Calendriers et compassion (la polonaise folle)
Dans les retraites (ici Shenten), on rencontre des gens étonnants. Par exemple cette jeune femme polonaise, pauvre, qui vend des calendriers bouddhistes pour payer sa retraite. Cette année, les organisateurs lui ont interdit de continuer, entre autres pour des raisons fiscales. En effet, si vous allez dans un lieu appartenant à une association et que vous y montez votre petit bizness, tous les bénéfs sont pour vous et tous les risques sont pour l'association. Bref, moi et Alix on n'était pas au courant, donc quand on la voit arriver, on lui achète quelques trucs, comme l'année précédente. A ce moment arrive la responsable de l'association qui lui dit qu'elle ne veut plus de son bizness etc... Sur le coup je trouve ça un peu injuste qu'une pauvresse ne puisse pas payer sa retraite parce qu'elle est pauvre.
Mais en fait, la réalité était toute différente. Le soir-même, notre pauvresse est allée voir le Khempo avec l'intention de le manipuler pour qu'il l'autorise à vendre ses trucs. De mon point de vue il l'a vue venir grosse comme une maison, et cependant il lui a dit "oui", pour des raisons que nous ignorons. Oui pas pour vendre son matos, mais pour que l'assoc le lui rachète et le vende elle-même. Quoi qu'il en soit, le lendemain matin, les calendriers disparaissent mystérieusement de la circulation, ainsi qu'une peinture qu'elle avait affichée dans le temple. Moi et Alix lui signalons que ça n'a rien d'étonnant dans la mesure où, lorsqu'on se heurte de manière frontale à une opposition et que l'opposition est "vaincue", elle passe dans l'invisible, et il peut ensuite se passer des choses très bizarres. Et là, imaginez-vous qu'elle nous accuse d'avoir entretenu des pensées négatives, qui seraient causes de ses ennuis !... elle me fait regretter de lui avoir acheté des calendriers. De plus, nous apprenons qu'elle n'est pas venue pour recevoir des enseignements et des bénedictions, mais par "compassion". En effet, nous dit-elle "pourquoi viendrais-je écouter des enseignements que je connais déjà ? Si j'avais voulu rester tranquille, je serais restée chez moi, au lieu de venir chercher des ennuis ici. Mais je suis venue, par compassion".
Dans cette perspective, on comprend mieux le point de vue des organisateurs. Si quelqu'un vient pas compassion, en fin de compte peu importe qu'il puisse ou non payer sa retraite. S'il peut payer, c'est bien, et s'il ne peut pas, il repart, et il va dispenser ailleurs ses bénédictions. De toutes façons, il y avait déjà un bouddha dans le lieu, pas besoin qu'il y en ait deux. On n'imagine pas Amma venant aux réunions de Ma Ananda Moy pour y dispenser ses bienfaits en se faisant passer pour une disciple.
(PS : les calendriers et la peinture sont finalement réapparus)