Cette nuit j'ai retrouvé unn certain nombre de
Cette nuit j'ai retrouvé unn certain nombre de souvenirs d'enfance, et il m'est apparu que le problème qui s'est posé, ça n'est pas tant que mes parents ne m'aient pas aimé comme il aurait fallu, c'est qu'ils menaient une vie réellement stupide et sans intérêt, complètement samsarique. Par exemple je me suis souvenu d'un certain nombre de perceptions de petit enfant, notamment un rapport assez spécial avec les matières et le sol. Le dessus du canapé était dans une matière pelucheuse particulièrement fascinante, et je me suis souvenue que je faisais du trampoline sur mon lit, ou encore que je me vautrais avec application sur le parquet. Le sol était mon univers autant que le reste, et à part le carrelage de la cuisine, je l'aimais bien. Je me souviens aussi du faut que les odeurs étaient fortement ressenties. Quand nous allions à la campagne, l'odeur de la voiture était marquante, et surtou l'odeur de l'herbe quand nous arrivions, qui était beaucoup plus haute que maintenant (forcément puisque j'étais petite). En grandissant on quitte l'univers du sol et des dessous de table pour entrer dans un univers beaucoup plus en hauteur. Tout ça pour dire que je me suis souvenue d'un univers sensoriellement riche et coloré, mais dénué de sens en réalité, au niveau spirituel. Si mes parents m'avaient aimée "correctement", peut-être que j'aurais gardé cette sensibilité qui est de l'ordre du vital, mais cela n'aurait pas introduit plus de psychique dans mon univers qui en était totalement dénué, c'est-à-dire que je ne perçois là-dedans nulle cause de bonheur. Plus je remonte le long des souvenirs, plus il est vitalement riche et plein d'impressions diverses, mais d'un bout à l'autre c'est un néant spirituel. Je me demande vraiment ce que Petit Renard entend par relation psychique, par rapport à ses amis d'enfance, ou à d'autres relations. Quand j'étais petite, j'avais plein d'amis, je m'en suis toujours fait très facilement, dès que j'arrivais quelque part, je trouvais immanquablement quelqu'un avec qui fusionner, et on restait meilleurs amis tout le temps que les choses pouvaient durer. Je veux dire que ça n'était pas quelque chose de superficiel, comme ces gens qui ont plein d'amis vagues, il y avait toujours une personne précise sur qui ça se concentrait et avec qui je restais collée en permanence, donc si j'ai manqué de parents, on ne peut pas dire que j'aie manque de meilleurs amis avec qui c'était toujours assez parfait, au sens où on ne se disputait pas, il n'y avait pas de jalousie ou autres émotions perturbatrices. Pour autant ça n'avait rien de psychique au sens où je l'entends.
Je me souviens encore du balcon de ma grand-mère à Nice avec ses géraniums, le ciel bleu, et le sol en petits carrés marrons, c'était un endroit magique, c'est-à-dire qu'il était sensoriellement magique, mais pour le reste il était vide. Que la sensibilité ait déserté les lieux magiques avec le temps, c'est une certitude, mais le souci, c'est qu'ils étaient vides à l'origine. C'est l'accablante évidence que j'ai retrouvée dans mes souvenirs, et ça correspond à ce que disent les textes tibétains, lorsqu'ils disent que le canal central se ferme à la naissance chez l'individu ordinaire, et ne se rouvre plus. Je ne vois pas en réalité ce qui aurait pu empêcher cela. D'ailleurs, si je cherche dans mes souvenirs quelque chose qui ressemblerait à ce que j'ai découvert avec tummo, je ne trouve rien de rien. Et d'ailleurs si j'en cherche un écho chez les gens vitalement heureux, je ne trouve rien non plus. Par contre la reconnaissance est instantanée avec certains moines tibétains (je ne veux pas dire qu'ils reconnaissent quoi que ce soit en moi, mais plutôt que je reconnais en eux l'essence de ce que j'ai trouvé dans la pratique).
La question que je me pose donc, c'est pourquoi les quelques autres personnes ayant pratiqué tummo que je connais ne se sont ps appliquées à développer cela de toutes leurs forces. Je me demande au final si on a eu la même expérience, ou si elle s'est moins gravée chez eux. Il faut aussi préciser qu'avec mon mix de méthodes perso, j'ai obtenu peut-être quelque chose de presque "qualifié", que le débutant n'obtient pas normalement. Une expérience qualifiée, c'est une fonte de gouttes dans le canal central associée à l'expérience de la vacuité résultant de la dissolution au moins des 4 vents grossiers. Ce qui laisse une trace physique forte, ensuite c'est forcément vers cela qu'on se dirige, on ne peut pas le confondre avec autre chose. Evidemment il y a des degrés, mais je commence à penser que ceux qui ont eu cette expérience de manière un peu répétée se reconnaissent car ils vont forcément développer l'esprit du bodhisattva, non pas à partir d'idées de l'esprit, mais à partir d'une expérience de béatitude non conceptuelle. Et à mon avis aucun amour parental ne peut donner ça à qui que ce soit.
Le vrai psychique je pense naît sur cette base, en tous cas je le constate avec Petit Elfe. Son corps a gardé une grande partie de la sensorialité de l'enfance, mais encore faut-il y introduire des vents surnaturellement purs (ce qui est possible puisqu'il est ouvert), sinon il ne se passera rien de spécial. Ce qui permet ensuite des connexions spéciales, qui n'ont jamais eu lieu avec le moindre de mes amis d'enfance, et dont j'ignorais tout à fait que c'était possible avec autre chose que des êtres d'engagement.
Au final, je pense que la réalisation consiste simplement à relier l'extrémité de tous les canaux avec le centre, ce qui n'est évidemment possible que si on peut ressentir ses canaux. Mais encore faut-il que le centre soit ouvert. A partir de là il n'y a aucune différence qualitative entre une expérience "sexuelle" et n'importe quelle autre expérience, puisque dans tous les cas il s'agit de relier les extrémités au centre. Il se trouve seulement que certaines zones du corps sont plus innervées et plus proches du canal central, et sans doute plus riches en gouttes, en sorte que le processus de tummo est déclenché plus fortement. Mais en réalité, chaque expérience répond exactement au même mécanisme. Si on explore systématiquement la surface du corps (puisqu'il paraît que tous les canaux aboutissent à la surface), on se rend compte que certaines zones sont reliées au centre, d'autres sont sensibles mais non reliées, tandis que d'autres encore sont peu sensibles. Je pense que chez le nourrisson tout est sensible mais non relié, puisque le canal central est fermé, ce qui veut dire qu'à terme c'est de toutes façons condamné à dégénérer. Du coup certaines réflexions de Janov s'expliquent, par exemple le fait qu'une sensation n'est pas quelque chose de très grand, et encore moins d'infini. Reliée au centre, s'est susceptible d'augmentation infinie, mais non reliée, ça n'est pas plus que ce que c'est.
Il est donc bien évident que pour élever un bodhisattva il ne suffit pas de l'allaiter et de répondre à tous ses besoins de nourrisson, et de petit enfant. Il faut d'ailleurs se méfier du fait que si la souffrance peut faire exploser le "moi", je pense que le bliss aussi, et que l'enfant ne peut gérer ni l'un ni l'autre. Sauf si l'enfant est un grand pratiquant, né déjà relié.