Un peu de contre-publicité : KAP
Vous avez peut-être entendu parler du KAP, Kundalini Awakening Process, du Dr Morris, qui est devenu une juteuse source de revenus pour ses élèves. Nous avons voulu savoir ce qu'il y avait là dedans, et nous nous sommes donc débrouillés pour le savoir. Nous pouvons donc vous dire que ça ne vaut pas l'investissement.
La méthode est simple : on prend un peu partout diverses méthodes pour ouvrir soi-disant les chakras, et une fois qu'on a pratiqué ces méthodes avec un succès très relatif, on fait une méditation guidée du 1er au 7è chakra, ensuite on tartine d'orbite microcosmique et de "secret smile" ("a very powerful technique, you know") pour couronner le tout. Et voilà.
Ils sont allés chercher des techniques faciles un peu partout, mais toute technique ne valant que celui qui la pratique, vous n'y trouverez que ce que vous y mettrez. Et comme elles sont faciles, elles n'incitent pas à développer des capacités que l'on ne possède pas. Les techniques les plus intéressantes sont celles que l'on n'arrive pas à faire, dans la mesure où elles obligent à un progrès. Par exemple si l'on veut jouer un morceau de Liszt au piano, il va falloir apprendre le piano, et pas juste un peu.
En matière de "techniques" spirituelles, il en existe de deux sortes : les apparemment faciles et les apparemment difficiles. Les secondes ne sont pas forcément plus efficaces que les premières, mais au moins, on se rend compte tout de suite qu'on n'est pas à la hauteur. Avec les premières, au rang desquelles on pourrait mettre le japa, par exemple, on peut les pratiquer pendant des années sans percevoir les profondeurs vertigineuses qu'elles recèlent.
Pour ce qui est de KAP, les techniques qu'ils donnent sont faciles, et assez peu vertigineuses. Certes, au final, on peut toujours trouver Dieu en tout, et aussi dans KAP, mais disons que dans KAP il ne se donne pas avec une grande évidence, surtout de la façon dont c'est formulé. L'imaginaire utilisé est un imaginaire ordinaire, c'est du rêve éveillé, et les techniques énergétiques sont principalement tirées du chi qong. On dirige sa respiration, on "sent" le chi, on fait quelques mouvements de chi qong, on imagine le ciel, l'océan... on visualise des couleurs, on évoque des sentiments... bref, on ne voit pas trop d'où va venir le progrès, dans la mesure où l'on ne fait appel à aucun élément transcendant d'une part, et où on ne se heurte jamais à ses propres limitations d'autre part.
Illustrons notre propos :
1) dans la méthode de l'oraison explicitée par Saint Pierre d'Alcantara (l'un des "maîtres" de Thérèse d'Avila), on médite par exemple sur des épisodes de la vie de Jésus. A la base, il s'agira d'imagination ordinaire. Mais c'est une imagination qui ouvrira sur quelque chose de transcendant, et qui par un effet de transmissions successives, va devenir de l'imaginal, pour déboucher éventuellement sur le Suprême. Aurobindo dirait que l'oraison fait appel à l'être psychique (l'âme), le pousse à se manifester, et à croître, en s'aidant du vital et du mental. Si par exemple j'évoque la Passion du Christ, le vital trouvera son compte dans l'aspect dramatique, terrible, émouvant, merveilleux... de la chose, et le mental pourra y adjoindre les commentaires des Saints et les enseignements qui existent à ce sujet. Et comme tout ce qui sera évoqué portera très fortement l'empreinte de l'être psychique, le nôtre va se développer en conséquence, par transmission de la "vibration".
2) dans les méthodes très techniques comme les pranayamas ou le yoga, c'est à ses propres limitations qu'on se heurte. On ne peut tout simplement pas faire l'exercice correctement, ni obtenir l'effet qu'on est censé obtenir. C'est normalement la source d'interrogations et de recherches. Qu'est-ce qui ne va pas ? Comment progresser ? Plus le recherche est ardue, meilleur sera le résultat. (Pour notre part, nous avons travaillé pendant des années sur une technique qui n'était totalement pas à notre portée. Nous avons dû inventer une voie, créer notre religion personnelle - avant de découvrir que c'est exactement ce qu'Aurobindo préconise).
Malheureusement, KAP ne fait pas appel à l'être psychique mais uniquement au vital et (un peu) au mental. En conséquence de quoi on peut constater que les instructeurs ont un vital puissant, mais qu'ils n'ont pas dépassé ce domaine. Ils n'évoquent rien de transcendant, rien de surnaturel au sens chrétien, c'est à dire rien de véritablement spirituel.
Maintenant, si vous êtes à la recherche de techniques d'agrément qui vont vous faire vous sentir bien, vous pouvez tout à fait aller dépenser 600$.