Réalisations
S'il est tellement facile de s'égarer en spiritualité, c'est que la réalisation est toujours décrite en termes symboliques, ou en termes qui n'ont pas de sens. Un terme qui n'a pas de sens pour nous c'est "corps illusoire", assorti de toute la liste de ses caractéristiques, par exemple, "tel un écho", ou "tel une cité de mangeurs d'odeurs". Par ailleurs il s'agit également d'une description symbloique, ce qui n'arrange rien. Il en va de même pour les autres définitions de la réalisation qu'on peut trouver. Par exemple "voir Dieu partout". Ou "aimer tous les êtres". C'est très vague et n'importe qui peut mettre tout ce qu'il veut là-dedans. Ce qui manque, ce sont des critères clairs. Par exemple, si l'on dit qu'il faut rassembler les gouttes dans le canal central, peut-être que ça n'a guère de sens au premier abord, mais au moins c'est un critère clair pour autant qu'on soit capable d'identifier les éléments en jeu.
Par exemple, Bertrand disait l'autre jour qu'il pense qu'avec Amma, les disciples réalisent à la mort. Sans doute parce qu'elle a dit que les gens venaient se fondre en elle. A mon avis, tout cela mérite d'être investigué. Par exemple, qui se fond en qui ? Qu'est-ce que ça veut dire pratiquement parlant ?
"un disciple se fond en Amma", c'est ce que j'appelle une vision symbolique, ou aucun terme n'est clairement défini.
Si l'on veut définir clairement els choses, on se référera aux élements de physiologie subtile communs au bouddhisme, à l'hisndouisme, et je pense aux autres traditions, même si c'est sous des noms différents et avec une classification éventuellement un peu décalée. Mais il y a des choses qu'on ne peut pas nier. Par exemple qu'il y a 5 élements, qu'il y a 5 sens, que l'embryon naît d'un spermatozoïde et d'un ovule, qu'il a une âme etc.
La physiologie bouddhiste est je pense la même que la physiologie hindouiste. Il y a 10 souffles, qui portent 10 consciences, un canal central, des canaux de gauche et de droite, une multitude d'autre canaux, un certain nombre de chakras, des gouttes rouges et blanches (bindus), une âme, composée d'un vent très subtil monté par un esprit très subtil, qui est "immortelle", où sont gravée les karmas, et qui se réincarne de vie en vie etc... De là, on voit déjà que l'âme du disciple ne se fondra pas en celle d'Amma, car ces deux choses sont disctinctes et immortelles. Ensuite on peut éventuellement dire que le disciple devient un avec l'espace absolu (le brahman). Examinons ce que cela suppose. Je ne connais pas les explications de l'hindouisme à ce sujet, mais le bouddhisme est très clair : pour obtenir cela à sa mort, il faut l'avoir approché de très près un grand nombre de fois dans sa vie, sinon il sera impossible de le reconnaitre à la mort. Pour s'en approcher à ce point, il faut avoir purifié ses souffles subtils, mais surtout ses gouttes, car sinon on n'obtiendra que des états très éloignés (le mécanisme n'est pas très simple à expliquer, tout est dans Claire Lumière de Félicité). Amma se charge de purifier les vents du disciples, mais elle ne purifie pas leurs gouttes, car c'est une affaire beaucoup plus complexe (si l'on connaît soi-même leur fonctionnement et les signes de leur purification, il suffit d'interroger les disciples pour ne retrouver rien de tel dans ce qu'ils racontent. Il y a également des signes physiques de leur purification) . Elle ne leur donne pas non plus les moyens de le faire, puisqu'elle ne mentionne jamais leur existence et n'explique rien à leur sujet. Il faudra donc en déduire que la réalisation qu'elle promet consiste simplement à amener les gens dans sa terre pure, le temps qu'ils se remettent des traumatismes du samsara, avant d'y retourner, car une fois mort, il est impossible de progresser et donc d'atteindre l'état de bouddha. Cela ressemble aux affirmations comme quoi Shardza Rinpoche le jour où il est parti en corps d'arc en ciel a libéré 3000 moutons destinés à l'abattoir. Il est évident qu'il ne les a pas transformés en bouddhas.
Ce ne sont évidemment que mes réflexions personnelles. Mais à mon avis, la question que devrait se poser le disciple d'Amma, serait : quelle réalisation va-t-il atteindre réellement ? Par quel mécanisme ? Sera-t-il obligé de revenir dans le samsara pour finir le boulot ?
Par ailleurs, comme je le disais à Bertrand, s'il est réellement connecté à l'esprit d'Amma, elle devrait lui révéler intérieurement la clé de voûte de la pratique, et de toute alchimie interne, ce qui permet de transformer le corps en lumière et de ne pas perdre son temps en imaginations : comment purifier l'essence du corps physique, à savoir les gouttes. La seule mention indirecte que j'aie jamais vu dans ses enseignements est "Quand la kundalini monte, il y a une très grande chaleur dans le corps du disciple". C'est tout. Ensuite elle devrait encore indiquer les signes de dissolution des souffles, et comment être certain qu'on a atteint une claire lumière qualifiée (samadhi), qui va avoir le pouvoir de transformer le corps en lumière. Il ne suffit pas de s'évanouir à moitié, de voir des éclairs, de se sentir en paix ou que sais-je. Bref.
Il en résulterait un certain nombre de propos qui seraient différents de ce que j'ai lu. Par exemple, Bertrand a écrit que le plaisir ressenti lors des unions venait de mérites accumulés dans des vies précédentes qui étaient ainsi gaspillés. C'est une description symbolique, qui est tout à fait imprécise, et partiellement fausse. Le plaisir ressenti des unions ordinaires provient de la fonte des gouttes en dehors du canal central. Dans ce cas elles sont gaspillées. Mais si on sait les faire fondre dans le canal central, elles sont au contraire régénérées et se transforment peu à peu en lumière. Ce qui fait une sacrée différence.
Donc dans un cas, on se maintient loin des unions en se disant que c'est très mauvais, dans un autre cas on réalise qu'on tient là un puissant moyen de réalisation. Si on est capable de l'utiliser. C'est toute la différence entre un discours symbolique qui ne comprend pas le mécanisme réel des choses, et le discours qui s'attache à trouver le sens réel.
Que je ne "connaisse pas la voie dévotionnelle" (soi-disant) est de peu de conséquences. Voie dévotionnelle ou pas, le corps subtil est le même. Il suffit de lire Sainte Thérèse d'Avila, qui décrit différentes sortes de claire lumière, avec de nombreux signes, ainsi que d'autres signes qui montrent une transformation effective de son corps physique en lumière. Qu'elle ne soit pas arrivée au bout et n'ait pas fini en corps d'arc en ciel est une chose, mais d'après ce qu'elle dit, elle était quand même bien avancée. Et sa voie est totalement dévotionnelle, elle n'a jamais fait de yoga de sa vie. Il n'empêche que tout est strictement identique à quelqu'un qui ferait une sadhana yogique.
J'espère que Bertrand ne m'en veut pas...