui restent planqués et refusent de se livrer c'est bien plus difficile. Je précise cela pour ne pas que Petit Renard se dise "j'aurais mieux fait de me taire", mais à lire ses dernières interventions, je crois qu'il est conscient de tout ça. A l'époque de mes discussions par mail avec Ry, si les discussions avaient été publiques comme ici, je crois que je n'aurais pas supporté donc je suis assez admiratif.
Précision : dans mes discussions avec Ry, je ne prétends pas qu'il m'accusait des erreurs des autres, mais ce que je percevais au fur et à mesure c'est qu'indépendamment de fait que j'ai raison ou tort, il tapait là où il y avait de l'ego. Que j'ai raison ou tort, en fait, Ry ne le percevait même pas, parce que cela ne l'intéressait pas : la seule chose qui l'intéressait était que je me libère de ce qui me torturait - or cela il le voyait très bien et autant que je puisse en juger avec le recul actuel, je crois qu'il ne s'est jamais trompé et que son aide a été extrêmement précieuse, bien plus que je pouvais l'imaginer durant le douloureux processus.
Effectivement, il n'y a pas besoin d'être omniscient pour détecter l'ego chez les gens, tout le monde le détecte. Ce qu'il faut noter, c'est que la plupart des gens le détectent inconsciemment, et soit l'évitent pour conserver de "bonnes" relation, soit rentrent dedans pour provoquer un sketche (en général une scène de ménage). Comme le disait un jour Karl Renz "Si tu crois que tu n'a plus d'ego, prends une femme". J* me racontait que ses copines arrivaient tout le temps à le faire craquer, qu'il n'y avait pas moyen de garder sa sérénité une fois qu'elles avaient décidé de le rendre fou. (Pour résumer, ça se présentait toujours selon le même schéma : par exemple la fille dit qu'elle ne peut plus le supporter et qu'elle va dormir dans la salle de bains, et le lendemain, elle lui dit qu'il est un monstre qui la fait dormir dans la salle de bains). Ce genre de détection insconsciente n'amène pas à grand chose, sauf chez celui qui sait en faire usage pour son propre perfectionnement. Ce qui est plus intéressant, c'est évidemment de détecter la chose consciemment, ce qui permet éventuellement d'en décrire le mécanisme précis. On notera aussi que dans les sanghas, il est de règle que les maîtres utilisent l'inconscient des uns pour rendre les autres fous. Comme ça ils n'ont pas à faire tout le travail eux-mêmes. Ils peuvent aussi donner des ordres contradictoires pour le seva, apparemment ça arrive souvent chez A*.